Bah Oury sur la situation des détenus politiques : « la CEDEAO n’a pas été à la hauteur de sa mission »

Bah Oury, président du parti UDRG
Bah Oury, président du parti UDRG

Le président de l’UDRG (Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée) n’apprécie pas l’attitude de la CEDEAO par rapport à la détention sans jugement de nombreux opposants en Guinée. Bah Oury estime que l’organisation sous régionale a failli à la mission qui devait être la sienne face à une telle situation. Il l’a dit dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com hier, mercredi 5 mai 2021.

Ils sont estimés à plus de 400 opposants au troisième mandat du président Alpha Condé qui croupissent en prison depuis plusieurs mois en Guinée. Parmi eux, plusieurs hauts responsables de l’opposition politique et de la société civile, dont la grande majorité n’ont toujours pas été jugés. Malheureusement, cette situation est passée sous silence par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’organisation sous régionale ne semble pas du tout préoccupée par cette question, qui devait pourtant l’interpeller. Une attitude que déplore l’opposant guinéen, Bah Oury.

« La CEDEAO n’a pas été à la hauteur de sa mission par rapport à la cause guinéenne, surtout par rapport à la cause de la démocratie en Guinée. Et, les défaillances ont été notoires par rapport à ces deux dernières années. Toutes les réclamations, toutes les plaintes, toutes les sollicitations qui ont été formulées à l’adresse aussi bien de la commission qu’aux chefs d’Etat, tout cela n’a pas pu prospérer », a déclaré le président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG).

Par ailleurs, l’opposant pointe un doigt accusateur sur les partis d’opposition qui ont participé à la présidentielle du 18 octobre 2020. Élection suite à laquelle, la majeure partie des opposants détenus ont été arrêtés. Il estime que l’attitude de ces formations politiques peut en partie justifier le silence de la CEDEAO et d’autres organisations sur la situation des détenus politiques.

« Ceux qui sont allés aux élections présidentielles du 18 octobre à leurs risques et périls, sans une raison fondamentale pouvant justifier que cela servira la cause de la démocratie, ont été et continuent d’être un handicap pour défendre de manière beaucoup plus rigoureuse les intérêts des personnes détenues. C’est comme si on vous dit : ici, il y a le feu et vous vous entêtez pour plonger dans le feu. Même si on ne vous le dit pas, intérieurement et subjectivement, on se dit mais vous saviez que vous alliez vous plonger dans le feu. Donc les conséquences vous devez les assumer.

C’est pourquoi, ceux qui y sont allés, assument une lourde responsabilité par rapport aux intérêts de la cause de la démocratie dans notre pays. C’est ce qui fait que les détenus politiques ne sont pas défendus comme il le faut, avec toute la détermination qu’il faut, au niveau des instances africaines. Parce qu’il y a eu un péché originel qui fait que la cause reste entachée. Et ça, c’est dommage puisque des innocents sont en train de croupir en prison, des personnes ont été tuées et les responsables sont en train de vaquer à leurs occupations, comme si de rien n’était. C’est triste pour la Guinée », regrette M. Bah.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41 

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