Baisse des recettes de l’Etat : « Le gouvernement a juste trouvé un bouc émissaire »

Honorable James Deen Baldé

Les rideaux sont tombés hier mardi, 04 septembre 2018, au palais du peuple sur la session budgétaire extraordinaire 2018. Au cours de cette session, il a été question d’évaluer trois (3) textes de Lois et un accord. Le texte portant sur la Loi de Finances Rectificative 2018 est celui qui est considéré comme le plus important.

Après la clôture de la session, Elhadj James Deen Baldé, vice-président du groupe parlementaire libéral démocrate, s’est prêté aux questions d’un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Guineematin.com: la session budgétaire extraordinaire 2018, convoquée le 13 août 2018, a pris fin ce mardi 4 septembre. Au cours de cette session, des textes de Lois ont adoptés, notamment la Loi de Finances Rectificative 2018. À quoi peut-on s’attendre dans l’exécution de cette Loi de Finances Rectificative ? Et qu’avez retenu de cette session budgétaire extraordinaire 2018 ?

Honorable James Deen Baldé: l’ordre du jour d’une session extraordinaire est toujours déterminé par le chef de l’Etat. Ce décret, convoquant la session extraordinaire, a été publié et a indiqué ce qui devait être discuté et débattu à l’occasion de cette session extraordinaire. Il s’agit de trois projets de Lois et d’un accord. Le projet de Loi le plus important, que moi je considère le plus important, c’est le projet de Loi de Finances Rectificative 2018.

Il est indiqué dans la Loi de Finances, portant Loi de Finances de notre pays, qu’après exécution à mi-parcours, qu’on organise ou qu’on convoque une session extraordinaire pour examiner la Loi de Finances Rectificative élaborée par le gouvernement. C’est ce qui fut fait. Cette session extraordinaire s’est déroulée du 13 août au 4 septembre 2018. Soit un plus de deux 15 jours.

Donc, l’Etat a proposé des ajustements. Pourquoi des ajustements ? C’est parce que la Loi de Finances initiale en cours d’exécution a connu certains dérapages, a connu certains mouvements dans l’exécution de la Loi de Finances que nous avons adoptée en janvier 2018. Si donc au cours de l’exécution de ce budget, le gouvernement constate qu’il faut faire des réajustements, c’est ainsi que le gouvernement a proposé le projet de Loi de Finances Rectificative. C’est tout à fait légal.

Nous avons déjà examiné le volet recettes, nous avons examiné également par la suite, le volet dépenses. Et finalement, nous avons élaboré un rapport concernant l’exécution de la Loi de Finances Rectificative 2018. Ce qu’il faut retenir globalement, c’est que c’est un budget revu à la baisse aussi bien le volet recettes que pour le volet dépenses.

Pourquoi cette baisse à tous les deux niveaux ? C’est parce que les recettes qui étaient prévues dans la Loi de Finances initiale n’ont pas été recouvrées. Et, on s’est rendu compte qu’il fallait faire maintenant des réajustements. Et lorsque les recettes ne sont pas recouvrées, il va s’en dire qu’on ne va dépenser que ce qu’on a.

C’est pour cette raison donc qu’on a fait des coupes drastiques sur l’ensemble des crédits alloués aux départements ministériels, plus généralement aux services publics de l’Etat. Du budget de la présidence de la République au budget du dernier service de l’Etat. Donc, les crédits budgétaires ont été coupés, on les a revus en baisse.

Guineematin.com: le gouvernement guinéen invoque notamment les mouvements sociaux et les manifestations politiques pour justifier la baisse des recettes. Qu’est-ce que vous lui répondez ?

Elhadj James Deen Baldé : vous-mêmes, vous savez que ça ne peut pas justifier. L’impact des manifestations syndicales, il y en a eu au début de l’année, mais vous savez ces manifestations-là ont perturbé la vie publique à Conakry au maximum pendant une semaine. Une semaine sur l’ensemble du temps qu’ils ont pour recouvrer ces recettes, c’est quand-même insignifiant.

Les manifestations politiques, je n’ai pas souvenance, sauf peut-être au début du mois de février et un peu au mois de mars qu’il y ait eu des manifestations dans notre pays. Depuis fin mars, il n’y a pas eu des manifestations politiques dans notre pays. Le gouvernement a juste trouvé un bouc émissaire pour la non-mobilisation des recettes de l’Etat.

Guineematin.com: pourtant, il y a deux mois de cela que le gouvernement a augmenté le prix du litre de carburant à la pompe, cela ne pouvait pas améliorer les recettes de l’Etat ?

Elhadj James Deen Baldé : nous l’avons dénoncé dans notre explication de vote. Nous avons mis le doigt sur cet aspect. Au moment où le gouvernement demande aux guinéens, à chaque guinéen de faire un effort pour payer le litre de carburant à la pompe, au même moment, vous voyez l’état de nos routes aujourd’hui ! Vous voyez dans l’ensemble des préfectures, il y a des perturbations à cause des problèmes de routes et des ouvrages de franchissement. Malheureusement, cela n’a rien porté pratiquement.

Guineematin.com: qu’en est-il de la vente des vignettes ? Puisqu’il y a eu des voix qui se sont élevées du côté de certaines plates-formes de la société civile pour dire que si l’Etat n’arrivait pas à entretenir le réseau routier guinéen, il y a des risques de boycotter la vente des vignettes. Qu’en pensez-vous ?

Elhadj James Deen Baldé : de toutes les façons, à ce niveau aussi, il y a des problèmes. En 2017, à l’Assemblée nationale, nous avons constaté que les vignettes ont été vendues, quand les vignettes sont vendues, il doit y avoir une répartition entre le budget de l’Etat et les collectivités. Malheureusement aucun franc n’a été rétrocédé au compte de tout l’exercice 2017. Cette année encore, nous avons dénoncé la même situation. Donc, tout cet argent-là, où est-ce qu’il est parti ? On ne sait pas. Et pour 2017, et pour 2018, la vente des vignettes, c’est ce qu’on appelle la TUE, ça n’a servi à rien, peut-être à alimenter certaine caisses.

Guineematin.com: l’autre texte important auquel le groupe parlementaire Libéral démocrate n’a pas voulu accorder un vote positif est celui relatif à l’accord de coopération entre la République fédérale d’Allemagne et la République de la Guinée sur la migration légale et illégale. Qu’est-ce que cette coopération peut changer sur la situation de la migration des jeunes vers l’Europe ? Qu’attendez-vous du gouvernement pour dissuader ces jeunes désespérés ?

Elhadj James Deen Baldé : bon écoutez, l’accord entre le gouvernement de la République de Guinée et le gouvernement de la République Fédérale d’Allemagne, fait partie des points de l’ordre du jour de la session extraordinaire. Nous, nous l’avons examiné par le groupe parlementaire Libéral démocrate. Nous nous sommes rendu compte que c’est un problème qu’il faut voir de très près. Et, nous avons sommes rendus compte que c’est un problème qu’il faut examiner de très près, qu’il faut examiner avec responsabilité et surtout avec beaucoup de prudence. Parce que nous connaissons la situation qui prévaut à ce niveau. Nous ne pouvons pas l’examiner et l’adopter dans des conditions d’une session extraordinaire. Il nous faut suffisamment de temps pour réfléchir là-dessus, consulter nos militants, consulter les citoyens, pour savoir quelle va être la position du groupe parlementaire Libéral démocrate. C’est pour cette raison que nous avons demandé à l’Assemblée nationale d’accepter le report de l’examen de cet accord à l’occasion de la session ordinaire qui va s’ouvrir le 5 octobre prochain. C’est ce que nous avons proposé à l’Assemblée nationale. Malheureusement, ça n’a pas été le cas, puisque c’est une Loi ordinaire, donc elle acceptée mais nous, nous nous sommes abstenus d’accorder un vote positif à cet accord-là.

Propos recueillis et décryptés par Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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