Covid-19 à Conakry : les fleuristes d’ENTAG écartelés entre sécheresse et manque de clients

Depuis l’apparition de la maladie du Covid-19 en Guinée, tous les secteurs d’activités sont éprouvés. De l’administration centrale au secteur informel, les activités tournent au ralenti, plongeant les citoyens dans une crise économique profonde. Pour les fleuristes et autres aménagistes, la saison sèche vient porter un autre coup dur à leurs activités.

Du manque d’eau à la rareté de la clientèle, ces « éleveurs » de fleurs tirent le diable par la queue. Pour certains fleuristes rencontrés à la forêt classée d’ENTAG, dans la commune de Matoto, l’apparition du coronavirus et la saison sèche qui tire à sa fin ont sérieusement joué sur leurs activités, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Bafodé Bangoura, fleuriste et aménagiste à la forêt classée d’Enta

Pour Bafodé Bangoura, fleuriste et aménagiste, le marché des fleurs traverse une période particulièrement difficile, liée notamment au manque d’eau et à la rareté des clients. « Vous savez, c’est la saison sèche, on est obligé d’arroser les fleurs et les plants que nous avons ici. Mais, nous sommes confrontés au manque d’eau qui ne vient que deux fois par semaine. Nous n’avons pas d’autres sources d’eau, nous utilisons l’eau du robinet et là aussi ça vient seulement les mardis et jeudis. A cela s’ajoute le manque de clients à cette période de la saison. Les gens viennent acheter des plants et des fleurs seulement pendant la saison des pluies, parce que là, ils ont la garantie que leurs plants vont pousser sans difficultés. Mais à l’heure-là, c’est à peine que nous vendons quelques fleurs ; les petits plants ne sont même pas demandés. Et les fleurs aussi, les gens n’osent pas en acheter beaucoup parce que ça nécessite un suivi et de l’arrosage en cette période », se plaint-t-il.

Pourtant, ces fleuristes affirment assister le ministère de l’Environnement dans le reboisement et le maintien de la forêt classée d’ENTAG. « Nous aidons le ministère de l’environnement à reboiser cette forêt de tous les deux côtés. Chaque année, nous offrons 100 à 150 plants pour le reboisement. Nous veillons aussi à ce que la forêt ne soit pas détruite. Chaque fois qu’un arbre tombe, nous le remplaçons sans attendre. A certains moments, nous n’acceptons même pas que les gens y accèdent parce que certains peuvent mettre le feu sans se rendre compte. On ne permet pas aussi que les gens viennent mettre des ordures ici, parce que ce n’est pas loin du marché et des habitations. Dès que cela commence, toute la forêt sera envahie en peu de temps. Surtout, il y a des constructions aux alentours que nous signalons automatiquement à la commune », a-t-il fait savoir.

Autre difficulté relevée par ces fleuristes, c’est les rackettes des agents des eaux et forêts de la commune de Matoto. Selon Moussa Camara, ils sont souvent menacés de déguerpissement par des agents qui se disent être envoyés par la commune. « A tout moment, nous recevons la visite des agents qui se disent être travailleurs du service des eaux et forêts de la commune. Ils nous menacent de nous déguerpir des lieux et peu après, ils reviennent encore nous demander de l’argent pour, disent-ils, calmer les chefs. En ce moment même, nous avons ce problème qui n’est pas encore résolu. Ils sont passés il n’y a pas longtemps. Chaque année, c’est comme ça, ils peuvent passer 3 à 4 fois. Et nous sommes obligés de payer. Ces dépenses sont différentes des taxes, des factures et autres redevances que nous payons à la commune chaque fois ».

En attendant le retour de la saison des pluies, les fleuristes d’ENTAG se disent soulagés par l’annulation du paiement des factures d’eau annoncée dans le plan de riposte économique du gouvernement contre le Covid-19.

Alsény KABA pour Guineematin.com

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