Conakry : magistrats, avocats, officiers de police, journalistes… outillés sur les MGF

madame Loly Tinguiano, substitut du procureur du tribunal de première instance de Mafanco

Organisé par le département juridique de la banque mondiale, en collaboration avec le ministère guinéen de la justice, celui de l’autonomisation des Droits des femmes et l’institut de recherche sur la démocratie et l’Etat de droit (IRDED), un atelier de renforcement de capacité sur les mutilations génitales féminines (MGF) s’est tenue à Conakry hier, vendredi 02 juillet 2021. Cet atelier, financé par la Banque mondiale, a regroupé des magistrats, des avocats, des officiers de la police judiciaire, des représentants des organisations de défense des droits de l’Homme, des journalistes et des  médecins. Et, l’objectif de cette formation est de rendre ces acteurs plus efficaces dans la lutte et la répression des mutilations génitales féminines (MGF) en Guinée, a appris un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Au cours de cet atelier, un manuel de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) a été distribué aux participants. Un outil qui, selon Me Thierno Souleymane Baldé, avocat au barreau de Guinée et un des auteurs dudit manuel, permettra de mener efficacement la lutte contre les mutilations génitales féminines.

Me Thierno Souleymane Baldé, avocat au barreau de Guinée

« Vous savez, il y a des milliers et des milliers de jeunes filles qui sont victimes d’excision chaque année. Et, malheureusement, cela a un impact assez négatif dans leur vie quotidienne. Ça a un impact direct au niveau de la vie de ces femmes. Nous voyons beaucoup de couples qui divorcent, nous voyons beaucoup de femmes qui ont l’hémorragie pendant l’accouchement, nous voyons beaucoup de jeunes filles malheureusement qui meurent pendant l’excision. Donc, c’est vraiment des pratiques assez négatives, qui ont un impact pénible au niveau de la vie des femmes, et qui persiste encore de nos jours alors qu’elles n’ont absolument rien à voir avec la religion, contrairement à ce qu’on imaginait. Donc, l’objectif c’est d’avoir ces manuels qui vont être distribués aux magistrats, aux avocats, aux officiers de la police judiciaire pour les outiller afin de leur permettre de faire leur travail de manière beaucoup plus efficace », a dit Me Thierno Souleymane Baldé.

Selon Hadja Souadou Diallo, magistrate et conseillère technique au ministère de la justice, en dépit des avancées notoires dans le domaine de la protection des droits des jeunes filles en Guinée, des centaines d’entre elles continuent d’être mutilées chaque jour, aussi bien en milieu urbain que rural. Pour Hadja Souadou Diallo, « les résultats que nous avons obtenus ces dernières années risquent d’être remis en question si nous ne prenons garde en protégeant les jeunes filles contre les abus et les souffrance dont elles sont victimes au sein de la société », prévient-elle, ajoutant que plus de 94% des guinéennes sont aujourd’hui touchées par les MGF. 

Hadja Souadou Diallo, conseillère au ministère de la justice

« Ce sont autant de femmes et de filles qui portent la souffrance physique et mentale pour le reste de leur vie, lorsque leur excision n’a pas entraîné la mort. Les mutilations génitales féminines sont également un grave obstacle au développement. Les MGF n’affectent pas seulement les femmes et les enfants, mais tout le monde au tour d’eux. Notre seul choix est d’empêcher la pratique de MGF en premier lieu. Et, la loi a un rôle majeur à jouer dans la prévention des MGF. Un cadre juridique approprié, une meilleure connaissance de la loi et une meilleure application de celle-ci sont la clé pour mettre fin à cette pratique d’ici 2020-2030. L’élaboration de ce manuel juridique permettra d’informer les praticiens de droit les modalités d’application des dispositions des instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux mutilations génitales féminines d’une manière plus large », a indiqué Hadja Souadou Diallo.

Au sortir de cette formation, Joséphine Loly Tinguiano, substitut du procureur près le tribunal de première instance de Mafanco, a laissé entendre que cet outil qui vient d’être mis à leur disposition leur permettra d’être plus efficace dans la répression des violences basées sur le genre.

Madame Loly Tinguiano, substitut du procureur du tribunal de première instance de Mafanco

« En ma qualité de substitut du procureur de Mafanco, en tant que représentante du ministère public, nous sommes au cœur de la répression dans le cadre de la lutte contre toutes les formes de violences basées sur le genre. Quand on parle de violences basées sur le genre, il y a beaucoup plus d’infractions, notamment les MGF, les cas de viol, les cas de harcèlement moral et tant d’autres infractions. Donc, cette formation me permettra de renforcer mes capacités et d’être mieux outillée dans le cadre de la répression efficace sur les violences basées sur le genre », a expliqué Joséphine Loly Tinguiano.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620589527/664413227

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