Conakry : immersion dans le quotidien des rabatteurs

Depuis de nombreuses années, un métier est apparu et se pratique à Conakry. On a appelle ses pratiquants les « Coksseurs ». Autrement dit des rabatteurs qui ont pour rôle de chercher des clients pour les conducteurs de taxis dans la ville. Appréciés par certains et décriés par d’autres, ces jeunes mènent une vie difficile même s’ils se disent fiers de vivre du fruit de leur travail, a appris un reporter de Guineematin.com qui est allé à leur rencontre.

Thierno Bah est venu de Pita. Pas instruit et n’ayant pas de métier, le jeune homme est venu à Conakry pour chercher un travail lui permettant d’avoir une vie meilleure que celle de son village natal. Et, quand il est arrivé dans la capitale, le premier travail qu’il a trouvé c’est celui de rabatteur.

« Je suis venu à Conakry pour chercher de l’argent pour pouvoir faire le commerce. Ainsi, j’espère changer ma condition actuelle. Je pense que ce métier n’est pas un mauvais métier, je préfère faire cela que d’aller voler », témoigne Thierno Bah.

Thierno Bah travaille au rond-point de Bambéto. Il s’y rend très tôt le matin et travaille jusqu’au soir. Son travail, c’est de chercher des passagers pour les conducteurs de taxis stationnés sur les lieux. Pour chaque véhicule rempli, il empoche 500 francs ou 1000 francs, selon le nombre de personnes embarquées et bien sûr l’humeur du chauffeur du véhicule.

Comme Thierno, de nombreux autres jeunes pratiquent ce métier de rabatteurs. On les retrouve dans tous les grands carrefours de la capitale. Sous le soleil, sous la pluie, ces « Coksseurs » se disputent les passagers. Aussitôt après avoir rempli un taxi et empoché la somme qui en découle, ils se tournent vers un autre. Et c’est ainsi tous les jours pour un revenu journalier qui dépasse rarement 25000 francs.

Conditions de travail difficiles, faible revenu, la vie est loin d’être facile pour ces rabatteurs. Et, ces derniers sont accusés aujourd’hui, à tort pour certains et à raison pour d’autres, d’être de simples délinquants à la recherche de la moindre occasion pour voler. Christine Haba, une habitante de Conakry, dit avoir déjà été victime d’eux au rond-point de Cosa. En colère, elle classe tous ces jeunes dans le même lot.

« Ce sont tous des bandits. En octobre dernier, je partais chez ma sœur à Matam. Arrivée au carrefour de Cosa, je me suis dit de l’appeler pour confirmer sa présence chez elle. C’est là qu’un des Coksseurs a pris mon téléphone et a fui. Ils étaient tous arrêtés derrière moi, s’ils n’étaient pas complices, ils allaient me prévenir avant que l’autre ne prenne mon téléphone. Ce sont tous des bandits », a-t-elle lancé.

Mais, Alpha Oumar Diallo, un autre rabatteur rencontré à Bambéto, n’est pas d’accord avec cette version. Il assure que les « Coksseurs » ne sont pas des voleurs. « C’est vrai que le plus souvent, les gens se méfient de nous et nous accusent de tout. Parfois tu les entends dire attrape ton sac, les enfants là sont des voleurs. Nous ne sommes pas des voleurs, ceux qui volent ne sont pas des Coksseurs », a-t-il laissé entendre.

Ce jeune homme évoque d’autres difficultés auxquelles les rabatteurs font face. C’est notamment le refus de certains chauffeurs de les payer : « Certains chauffeurs refusent de nous payer. Quand on remplit leur voiture, ils vous disent qu’ils viennent de sortir et nous demandent d’attendre le prochain voyage. Donc, si on pouvait avoir un syndicat pour mettre fin à toutes ces situations, ça allait vraiment nous aider ».

Salimatou Diallo pour Guineematin.com

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