Condamnation de 8 opposants à Conakry : « c’est Balla Moussa du RPG qui devait être condamné »

Comme annoncé dans nos précédentes publications, huit membres du Conseil National des Jeunes (CNJ) de l’UFDG ont été condamnés hier, lundi 14 janvier 2019, par le Tribunal de Première Instance de Kaloum. Ils ont écopé de 7 jours de prison ferme (le temps mis en prison) et le payement d’une amende de 300 mille francs guinéens chacun. Ces 8 jeunes du principal parti d’opposition du pays ont été arrêtés le 07 janvier dernier pour avoir manifesté devant le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation pour réclamer l’installation de Kalémodou Yansané à la mairie de Matoto.

Même si les opposants ont recouvré leur liberté après 7 jours de détention, leur avocat, maître Salifou Béavogui, dénonce une injustice à leur égard et promet de se battre en appel pour ne pas que leurs casiers judiciaires ne soient salis.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous le décryptage :

Il faut simplement retenir que nous venons de sortir d’un procès d’injustice, un procès qui ne devait pas avoir lieu. C’est un procès qui a mis en prise des innocents et l’appareil judiciaire. Un procès qui n’en valait pas la peine. C’est un procès dans lequel, les victimes sont transformées en auteurs. Il y a eu du deux poids, deux mesures. Que s’est-il passé ? Vous vous souviendrez tous qu’à Matoto, l’élection de l’exécutif communal s’est tenue dans les conditions régulières et cette élection a donné vainqueur, au vu et au su de tout ce que nous apprenons, à celui que nos clients étaient venus soutenir devant le ministre de l’Administration du territoire avec une pancarte sur laquelle était précisé le nom du vainqueur.

Autrement dit, c’est un sit-in qui a été organisé et qui est prévu par la loi. Il n’a pas besoin d’information, ni même d’autorisation et au pire des cas, on somme les personnes qui se sont retrouvées pour qu’ils libèrent le lieu. On n’avait pas besoin de procès, mais malheureusement, nos clients ont été arbitrairement arrêtés, arbitrairement entendus et arbitrairement jetés en prison. Ils viennent d’être jugés et il a fallu que la défense se batte contre vents et marées pour obtenir leur liberté puisqu’ils ont été condamnés à sept jours de prison et à 300.000 GNF d’amende. Tout cela me fait honte et me fait peur.

Dans ce procès, on a laissé le bon Dieu de côté et on s’est attaqué au prophète. Celui qui a troublé le processus électoral, celui qui, à la face du monde, a pris la responsabilité de venir interrompre le processus électoral et qui a plongé toute une commune aujourd’hui dans le désarroi ; qui a plongé toute une communauté en difficulté devait répondre. C’est lui qui devait être à la barre aujourd’hui. Mais, en lieu et place, ce sont les innocents qu’on a arrêtés et qui étaient simplement venus protester dans l’honneur, dans la dignité, dans le respect des textes de lois. Ils ont été arrêtés, conduits en prison et jugés.

Pour nous la défense, c’est une victoire parce que finalement nos clients ont été libérés et nous continuerons à mener le combat. Chaque fois qu’un innocent est en prison, nous le défendrons contre vents et marées. Nous relèverons appel contre cette décision parce que c’est des innocents qui ont vu leurs casiers judiciaires entamés. Certes, l’amende sera payée, ils seront sortis aujourd’hui de prison ; mais, nous relèverons appel.

Propos recueillis par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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