Barrage hydroélectrique de Souapiti : des travailleurs réclament des arriérés de salaires et dénoncent le « népotisme » au sein du projet

Paul Kokoli Haba, département environnement service réinstallation des populations Souapiti

« Au projet de Souapiti, il n’y a pas de contrat de travail, il n’y a pas de prise en charge médicale, pas de bulletin de salaire, il n’y a pas de congé »

A l’occasion d’une conférence de presse organisée à Conakry ce jeudi, 29 avril 2021, des ex travailleurs du projet Souapiti ont fait des révélations accablantes contre les responsables dudit projet. Paul Kokoli Haba, Daouda Kéïta et Bouta Kamano accusent l’administration générale de Souapiti de « mauvais traitement » des travailleurs et de « népotisme » dans l’affectation des travailleurs à des postes de responsabilité, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi la conférence.

Selon les conférenciers, ils sont au total 143 travailleurs de la direction générale de Souapiti, avec des profils différents, qui se retrouvent aujourd’hui à la touche alors que le barrage est loin d’être inauguré. Parmi cette centaine de travailleurs, seule une vingtaine a osé réclamer ses droits.

Paul Kokoli Haba, département environnement service réinstallation des populations Souapiti

« Nous avons été victimes de l’injustice depuis Kaléta jusqu’à Souapiti. Au compte de Souapiti, nous avons été victimes pendant 5 ans. Il n’y a pas de contrat entre nous et la société, il n’y a pas de prise en charge médicale, pas de bulletin de salaire (sauf si on le réclame), il n’y a pas de congés annuels. Il n’y a pas à diplôme égal, salaire égal. C’est par sentiment qu’on fixe les salaires. Bref, rien d’administratif ne caractérise cette administration de Souapiti », a introduit Paul Kokoli Haba, cadre du département environnement, service réinstallation des populations.

En croire ce travailleur de Souapiti, c’est quand certains d’entre eux ont décidé de briser le silence et d’en finir avec la précarité que l’administration générale du projet Souapiti a convoqué une assemblée au cours de laquelle elle a annoncé la fin du projet et le paiement de 10 mois de salaire sur une base non reconnue par les travailleurs.

« Nous réclamons 50% d’arriérés de salaire, le règlement de fin de projet. Au début, la direction générale du projet, nous disait que le projet n’était pas encore financé à 100%. Mais, une fois que le financement sera clos, ils allaient nous payer. Mais, jusqu’à présent nous n’avons eu aucune suite. Personnellement et sur la base de la moitié de mon salaire que je recevais à la fin de chaque mois (soit 1.625.000 par mois : ndlr), pendant 5 ans, la société me reste devoir 102 millions de francs guinéens et quelques. C’est parce qu’ils ont su que voulons réclamer nos droits, ils ont convoqué une assemblée générale pour libérer les gens sans que nous ne soyons payés et sans même qu’on assiste à l’inauguration du barrage », a expliqué Paul Kokoli Haba.

De son côté, Daouda Keïta, cadre du département local à Souapiti, dénonce le « népotisme » dans le projet.

Daouda Kéïta, cadre du département local à Souapiti

« S’il y a un travail sur le projet et qui rapporte, on ne te fait pas appelle, sauf si tu le plais. Lors de notre recrutement, ils ont dit que nous avons été recommandés ; mais, nous savons que même les directeurs, personnes n’a fait un test pour mériter son poste. On ne peut pas violer nos droits sous prétexte que nous avons été recommandés. C’est pourquoi nous attirons l’attention du Président de la République. Le directeur général se tape la poitrine pour nous dire qu’il est le beau du Président. On se pose la question de savoir si c’est le Président Alpha Condé qui lui a ordonné de travailler ainsi avec nous. Tout le monde sait que le coût du projet c’est 1, 5 milliards de dollars. Pourquoi ceux qui sont à 400 millions de francs guinéens nous privent de nos droits. Et même la communauté qui est impactée ne sont pas rétablis dans leurs droits », a indiqué Daouda Keïta, tout en précisant que dans le projet Souapiti, « il est indiqué que le dernier cadre du projet devait avoir 833 dollars par mois ».

A travers cette sortie médiatique, ce groupe de jeunes compte alerter le chef de l’Etat guinéen sur « l’injustice » dont ils ont été victimes durant les 5 années de travail sur le site de Souapiti. D’ailleurs, ils n’excluront pas d’engager des poursuites judiciaires contre l’administration générale du projet s’ils ne sont pas rétablis dans leurs droits.

« Si nous ne sommes pas entendus dans nos réclamations, nous nous réserverons d’engager une procédure judiciaire contre les responsables de la Direction générale. Sur la base des documents et notes de services que nous avons, nous pouvons poursuivre la Direction générale en justice. Nous étions déjà frustrés contre eux, parce que nous n’occupions pas des postes de responsabilité comme leurs neveux, comme leurs frères qui sont dans le projet. Quand l’actuel directeur est venu, il voulait donner des contrats et un salaire décent aux travailleurs. Il nous avait promis, mais lors d’une réunion sur Souapiti, devant moi, le ministre de l’énergie à l’époque, Cheick Taliby Sylla, avait dit qu’il n’y aura pas de syndicat et il n’y aura pas de contrat », accuse M. Haba.

A suivre !

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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