Conakry : un rassemblement d’opposants à un 3ème mandat dispersé par la police

Un rassemblement d’opposants à une modification de la constitution qui vise à octroyer un 3ème mandat au président Alpha Condé a été dispersé par la police hier, dimanche 16 juin 2019, à Conakry. Plusieurs personnes dont un journaliste ont été blessées et au moins deux autres ont été interpellées, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Plusieurs acteurs politiques de l’opposition, des activistes de la société civile et d’autres citoyens engagés dans la lutte contre un troisième mandat en Guinée étaient réunis dans l’après-midi de ce dimanche, 16 juin 2019, au siège de la Maison des Associations et ONG de Guinée, situé à Yimbaya marché, dans la commune de Matoto. C’était pour lancer officiellement le mouvement « AMOULANFE » (ça ne marche pas). Mouvement opposé au projet de changement de constitution prôné par les autorités guinéennes et dont l’objectif est de permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat en 2020.

Mais, à la fin des discours, et au moment où les artistes présents faisaient leur prestation, deux pick-up de la Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité (CMIS) de Matoto sont arrivés sur les lieux. Ils ont débarqué une dizaine d’agents à la rentrée principale du siège. Pris de panique, plusieurs jeunes ont escaladé le mur pour se sauver, tandis que d’autres se sont enfermés dans les locaux. Dans la cour, les policiers ont interpelé au moins deux personnes avant de pulvériser le siège de gaz lacrymogène.

Il a fallu la sortie du vice maire de la commune de Matam, Badra Koné, pour que les policiers quittent les lieux avec les deux personnes interpellées. Quelques minutes plus tard, ils sont revenus avec un troisième pick-up en renfort. Mais, cette fois, les agents n’ont trouvé personne sur les lieux.

Interrogé sur cette situation, le coordinateur national de la Maison des Associations et ONG de Guinée et coordinateur du mouvement « Brassards rouges », Lansana Diawara, a dénoncé une attaque barbare, avant de déclarer que rien ne va les arrêter dans leur combat. « On a été attaqué de la façon la plus barbare dans l’enceinte même de notre maison par des hommes en uniforme qui ont arrêté certains parmi nous et blessé d’autres. Ils ont lancé du gaz lacrymogène et des injures sur nous.

Mais, ceux qui veulent se prêter à cette intimidation, qu’ils comprennent que nous n’allons pas céder. Nous irons jusqu’au bout. On s’attend à pire que ça. Des arrestations, des assassinats ciblés ou encore des intimidations, nous en sommes convaincus ; mais, qu’ils comprennent que c’est peine perdue. Nous disons au Président Alpha Condé et les gens qui sont autour de lui et qui veulent lui faire croire qu’il a la possibilité d’avoir un 3ème mandat, qu’ils se trompent », a-t-il dit.

En ce qui concerne les personnes arrêtées, l’activiste de la société civile dit ignorer leurs identités. Il promet tout de même que des démarches seront menées pour leur libération et qu’une enquête sera aussi ouverte pour dénicher les commanditaires de leur agression dans leurs propres installations. « On a été attaqués au sein de la maison des associations. On n’était pas dans la rue, ni dans un espace public. Ça veut dire que le pays va mal et qu’il est en train de déraper», estime-t-il.

Lansana Diawara annonce également une intensification de leurs actions sur le terrain dans les jours à venir parce que, dit-il, ils n’ont plus droit au recul. « L’un des piliers essentiels de la société civile, c’est la résistance. Et, nous allons mener cette résistance jusqu’à mettre hors d’état de nuire ces délinquants politiques, ces imposteurs, ces délinquants économiques qui veulent nous prendre en otage », conclut-il.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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