Atteinte à la liberté de la presse : 3 journalistes condamnés à Conakry

Après de multiples renvois, le tribunal de première instance de Kaloum a enfin rendu sa décision sur le procès des journalistes de la radio privée Nostalgie FM. La juridiction a condamné Thierno Madiou Bah, Ibrahima Sory Lincoln Soumah et Sidi Diallo à deux mois d’emprisonnement assortis de sursis et à 500 000 francs guinéens d’amende, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

 

C’est la fin d’un dossier qui aura duré plus de deux ans au tribunal de première instance de Kaloum. Depuis septembre 2018, ces trois journalistes étaient poursuivis devant cette juridiction par Marie Luise Barry, la directrice générale du Groupe scolaire Saint Joseph de Cluny pour des faits de « diffamation, dénonciation calomnieuse et injures ». Leur seule faute est d’avoir reçu dans la célèbre émission « Africa 2025 » de la radio Nostalgie, un enseignant qui était en service dans ce groupe scolaire, et qui avait dénoncé les conditions de travail dans cet établissement.

 

Tout au long de la procédure, Thierno Madiou Bah, Ibrahima Sory Lincoln Soumah et Sidi Diallo, avec l’appui de leur avocat, ont cherché à démontrer leur innocence. Mais, cela n’a pas empêché le tribunal de les condamner à deux mois d’emprisonnement assortis de sursis et au paiement d’une amende de 500 000 francs guinéens chacun. Nos confrères sont condamnés également à payer solidairement un franc symbolique à la partie civile. Une décision jugée injuste par leur avocat, maître Salifou Béavogui, qui promet de l’attaquer devant la Cour d’appel de Conakry.

 

« C’est un recul du droit dans notre pays de condamner de paisibles journalistes qui font professionnellement leur travail. En réalité, si des poursuites devaient être engagées dans cette affaire, ça serait contre l’enseignant. Mais, comme ce qui est à la mode aujourd’hui c’est le trimballement facile et rapide des journalistes devant les tribunaux qui n’hésitent pas le plus souvent à infliger des sanctions pour essayer de décourager les journalistes qui veulent exercer librement leur profession, mes clients ont été poursuivis, jugés et condamnés.

 

Pourtant, on s’est déployé au tribunal et on a prouvé leur innocence avec toutes les preuves. La décision dans cette affaire a connu tellement de renvois que nous-mêmes, nous sommes rendus compte que le tribunal avait des difficultés de la rendre. Nous ne sommes pas convaincus, nous ne croyons pas à cette décision, quant à sa sincérité. Et dès demain matin, nous relèverons appel contre cette décision qui ne repose sur aucune base légale », a annoncé l’avocat.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel : 622919225

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