Conakry : il est déclaré « non coupable » après 2 ans, 3 semaines et 4 jours de prison

Mohamed Lamine Fofana, ministre par intérim de la Justice
Mohamed Lamine Fofana, ministre par intérim de la Justice

Le maçon Seydouba Camara ne pouvait s’imaginer en ce début du mois d’octobre 2017 qu’une banale tentative de sauver des enfants allait lui coûter deux longues années d’incarcération. Pris pour un voleur d’enfants à Conakry, il a été mis aux arrêts et conduit à la maison centrale de Coronthie. Après avoir comparu pour enlèvement d’enfants au Tribunal Criminel de Dixinn, Seydouba Camara a été tout simplement innocenté et remis en liberté dans la journée d’hier, lundi 04 novembre 2019, rapporte un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

Placé sous mandat de dépôt le 09 octobre 2017, Seydouba Camara a été jugé pour enlèvement d’enfants au préjudice de dame Kadiatou Touré. Les faits pour lesquels le maçon était jugé se sont produits à ENCO 5, dans la commune de Ratoma.

Devant le juge Ibrahima Kalil Diakité, l’accusé a botté en touche les faits mis à sa charge. « Je suis maçon et j’avais un travail à faire à Sangoyah. Dès que j’ai fini, je suis allé me laver avant d’aller chercher ma copine, vendeuse de manioc. On avait rendez-vous, elle et moi, à ENCO 5. C’est là que je partais souvent pour consommer du thé. C’est sur le chemin du retour pour Sangoyah que j’ai vu des enfants en train de jouer devant une concession. Cela a coïncidé à l’arrivée d’un véhicule. Donc, j’ai tenté de protéger les enfants. Entre-temps, j’ai entendu une femme crier en disant que je veux faire un enlèvement d’enfants. Du coup, les jeunes de l’entourage sont massivement sortis. Mais, je n’ai pas pris la fuite ; car, je ne me reprochais pas de quelque chose. C’est de là que j’ai été conduit au commissariat », a-t-il expliqué.

Dans ses réquisitions, le ministère public, représenté par Daouda Diomandé, a estimé que les faits mis à la charge de l’accusé ne sont pas établis. Il a ainsi requis l’acquittement pur et simple de Seydouba Camara. « La dame avait avoué que c’est la clameur publique qui aurait dit que c’est Seydouba Camara qui voulait enlever son enfant. A partir des explications, vous comprenez que ce n’est pas un enlèvement et même la tentative d’enlèvement n’est pas établie. L’accusé ici présent n’a pas été pris avec un enfant. La partie civile s’est désistée finalement. Donc, ça prouve qu’elle n’a pas les preuves suffisantes pour accuser Seydouba Camara d’enlèvement d’enfants. Conformément aux dispositions de l’article 544 du Code de Procédure Pénale, je vous prie monsieur le président, de relâcher purement et simplement l’accusé des fins de la poursuite pour délit non constitué », a-t-il requis.

L’avocat de l’accusé, Me Mohamed Abou Camara, a remercié le ministère public pour ses réquisitions. Il a également plaidé non coupable, tout en insistant sur l’application de l’article 544 du Code de procédure Pénale.

Statuant sur siège, le juge Ibrahima Kalil Diakité a sans surprise déclaré Seydouba Camara non coupable des faits d’enlèvements d’enfants qui lui sont reprochés. Il recouvre ainsi la liberté après avoir passé deux ans, trois semaines et quatre jours de détention à la maison centrale de Coronthie.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tél. : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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