Baisse du prix du carburant : « on est dans la merde », estime Bah Oury

Bah Oury, président du parti UDRG (Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée)
Bah Oury, président du parti UDD

La baisse du prix du carburant annoncée hier soir, mardi 31 mars 2020, est unanimement rejetée par les leaders politiques de l’opposition. Interrogé sur le sujet par Guineematin.com, le président de l’UDD, Bah Oury, estime que la réduction de seulement 1000 francs sur le prix du litre de carburant n’aura pas un impact réel sur la vie de la population.

« Le contexte dans lequel ce prix du carburant a été revu à la baisse pour 1000 francs ressemble à une réponse à la revendication des transporteurs, notamment les motos taxis et les taxis (automobiles, ndlr) pour alléger dans une certaine mesure les frais. De ce point de vue, je dois dire que ça sera presqu’une mesure qui sera insensible parce que l’impact direct sur le transport urbain sera très faible », souligne l’opposant.

Le président de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD) trouve que les autorités guinéennes se trouvent devant un vaste dilemme en ce sens que la Côte d’Ivoire mobilise 1700 milliards de francs CFA et que le Sénégal entend mobiliser également 1000 milliards de francs CFA pour soutenir leurs populations face à la crise sanitaire liée au Coronavirus. Des montants qu’il faut multiplier par 15 ou par 16 pour avoir l’équivalent en franc guinéen. Une situation qui, selon lui, est la conséquence de la faible mobilisation des ressources intérieures.

« Les autorités guinéennes se trouvent dans une totale impuissance parce que les réformes indispensables, structurelles, dont il fallait faire depuis très longtemps en ce qui concerne nos finances publiques n’ont jamais été engagées. Un pays, c’est cette haute capacité de générer des ressources qui vous donne les moyens de votre action. Et, la Guinée n’a jamais cherché à mobiliser de manière efficiente et efficace les ressources intérieures devant lui permettre de financer ses actions sociales et ses actions de développement. On se contente de prélever en taxant les rentes minières et les ressources pétrolières pour assurer le financement du trésor public », estime Bah Oury.

Pour cet opposant au régime d’Alpha Condé, la meilleure réponse était une aide directe en faveur des populations les plus impactées négativement par la crise actuelle. « Cette baisse traduit l’impuissance de pouvoir public en Guinée qui se retrouve complètement en panne d’imagination et également en moyens d’action. Ils peuvent atténuer cela en réorientant une bonne partie du budget issu des secteurs essentiels surtout dans cette phase de crise.

Ou bien ce qu’ils vont certainement faire, ils vont encourager le développement de la planche à billet avec une inflation galopante qui va annuler tous les bénéfices du pouvoir d’achat qui a été distribué récemment. Donc, on rentre dans un engrainage qui va accentuer la crise économique et sociale en Guinée. Mais, là aussi, lorsqu’on dit gouverner c’est anticiper, ils n’ont pas anticipé. On ne s’est même pas préoccupé de protéger notre pays en tirant les leçons de la fièvre hémorragique Ebola. Et donc, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes », soutient-il.

A l’allure où vont les choses, le président de l’UDD prédit une accentuation de la crise dans notre pays. « Ça sera très difficile et la puissance publique va d’avantage perdre d’autorité et perdre de la légitimité. Et donc, la seule chose que je dois dire par rapport à la situation, ce qu’on est dans la merde », conclut Bah Oury.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
Tél : 622 68 00 41

Facebook Comments Box