Commune urbaine de Yomou : le nouveau maire, Mathieu Kpogomou à Guineematin

La commune urbaine de Yomou est désormais dirigée par Mathieu Kpogomou, ancien président de la délégation spéciale. Dans un entretien qu’il a accordé hier, ce samedi 20 octobre 2018, à l’envoyé spécial de Guineematin.com en Guinée forestière, le nouveau maire est revenu sur son élection mais aussi sur les chantiers à réaliser durant les cinq prochaines années.

Guineematin.com : vous venez d’être élu maire de la commune urbaine de Yomou, dites-nous comment les choses se sont passées ?

Mathieu Kpogomou : tant bien que mal. D’abord, au niveau communautaire, notre parti (RPG arc-en-ciel) est venu en tête avec 11 sièges sur 17. Pour ce qui est de la mise en place du conseil communal, Dieu merci, j’étais le seul candidat et j’ai eu 14 voix sur 17 avec 3 abstentions. Ça veut dire que l’élection s’est très bien passée pour nous.

Guineematin.com : comment est composé le bureau exécutif de la commune urbaine de Yomou ?

Mathieu Kpogomou : le bureau exécutif de la mairie de Yomou est totalement RPG. Il y a le maire que je suis, le premier vice-maire s’appelle Marcel Doualamou et le deuxième vice-maire est monsieur Yaya Camara.

Guineematin.com : avant votre élection au poste de maire, vous étiez le président de la délégation spéciale de Yomou. Faites-nous un briefing de votre gestion ?

Mathieu Kpogomou : tout a commencé par un forum que nous avons organisé puisque nous n’avions pas la possibilité de faire un budget. Donc, nous avons organisé un forum pour identifier les problèmes brûlants de la commune quand nous sommes venus. Constat aidant, nous avons commencé par mettre des structures de gestion parce que quand nous venions ces structures manquaient totalement. On a donc mis en place un bureau communal de la jeunesse, un bureau communal des femmes, un conseil des sages qui pratiquement n’a pas fonctionné parce que l’autorité n’était pas favorable à la chose.

Au niveau des districts et quartiers, nous avons étoffé parce que jusqu’à notre arrivée, c’est un seul qui s’occupait de la jeunesse et une seule qui s’occupait des femmes. Nous en avons fait des bureaux de cinq membres pour faciliter la prise en compte de ces franges de la société ; donc, ça a été le premier travail.

Ensuite, nous avons exposé village par village ce que nous devrions faire puisque nous avons décidé ensemble. Et, ensuite, nous nous sommes attaqués à la voirie urbaine. Cette voirie, vraiment, jusqu’à présent, laisse à désirer. A la faveur des grandes pluies, elle s’est dégradée une fois de plus encore. Mais, nous avons mis en place une équipe qui s’occupe de temps en temps de cette voirie là en attendant que l’Etat fasse cette voirie.

Nous nous sommes attaqués à l’ouverture de la route Yowa-frontière Libéria parce que nous avons constaté que Yomou est fermé par le bas. Du fait qu’une route ne traverse pas Yomou, les opérateurs économiques ne peuvent pas s’installer là. Nous avons donc mobilisé la jeunesse en intercommunautarité avec la commune de Banié. Cette route, longue de 4 kilomètres, a été ouverte sur une largeur de 12 mètres et ça a connu un engouement sans précédent. Dieu merci, au jour d’aujourd’hui, l’Etat a donné cette route-là à une entreprise qui évolue bien sur le terrain.

De l’autre côté, la route nationale qui nous lie à la sous-préfecture de Pela devait se couper ; mais, nous avons encore mobilisé la population et ces points noirs ont été traités sur une longueur de 22 kilomètres.

Deux daleaus ont été construits dans la commune urbaine mais aussi nous avons fait trois radiers. Vous savez, la dégradation de la route part souvent des torrents, les croisements de routes qui n’ont toujours pas de buse et le fait que les eaux de ruissellement montent sur la route ; alors, ça dégrade fortement. Il fallait donc faire face à ça.

Nous avons construit un garage à la mairie ici car la mairie a été construite mais le garage n’a pas été implanté. On a construit un aquarium à côté qui abrite deux petits caïmans qui évoluent très bien quand même.

Les questions de salubrité sont capitales. C’est pourquoi, nous avons acheté un tricycle pour l’évacuation des déchets parce que jusqu’à présent Yomou n’a pas un dépotoir digne de ce nom. Qu’à cela ne tienne, nous avons aménagé un coin loin de la ville où se tricycle là dépose les ordures collectées en ville.

Guineematin.com : dans la commune urbaine de Yomou, quel sont les problèmes les plus épineux ?

Mathieu Kpogomou : ici, nous avons le problème de gouvernance. Comme je l’ai dit tantôt, il faut des structures de gestion.

Parmi ces problèmes, il y a la voirie urbaine, le problème d’assainissement, le manque de marché adéquat. Tout ça, c’est de nature à bloquer le développement. De l’autre côté, il y a les pistes rurales, nous avons onze villages qui relèvent de la commune urbaine de Yomou. Les productions agricoles de ces paysans doivent être drainées pour leur monétisation mais s’il n’y a pas de pistes rurales faibles c’est un peu compliqué.

Guineematin.com : au regard de tous ces problèmes, que compte faire la nouvelle équipe que vous dirigez ?

Mathieu Kpogomou : Dieu merci, nos budgets tiendront compte désormais non seulement des ODD (objectifs du développement durable) mais du PNDES (programme national du développement économique et social). Nous sommes obligés d’intégrer ces facteurs-là dans nos plans de développement ; et, Dieu merci, le ministère des Travaux publics vient encore décentraliser ces activités. Ça veut dire que non seulement nous en aurons en compétence mais aussi les moyens et les mesures d’accompagnement seront données. Nous allons nous atteler d’abord à l’ouverture, à l’entretien des pistes mais aussi de la voirie urbaine. Parce que si le paysan est satisfait, s’il peut écouler facilement ses produits ; alors, on dira Dieu merci.

Il y a la couche féminine qui est souvent laissée pour compte dans beaucoup de domaines. Nous voulons relever un peu le niveau de participation des femmes à la gouvernance et au développement. Il y a aussi ces femmes vulnérables qui constituent les femmes cheffes de ménage, nous voulons faire face à ces femmes là en leur donnant de petits projets d’élevage de petits ruminants pour que la femme toute seule arrive à faire face à ses besoins et aux besoins de ses enfants.

Sur le plan culturel, Yomou manque presque de tout. Si la jeunesse ne s’amuse pas, si la jeunesse n’est pas occupée, elle prend une orientation non souhaitée. Comme nous l’avons dit lors de notre campagne, nous allons faire face à la jeunesse. Des artistes de renommées nationales et internationales viendront ici et vont permettre à la jeunesse de s’amuser. Tout n’est pas amusement, il y aura aussi la formation. Nous voulons également que le téléphone soit enseigné aux jeunes filles en vue que le téléphone participe à leur formation.

Sur le plan de la communication, nous voulons également établir une liaison entre les districts, les secteurs et nous, en trouvant peut-être une flotte pour que l’information soit fluide. Parce qu’il faut reconnaître, il y a souvent par exemple des menaces de mort, Yomou est décrié et Yomou est mal vu dans ça mais parce que souvent l’information traîne.

Sur un autre plan, il y a la promotion humaine, la paix est un facteur important et Yomou a pris le coup je peux dire toute la décennie là. Nous allons nous atteler à la consolidation de la paix, c’est pourquoi nous allons penser mettre en place un conseil communal des sages qui sera formé aux mécanismes endogènes et traditionnels de résolution pacifique des conflits.

Il y a la sécurité, nous allons nous atteler avec la jeunesse à la sécurisation du citoyen et de ses biens. Nous allons mettre en place une police communale qui aura ses points focaux dans les districts et secteurs.

Au niveau de la salubrité, il faut mettre en place un programme pour d’abord enseigner les concepts clés de la salubrité aux citoyens.

Nous avons également le renforcement de l’autorité de l’Etat, nous allons travailler en synergie avec les gouvernants, avec les autorités administratives, avec les services techniques pour permettre à chacun d’asseoir ses bases tant au niveau des villages que des quartiers. Nous allons le faire de manière que personne n’empiète sur le rôle de l’autre mais que chacun émerge là où il doit poser ses actes.

Il y a deux facteurs importants du développement. Il y a en premier lieu la rédévabilité, il faut que nous rendions compte aux citoyens. Si le citoyen est bien informé sur son avoir, il aura comme conséquence la participation citoyenne. Voilà les deux cordes sur lesquelles nous allons jouer pour qu’il y ait une synergie d’action entre la population et nous conseil communal.

Nous allons nous appesantir sur l’emploi jeune. Quand on parle d’emploi jeune, tout le monde pense à l’Etat, non. Nous pouvons tendre la main à des ONG, à des institutions onusiennes ou autres pour venir former nos jeunes à l’auto-installation, à l’auto-entreprenariat ; donc, c’est un facteur important pour nous de former des jeunes à s’employer eux-mêmes.

Nous allons former les femmes, les organisations féminines à la gouvernance interne ; et ; là également c’est une préoccupation pour nous.

Guineematin.com : est-ce que vous avez un message à l’endroit de la population qui vous a porté devant sa mairie ?

Mathieu Kpogomou : le message est tout simple. C’est le soutien, leur conseil communal veut travailler ; mais, ne peut pas travailler tout seul. Nous demandons l’appui, la mobilisation des uns et des autres pour que le rêve devienne une réalité. Si nous sommes abandonnés à nous-mêmes, nous risquons de faire ce que nous voulons, ce qui ne se doit pas. Même si nous avons conscience du rôle qui nous incombe, nous sollicitons l’appui de la population, nous sollicitons l’appui des personnes de bonnes volontés, nous sollicitons l’appui des ressortissants qui constituent pour nous nos premiers bailleurs de fonds. Comme j’aime à le dire, le citoyen est le premier partenaire au développement et le premier bénéficiaire du développement.

Entretien réalisé par Siba Guilavogui, envoyé spécial de Guineematin.com à Yomou

Tél. : 620 21 39 77/662 73 05 31

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