Couvre-feu : les forces de sécurité accusées d’exactions sur des boulangers à Cosa

Depuis l’entrée en vigueur du couvre-feu nocturne instauré par le président Alpha Condé, les accusations contre les forces de sécurité se multiplient à Conakry et dans certaines localités de l’intérieur du pays. C’est notamment à Cosa, en banlieue de la capitale guinéenne, où des boulangers se plaignent d’exactions perpétrées par des agents en uniforme, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Instauré dans le but de limiter la propagation du coronavirus en Guinée, le couvre-feu nocturne (de 21 heures à 5 heures du matin) peine à montrer son efficacité. Car, la maladie poursuit sa progression dans le pays, avec de nouveaux cas qui sont déclarés chaque jour. Pendant ce temps, de nombreux citoyens souffrent des conséquences négatives de cette mesure. C’est le cas de Yaya Diallo, boulanger au secteur Bantounka 1, dans la commune de Ratoma. Il accuse les agents de sécurité, chargés de faire respecter le couvre-feu, de s’introduire dans ses boulangeries pour y commettre des exactions.

Yaya Diallo, boulanger au secteur Bantounka 1

« Depuis l’instauration de ce couvre-feu, nous souffrons beaucoup, parce que nous travaillons la nuit alors que les mouvements des personnes sont interdits à partir de 21 heures. Nous respectons la décision des autorités, mais ce qui nous fait beaucoup peur, c’est le fait que des hommes en uniforme font souvent irruption dans nos boulangeries. Il n’y a pas longtemps, ils sont venus nous agresser ici. Dans ma seconde boulangerie, située non loin d’ici, ils sont rentrés là-bas également.

La nuit dernière aussi, ils ont trouvé mes travailleurs en plein sommeil, mais ils les ont fouillés et ont emporté leurs téléphones. C’est pareil dans cette boulangerie où vous m’avez trouvé ce matin. Cette situation nous fait peur et nous sommes mal à l’aise parce que c’est eux qui sont censés nous protéger. Sinon, même en temps de guerre, le boulanger, le médecin et le journaliste sont épargnés. Mais ici c’est le contraire. On est vraiment inquiets. Parfois, ils viennent molester certains de nos travailleurs, et cela s’est passé au moins quatre fois », a-t-il confié.

Ces descentes répétées des agents de sécurité dans ses boulangeries ont rendu compliqué le travail de ce citoyen. A cela s’est ajoutée la décision du gouvernement de fermer tous les marchés à 16 heures. Un autre problème pour Yaya Diallo. « La fermeture des marchés nous pose également des soucis. Parfois, il se trouve que nous sommes en manques de bois, de levure, du sel et d’autres ingrédients. Si tout est fermé, on n’a pas là où se procurer de ces éléments manquants. Donc, ça joue sur notre travail », a laissé entendre ce boulanger.

Mamadou Oury Diallo, boulanger à Démoudoula

Et il n’est pas le seul à se plaindre. Mamadou Oury Diallo, un autre boulanger qui travaille au quartier Démoudoula, dans la commune de Ratoma, dit être impacté négativement par la fermeture des marchés à 16 heures. « Puisque nous sommes un peu éloignés de la grande route, Dieu merci on est épargnés des exactions. Mais beaucoup de nos collègues de travail sont victimes des forces de l’ordre. Certains sont frappés et même dépossédés de leurs biens. Chez nous ici, on est épargnés. Seulement, nous connaissons une paralysie de nos activités. Nos clients qui vendaient vers la soirée rentrent à partir de 16 heures maintenant. Du coup, celui qui prenait 20 miches de pains, ne prend désormais que 10. Et ceux qui prenaient entre 30 et 50 pains ont réduit à 20 ou 25 pains », soutient-il.

Ces boulangers demandent aux autorités de prendre des dispositions nécessaires pour assurer leur sécurité pour qu’ils puissent continuer à travailler.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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