Braquage à Pita : les auteurs présumés comparaissent devant la justice

Le procès des auteurs présumés de l’attaque à main armée survenue au mois d’août dernier à Pita s’est ouvert hier, mercredi, 02 janvier 2019 devant le TPI de Mamou. Six personnes accusées vol à main armée, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes et de minutions, sont poursuivies dans le cette affaire. Plusieurs d’entre eux ont plaidé coupables, rapporte un des correspondants de Guineematin.com à Mamou.

Ce sont 5 accusés : Ousmane Diallo, Mamadou Malal Bah, Sidiki Camara, Mamadou Hafiziou Diallo, Alpha Saliou Barry (alias Balla) qui ont comparu devant le tribunal de première instance de Mamou. Le sixième accusé, Ibrahima Barry (alias Moussa) est en fuite. Leur procès s’ouvre cinq mois après le braquage survenu dans la journée du jeudi, 09 août 2018, dans un magasin à Pita, où des assaillants armés de fusils avaient dérobé un montant de plus de 600 millions de francs guinéens.

A la barre, la plupart des accusés ont reconnu avoir effectivement pris part à l’attaque en question. « Je reconnais les faits. C’est Ibrahima Barry (le présumé cerveau de l’attaque) qui m’a appelé au téléphone. Il m’a dit d’aller le trouver à Pita. J’étais à Conakry. Il m’a envoyé 110 mille francs pour le transport. C’était le 08 août 2018. J’ai quitté Conakry vers 18 heures pour aller à Pita où j’ai rencontré Ibrahima Barry, Ousmane Diallo et Alpha Saliou Barry alias Balla », a déclaré Mamadou Hafiziou Diallo.

Contrairement au nombre de six assaillants connu jusque-là même par la justice, Hafiziou déclare qu’ils étaient au nombre de sept personnes lors de l’attaque. « Je connais tous ceux qui ont participé à l’attaque, mais nous étions au nombre de sept (7) personnes. Moi, je conduisais le véhicule. Deux personnes étaient à côté de moi sur le siège de devant et quatre autres étaient assis derrière. Je suis resté dans le véhicule et les autres sont allés prendre l’argent dans le magasin. Ils détenaient deux armes. Le fusil Baïlo wally (un fusil de fabrication locale) et un PMAK », a-t-il indiqué.

S’agissant de ses liens avec Ibrahima Barry, l’accusé soutient que c’est en 2018 qu’ils se sont connus. « Nous sommes tous des chauffeurs. Mais moi, je vendais des friperies », a-t-il précisé.

Une déclaration qui a aussitôt fait réagir le ministère public qui soutient que Mamadou Hafiziou Diallo et Ibrahima Barry se sont connus en prison. « C’est à la maison centrale de Conakry qu’ils se sont connus. Hafiziou écopait une peine de 8 ans pour une attaque qu’il avait perpétrée en 2008. Et, c’est le 02 mars 2018 qu’il a été libéré de la prison », a dit le procureur Elhadj Sidiki Camara, précisant que l’accusé a menti au tribunal quand il a dit qu’il n’a jamais été condamné.

Alpha Saliou Barry alias Balla a aussi reconnu les faits portés à sa charge. « Je ne vais pas chercher à vous convaincre ici. Dans cette affaire-là, c’est Dieu qui nous a fait arrêter. Nous sommes coupables », a-t-il introduit tout en promettant d’éviter de faire souffrir le tribunal dans cette affaire. « C’est Ibrahima Barry qui a appelé mon maitre Ibrahima Sidibé à qui il a demandé d’aller le dépanner à Pita. Etant indisponible, mon maitre m’a appelé au téléphone pour me dire d’aller dépanner son homonyme à Pita. J’ai cherché une voiture qui m’a déposé à Kindia. C’est là-bas que j’ai rencontré Sidiki Camara. Il m’a dit qu’il est en route pour la région forestière. Il m’a envoyé jusqu’à Mamou où nous sommes arrivés le jeudi à 7 heures.

Je lui ai donné 25 mille francs pour mon transport et on s’est quitté. J’ai appelé Ibrahima pour lui dire que je suis à Mamou. Il m’a dit de les attendre, qu’ils ont un problème de roulement mais le véhicule pourra les envoyer jusqu’à Mamou. Dans l’après-midi, j’ai appelé encore Ibrahima, il m’a dit de chercher un taxi-moto et d’aller le rejoindre à Soumbalako. J’ai fait ça. Et, quand je suis arrivé à Soumbalako, j’ai effectivement constaté le problème de roulement du véhicule. Ibrahima Barry était avec quatre autres personnes. Deux autres étaient sur une moto. Quand Ibrahima a vu que j’étais un peu hésitant, il m’a dit qu’ils venaient d’effectuer un vol à Pita.

Il m’a dit de les aider et en retour il va me donner deux millions de francs. J’ai proposé qu’on vienne à Mamou où je pourrais trouver les outils pour le dépannage. Dès qu’on a bougé pour Mamou, on a rencontré la BAC16. Nous sommes descendus du véhicule. Les autres ont pris la fuite. Moi, j’ai dit que je suis mécanicien. Mais comme il y avait des tirs de fusil, j’ai été atteint au niveau des fesses. C’est là qu’on m’a arrêté », a expliqué Alpha Saliou Barry.

Pour sa part, Ousmane Diallo dira que c’est après le braquage du véhicule RAV4 qu’ils (lui, Ibrahima Sidibé et Jo en fuite) ont perpétré le mercredi, 08 août à Kipé (Conakry), qu’ils sont allés à Pita où ils ont braqué le magasin. Mais contrairement à Mamadou Hafiziou Diallo et Alpha Saliou Barry alias Balla qui soutiennent que c’est sept (7) personnes qui ont effectué l’attaque de Pita, Ousmane Diallo a affirmé que c’est cinq (5) personnes qui ont fait l’opération.

« C’est à la prison que j’ai vu Malal et Sidiki. Ils ne sont pas allés à Pita. C’est moi, Ibrahima, Hafiziou et Jo qui avons fait le braquage à Pita. Balla nous a trouvé à Ditinn. Mais c’est Ibrahima et Jo qui détenaient les armes », a-t-il indiqué tout en précisant que c’est Balla qui avait donné à Ibrahima le numéro de téléphone de Hafiziou.

Quant à Mamadou Malal Bah, il a plaidé non coupable tout en soutenant que son arrestation est une erreur de circonstance. « Je revenais de Dounet sur un taxi-moto. Je portais un sac qui contenait 20 millions de francs guinéens issus de la vente de ma voiture Nissan Almera, ma moto TVS et certains de mes objets à Conakry. Les agents nous ont arrêtés Boulliwel, ils ont fouillé mon sac. Quand ils ont vu l’argent, ils m’ont embarqué avec le taxi-motard en disant qu’il y a eu un braquage à Pita. A la gendarmerie, ils ont relâché le taxi-motard et moi, on m’a envoyé la maison centrale », a-t-il expliqué, précisant qu’il partait à Dalaba où il s’est établi depuis qu’il s’est marié.

Tout comme Mamadou Malal, Sidiki Camara a plaidé aussi non coupable. Il admet cependant avoir transporté Balla de Kindia à Mamou où ils se sont quitté dans une station-service à la Scierie. « Nous sommes arrivés à Mamou à 7 heures du matin. Balla m’a payé 25 mille francs et il est parti. Moi, je me suis reposé dans ma voiture. Ensuite, je suis allé faire quelques achats au marché. C’est vers 19 heures que les gendarmes m’ont arrêté. J’étais à côté de ma voiture », a-t-il dit.

Pour appuyer son client, l’avocat de la défense, Me David Béavogui, a révélé au tribunal que Sidiki Camara était avec une fille (sa petite amie). C’est pourquoi il a passé assez de temps à Mamou. Le parquet a immédiatement demandé à ce que cette information soit vérifiée « pour voir si cette fille existe et, si oui, est-ce qu’elle va corroborer les propos de Sidiki Camara ».

« Cette fille (la copine de Sidiki) est une femme mariée », explique l’avocat de la défense qui va pourtant se heurter à la persistance du ministère public, réclamant un supplément d’information.

Finalement, le tribunal a ordonné l’audition de la copine de Sidiki Camara en dehors du public. Le juge Abdourahamane Diallo a été commis à la tâche et l’audience a été renvoyée au 23 janvier prochain.

De Mamou, Keïta Mamadou Baïlo pour Guineematin.com

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