COP 21 : Guineematin dans les deux grandes décharges de déchets qui polluent Conakry

Décharge des déchets à Conakry.jpg 1Dans les quartiers Kénien et Dar-Es-Salam 2, des grandes décharges de déchets exposent les populations environnantes à toutes sortes de maladies. Au moment où nos dirigeants participent à la  COP21 à Paris qui, on le sait, n’apportera pas grand-chose au calvaire des Guinéens, les citoyens qui habitent aux alentours de ces décharges se demandent à quand la fin de leur calvaire. Un reporter de Guineematin.com y a fait le tour pour donner la parole à ses compatriotes.

Témoignages

Mamadouba Camara est un soudeur et habite à 50 mètres de la  décharge de Kénien, un quartier situé dans la commune de Dixinn. « Ici, tout le monde est malade. Nous ne pouvons pas ouvrir complètement nos portes et les fenêtres. Si ce n’est pas la fumée, c’est de l’odeur nauséabonde. C’est pourquoi, si je sors, je n’ai pas la volonté de revenir tôt. J’essais de prolonger mon programme », a-t-il expliqué.

A Dar-Es-Salam, nous avons rencontré d’autres citoyens exaspérés par la proximité de leurs habitations à une décharge où sont déversées de très grandes quantités de déchets qui sont produits un peu partout dans les ménages de la ville de Conakry.

Mariama Bah est une jeune mère. Elle dit être installée ici parce qu’elle n’a aucune solution pour faire quitter sa modeste famille et aller s’installer dans un autre quartier plus sain. « Je suis chez mes beaux-parents avec mon mari qui, honnêtement, ne compte pas quitter cette zone où il dit être né pour partir loger dans un autre quartier. Je suis vraiment consciente qu’on court assez de risques sanitaires et autres. Je prépare dans la maison avec une très petite ouverture de la porte ; mais, les fenêtres sont fermées. Pour les habits, ils sont aussi suspendus dans la maison après la lessive. Nous souffrons à tout moment de multiples maladies comme le rhume et des maux de tête qui sont fréquents dans la famille. On reste très rarement dehors à cause de ça…», a-t-elle dit à Guineematin.com ce jeudi 3 décembre 2015.

Pour sa part, Ibrahima Diop soutient qu’il est inconcevable que cette population continue d’être  embêtée par les ordures en cette période d’épidémie d’Ebola. «On est vraiment déçu ici ! Toutes les ordures de Conakry sont déversées ici. Dès fois, on trouve  même des chiens morts, des bras humains,  des corps de  bébés, des fœtus, de la viande pourrie et des boites de conserves périmées. C’est tout ça et plus d’autres déchets toxiques qui se brûlent et nous polluent l’environnement régulièrement ici. Je m’inquiète pour ma vie, mais celle de mes enfants me préoccupe de plus», a-t-il expliqué.

Amara Camara est un plombier. Au micro de Guineematin.com, il affirme qu’en saison sèche, lui et ses voisins sont victimes de poussières, des envolées de plastique et la présence massive de mouches. « La décharge n’est pas du tout clôturée, elle est accessible à tout le monde et en tout temps. De nombreux récupérateurs fouillent sans aucune précaution les déchets à la recherche des matériaux probablement recyclables », rappelle-t-il.

Pour citer toujours les conséquences de cette décharge, Alpha Bah, laborantin et citoyen du quartier regrette que le manque d’eau potable pousse certaines familles à prendre des risques énormes. « Le manque d’eau potable amène certains ménages à utiliser les eaux de puits aux alentours de cette décharge. Ce qui expose ces gens à des maladies telles que la diarrhée, le choléra et la dysenterie, etc.».

Abordant le cas des enfants et de ces certaines femmes qui se mettent souvent à chercher des  objets recyclables dans cette poubelle géante, il  révèle qu’ils  sont souvent victimes des blessures qui peuvent engendrer des maladies comme certaines infections graves, par exemple l’hépatite B dont les conséquences peuvent être mortelles.

Yacine Sylla pour Guineematin.com

Tél. : (+224) 628 71 71 56

Facebook Comments Box