Boureima Condé à Pita : « la cour du Khalife ne doit pas connaitre de gaz lacrymogène…»

Général Boureima Condé, ministre de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation

Comme annoncé dans nos précédents articles, plusieurs ministres sillonnent actuellement le Fouta Djallon dans le souci de faire le constat des casses qui y ont eu lieu récemment mais aussi de véhiculer des messages de paix et de civisme. Après Mamou et Dalaba, les émissaires du président Alpha Condé, conduits par le ministre de l’Administration du Territoire, Boureima Condé, se sont rendus à Pita, chez le Khalife Général du Fouta, où ils ont été reçus par les autorités, a constaté sur place Guineematin.com à travers son envoyé spécial.

Dans son discours, le ministre de l’Administration du Territoire a exprimé ses sentiments de regret suite aux violences survenues à Pita, en marge des manifestations du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) contre le 3ème mandat pour Alpha Condé.

Général Boureima Condé, ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation

« Populations de Pita, monsieur le président de la République nous a dit de vous présenter ses excuses parce que depuis cette crise a éclaté, la délégation qui devrait arriver le même jour vous trouver dans le feu de l’action, a été le même jour empêché, hélas parce qu’un peu partout, il y avait ce genre de crise. C’est donc maintenant que Dieu a voulu que nous soyons parmi vous… Il s’est passé chez nous ici à Pita des choses difficiles à comprendre. Ce sont des choses difficiles à comprendre parce que nous sommes au cœur du Fouta théocratique. Le Fouta d’aujourd’hui et le Fouta de tous les temps, c’est le Fouta de la paix, c’est le Fouta de la concorde, c’est le Fouta de la coexistence pacifique. Le Fouta, c’est également un foyer incandescent de l’éducation, cette école de l’Islam. Et le symbole vivant de cette réalité, c’est le khalife général du Fouta Djalon qui nous connait parfaitement et dont on connait parfaitement parce qu’il s’est déplacé pour aller jusque dans mon village. Et donc, on connait que c’est à ses risques et périls que ce qui est arrivé à Pita est arrivé. C’est loin d’être sa volonté ».

Par ailleurs, le Général Boureima Condé a fustigé la destruction des infrastructures publiques lors de ces manifestations, notamment le poste de police et de gendarmerie de Pita. Fustigeant l’agression du domicile du khalife général du Fouta, le ministre a laissé entendre que rien ne justifie la casse de ces symboles de l’Etat. « Le spectacle de désolation que Pita offre aujourd’hui à la vue commune, c’est la destruction de la façon la plus barbare de ses infrastructures de grande valeur qui ont été financées à coup de milliards, qui sont la propriété de Pita, qu’on ne mettra pas sur la tête pour amener à N’Zérékoré, à Kouroussa ou à Conakry ; mais qui sont là à Pita, on les a détruit. C’est une partie vivante de Pita qui a été détruite. Mais, ce qui est plus grave que ces infrastructures, c’est ce qui s’est passé dans la cour du khalife. Cette cour ne doit pas connaitre de gaz lacrymogène, cette cour ne doit pas connaitre de balle, cette cour ne doit pas connaitre de cravache ou d’autres bâtons. Le président de la République, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement, nous ont dit de présenter des excuses par rapport à ce qui s’est passé dans cette cour ».

Poursuivant, monsieur Condé a indiqué que la Guinée est une famille et que les citoyens ne doivent pas se laisser manipuler par les politiques. « Dieu dit dans le Coran qu’il donne le pouvoir à qui Il veut et Il le retire à qui il veut. Dieu, ce n’est pas avec des gourdins, dès qu’il veut mettre fin à votre règne, Il en a le secret et cela ne se fait pas attendre. On extrapole en tentant d’opposer guinéens et guinéennes. Je vous prie de me croire, que vous ne trouverez pas une seule famille de Guinée qui ne soit pas imbriquée avec d’autres familles des autres régions. L’exemple le plus flagrant, c’est le ministre Taran (ministre de l’Unité Nationale) qui est de Labé, je suis de Kankan. Il a ma sœur comme épouse. Et, ces exemples-là ne finissent pas entre Guerzés, Soussous, Peulhs, Tomas et que sais-je encore. Les familles guinéennes, dans leur volonté d’être unes et indivisibles, n’ont pas de problèmes. La politique, quand elle s’en mêle, évidemment bonjour les dégâts et les catastrophes ».

Elhadj Bano Bah, Khalife Général du Fouta Djallon

De son côté, Elhadj Bano Bah, khalife général du Fouta, s’est contenté de remercier la délégation pour sa visite sans faire de commentaires. « Nous sommes contents. Notre préoccupation ici, c’est l’union et la paix entre tous les citoyens. Car c’est le gage de tout développement. La paix et la concorde ont le progrès comme résultats ».

De Pita, Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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