Commémoration de la visitation : les femmes catholiques de Guinée en fête à Conakry

présidente nationale des femmes catholique de Guinée, Juliette Titi Kamano,
Juliette Titi Kamano

Organisée par l’union nationale des organisations féminines catholiques de Guinée, la célébration de la fête commémorative de la ‘’Visitation’’ a été officiellement lancée hier, samedi 16 Juin 2019, à Conakry. C’est l’archevêque de Conakry, Monseigneur Vincent Coulibaly, qui a présidé la cérémonie de lancement de cette célébration à la paroisse catholique ‘’Saint Michel’’ de Coléah, en présence de plus d’un millier de femmes catholiques venues de tous les diocèses de Guinée, rapporte un reporter de Guineematin.com qui était à Coléah.

Célébrer la fête de la visitation, c’est se rappeler ce jour où Marie, enceinte de son fils, Jésus, est allée rendre visite à sa cousine Elisabeth qui était également enceinte. « Dès qu’elle (Marie) s’est présentée à la porte et a salué sa cousine (Elisabeth), l’enfant que cette dernière portait dans son ventre a tressailli. Alors, Elisabeth a dit que Marie est bénie parmi toutes les femmes ; et que le fruit de ses entrailles (Jésus) est aussi béni. Elisabeth a senti que c’est le seigneur qui est venu à sa rencontre », apprend-on des saintes écritures.

Ainsi, pour commémorer cette rencontre entre cousines qui date d’avant la naissance de Jésus christ, les femmes catholiques de Guinée organisent et célèbrent chaque année (depuis une quinzaine d’années maintenant) la fête de la visitation. Pour cette année, la visitation est célébrée sous le thème : « Que tous soient un ». Et, ce sont les Elisabeths de Conakry (les femmes catholiques de Conakry) qui ont reçu leurs cousines Maries (les autres femmes catholiques) venues de tous les coins de la Guinée.

La rencontre entre cousines de Conakry et du reste de la Guinée a eu lieu vendredi à la paroisse ‘’Saint Michel’’ de Coléah. Ceci, après une marche qui s’est déroulée de l’ENAP jusqu’à l’enceinte de ‘’Saint Michel’’ où des chants de joie ont été entonnés et des bénédictions ont été formulées. Cette rencontre a été suivie la nuit par une veillée de prière pour rendre grâce au seigneur.

Cependant, c’est ce samedi que le lancement officiel de la célébration de cette fête commémorative a eu lieu, en présence de l’archevêque de Conakry, Monseigneur Vincent Coulibaly, qui a présidé cette cérémonie, ponctuée de chants de joie, de prières et de remise de cadeaux.

Dans son allocution de circonstances, l’Archevêque de Conakry a invité les femmes catholiques de Guinée à « vivre dans une communion profonde », avant de les exhorter à travailler ensemble comme Marie et Elisabeth ; et toujours réciter le chapelet.

Monseigneur Vincent Coulibaly

« En récitant tous les jours le chapelet, vous continuez la fête de la visitation et vous faites une chaine de prière qui fait le tour de notre famille et de notre pays. Et, cette chaine, soutenue par Marie, portera des fruits abondants pour notre Eglise et notre pays… Récitez le chapelet tous les jours pour demander, par l’intercession de Marie, cette grâce de la communion profonde entre vous… Nous recevons des grâces nombreuses et variées qui passent par Marie qui est toujours au milieu des disciples de son fils. Marie, notre mère, présente chaque jour nos soucis, nos engouasses, nos projets et nos espérances à Jésus… C’est pourquoi, vous devez réciter chaque jour la prière de votre association : fais de moi un instrument de la paix. Si nous le faisons, nous méritons de nous réunir et célébrer chaque année la fête de la visitation. Mais, si nous ne le faisons pas, c’est du théâtre. Et, le théâtre, c’est pour les hommes et non pour Dieu », a dit Monseigneur Vincent Coulibaly.

Actuellement, la Guinée est à la croisée des chemins, avec des remous sociopolitiques de plus en plus récurrents. Et, « que tous soient un » est une manière pour les organisatrices de la visitation de promouvoir l’unité entre les chrétiens (surtout les femmes), tout en invitant l’ensemble des citoyens guinéens à se donner les mains pour faire de leur diversité ethnique, linguistique et religieuse une diversité constructive. Mais, pour Etienne Sylima Camara, Curé de la Paroisse Saint Michel de Coléah, il ne faudrait pas se limiter simplement aux discours.

Etienne Sylima Camara, Curé de la Paroisse Saint Michel de Coléah,
Etienne Sylima Camara

« Je crois qu’on fait beaucoup de théories sur l’unité ; mais, je me demande si on se préoccupe concrètement de l’unité. Est-ce que c’est vraiment un souci pour nous ? Parce qu’il ne suffit pas simplement d’écouter les enseignements, sans se soucier de ce qu’on dit, de ce qu’on fait. Je crois qu’on est maintenant à la phase où on doit agir. Et, Dieu sait qu’il y a du boulot pour l’unité de notre Eglise, notre nation et du monde entier. Car, aujourd’hui, nous sommes plus hypocrites dans la réalité. Nous rions les uns avec les autres ; mais, dans les faits, nos cœurs sont loin de nos paroles… Qu’ils soient un pour que le monde croit que tu m’as envoyé. Ça voudrait dire quoi ? Si on n’est pas uni, Jésus est un menteur. Donc, vous comprenez pourquoi on doit être uni. Alors, moi, je dirais que ce thème n’est pas pour une année ; c’est le thème de chacun de nous dans sa vie chrétienne. Que tous soient un, comme toi père tu es en moi et moi en toi. Par cette prière, Jésus nous invite à trois choses. D’abord, il nous invite à l’unité parce la dispersion provoque l’affaiblissement. Ensuite, quand nous sommes unis, nous construisons le corps du Christ. Et, si on n’est pas uni, on divise Jésus. Et, Saint Paul nous a clairement dit que Jésus n’est pas divisé. Enfin, Si nous sommes unis, nous reflétons sur la terre le Dieu-père, fils et esprit saint. Donc, l’unité est une obligation pour nous et non une recommandation », a expliqué le père Curé Etienne Sylima Camara, dans son exposé lors de la conférence qui a suivi le discours de l’Archevêque de Conakry.

directrice nationale des affaires chrétiennes, madame Hélène Bouré,
Mme Hélène Bouré

Présente à cette fête commémorative, la directrice nationale des affaires chrétiennes, madame Hélène Bouré, a remercié les femmes catholiques qui ont organisé et célébré la visitation. « Elles m’ont donné l’honneur d’assister à cette conférence dans laquelle elles nous interpellent à l’union, à la paix et à l’unité en un mot. Alors, j’encourage toutes les femmes à cultiver l’unité et la paix dans les milieux où elles vivent. Car, là où la femme se lève, c’est la nation qui est débout », a indiqué madame Hélène Bouré.

présidente nationale des femmes catholique de Guinée, Juliette Titi Kamano,
Mme Juliette Titi Kamano

Pour sa part, la présidente nationale des femmes catholique de Guinée, Juliette Titi Kamano, s’est réjouie de la réussite de la mobilisation. « Le sentiment que j’ai pour cette cérémonie est immense. C’est un sentiment de joie et de satisfaction réelle. Parce que nous avons réussi à réunir toutes les femmes catholiques de Guinée ensemble pour dire oui à la paix. Déjà, notre devise qui est prière, unité, service est la solution à tout pour avoir la paix dans notre pays. Il faut prier. Parce qu’une personne qui n’a pas la crainte de Dieu est une personne qui va faire du mal. Et, puisque nous, les femmes, nous sommes les premières victimes des violences et nous sommes les premières bénéficiaires de la paix, nous nous unissons pour dire oui autour d’un thème que tous soient un… Nous (les femmes catholiques) demandons à tous les Guinéens, qu’ils soient politiciens de la mouvance ou de l’opposition, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, qu’on soit un. Parce que nous devons être ensemble pour aller de l’avant », a dit Juliette Titi Kamano.

A noter que la célébration de la fête de la visitation à Conakry durera trois jours et plus de 15 000 participantes sont attendues.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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