Bafing (Mamou) : un vieux bac à motricité humaine relie Tégueréyah à Saramoussayah

Vieux d’une soixantaine d’années et placé sur le fleuve Bafing, le bac qui relie les sous-préfectures de Téguéréyah et Saramoussayah (dans la préfecture de Mamou) est en piteux état. En plus de sa vétusté, ce large plateau flottant qui sert de traversée aux populations est dépourvu de moteur. Aujourd’hui, il fonction à l’aide d’une motricité humaine. Il est tiré sur près de 100 mètres de large par des jeunes d’une force redoutable. Et, avec les grandes pluies qui s’annoncent, cette rude manœuvre risque de s’estomper. Le bac pourrait alors être immobilisé ; et, Tégueréyah sera inévitablement coupée du reste de la préfecture de Mamou, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La sous-préfecture de Tégueréyah se trouve à environ 135 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Mamou. C’est une zone habitée essentiellement par une population à vocation agropastorale. Pour y accéder, on passe par la sous-préfecture de Saramoussayah. Les deux localités sont séparées par le fleuve Bafing (une rivière de la Guinée et du Mali qui conflue avec le Bakoye pour donner naissance au fleuve Sénégal) dont la traversée se fait ici par un bac. Un bac aujourd’hui vétuste et défectueux. Ce plateau flottant est le seul moyen pour les populations de Tégueréyah de rallier Saramoussayah (ou inversement) pour se rendre dans la commune urbaine de Mamou, via les sous-préfectures de Timbo et Dounet. Seulement, ce vieux bac n’a plus de moteur. Trois de ses cuves sont défectueuses, ils prennent constamment de l’eau ; et, les risques de chavirement sont plus qu’évidentes à chaque voyage.

Alpha Mamadou Diallo, maire de la commune rurale de Tégueréyah

« Ce bac est complètement fini. L’année dernière, on l’avait sorti de l’eau pour le réparer. Toutes ses quatre cuves étaient défectueuses. L’eau rentrait un peu partout. C’est avec des bidons de 20 litres qu’on puisait l’eau des cuves pour que le bac puisse flotter et faire traverser les gens. Ce sont les ressortissants de Tégueréyah qui avaient cotisé de l’argent pour colmater les trous. Mais, actuellement, le bac prend énormément d’eau. La fois dernière, un camion en provenance de Tégueréyah pour Mamou a failli tomber dans le fleuve. Aujourd’hui, c’est un bac vétuste et défectueux qui est là. Il est complètement pourri », a expliqué Alpha Mamadou Diallo, le maire de Tégueréyah.

Selon nos informations, les exploitants de ce bac font payer la traversée à 5 000 francs par moto et entre 10 000 et 15 000 francs par véhicule. Mais, ils ne versent aucun franc à la commune rurale de Tégueréyah dont relève pourtant le bac. Et, paradoxalement, c’est à la commune qu’ils font face quand ce plateau flottant est en panne. « Les piétons ne payent pas pour traverser. Mais, quand on a un engin roulant, on paie 5 000 francs, si c’est une moto ; et, 10 000 ou 15 000 francs, si c’est un véhicule. Cependant, la commune ne reçoit aucun franc. Ce sont les exploitants du bac qui savent ce qu’ils font des recettes que le bac génère. Et, quand il y a des problèmes, ils vont face à la commune. Nous aussi, on répare ce qu’on peut ; et, pour le reste, on fait face à nos ressortissants qui sont ailleurs en Guinée et un peu partout dans le monde. Parce que les autorités (le gouvernement) n’ont pas pitié de nous. On a tellement interpellé les autorités sur l’état de ce bac ; mais, aucune aide n’est venue de leur part », a confié le maire, Alpha Mamadou Diallo.

A vue d’œil, la partie du fleuve Bafing où flotte ce bac n’est pas très large. C’est sur environ 100 mètres que le bac fait la navette. La profondeur de cette partie du fleuve dissuade même les plus téméraires de tenter une traversée à la nage. Aucun pont n’y a été jusque-là posé ; et, avec les pannes récurrentes du bac, les inquiétudes montent chez la première autorité communale de Tégueréyah. « Ce bac est complètement pourri ; et, avec les grands pluies qui s’annoncent, Tégueréyah risque de se couper de Mamou. Parce qu’il n’y a même pas une pirogue ici. Donc, quand le bac s’arrête, c’est fini. Et, actuellement, ce sont les gens qui tirent le bac avec leurs mains. Parfois, même les passagers sont mis à contribution pour que le bac puisse traverser. Je demande vraiment aux autorités de nous venir en aide », a plaidé le maire Alpha Mamadou Diallo.

A préciser que Tégueréyah est l’un des plus importants greniers de la préfecture de Mamou. Ce qui veut dire qu’un éventuel arrêt du bac entraînerait inévitablement des pertes énormes chez les producteurs agricoles et probablement aussi les consommateurs de la ville de Mamou.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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