Covid-19 : déclaré guéri, le journaliste Mognouma Cissé raconte son aventure à Guineematin

Lamine Mognouma Cissé, directeur général adjoint de la radio Djigui FM

Alors que le Covid-19 se propage à une vitesse inquiétante en Guinée, des personnes testées positives sont entrain de sortir du Centre de Traitement Epidémiologique (CTE) de Donka. C’est le cas de certains journalistes qui ont rejoint leurs domiciles, déclarés négatifs au virus. Dans ce lot, on retrouve Lamine Mognouma Cissé, directeur général adjoint de la radio Djigui FM, sorti d’hôpital dans la soirée d’hier, vendredi 17 avril 2020. Joint au téléphone ce samedi, Mognouma Cissé est revenu sur plusieurs questions liées à son séjour à Donka.

A la date d’hier vendredi, la Guinée comptait 477 cas confirmés de coronavirus, pour 3 décès et 59 guéris. Parmi ces guéris, figurent des confrères comme Aboubacar Diallo (Groupe Hadafo Médias), Mamadou Oury Diallo (Gangan RTV), Boubacar Sanso Barry (Ledjely.com) et Lamine Mognouma Cissé. Ce dernier est largement revenu sur ce qu’il a vécu au CTE de Donka et sur son état d’esprit après cette terrible épreuve.

Guineematin.com : vous venez d’être déclaré guéri du coronavirus. Comment vous sentez-vous ce samedi ?

Lamine Mognouma Cissé : je me sens très bien avec le sentiment d’avoir retrouvé les miens, la famille, les amis et les proches. Ce n’est jamais évident, même si on ne se plaint pas, mais quand on est loin de la famille et des proches, on est à l’hôpital, des fois on n’est jamais serein. Surtout qu’on voit tous les jours des malades défilés et on entend parler de morts d’une maladie dont on ne prédit pas être totalement guéri. Moralement, ça joue. Mais, je me sens bien. C’est vrai, il y a très longtemps que je ne me plaignais de rien. Mais, j’attendais que les médecins me disent que je n’ai plus le Covid-19 justement pour sortir et rentrer à la maison. C’est ce qui a été fait à l’issue du deuxième test. Le premier test est revenu positif et donc, j’ai patienté et mon séjour a été prolongé. Dieu merci, au deuxième test, on m’a annoncé que je suis négatif.

Guineematin.com : plusieurs personnes se demandent aujourd’hui quelle est la différence entre le Covid 19 et les autres types de maladies que nous connaissions avant…

Lamine Mognouma Cissé : personnellement, avant que je ne sois admis à Donka, j’étais malade. J’ai passé plus d’une semaine à la maison. Je suis passé dans deux centres et on m’a diagnostiqué le paludisme et j’ai pris les produits contre cela. Malheureusement, ça calmait par moment et ça reprenait plus tard. Donc, je faisais de très grosses fièvres. Personnellement, j’avais des céphalées, des maux de tête atroces et puis la courbature et je n’avais pas d’appétit. Jusqu’au moment où j’ai été admis à Donka, je n’avais pas du tout d’appétit. Je ne mangeais pas. Je m’efforçais à boire beaucoup parce qu’on m’a dit de boire. Partout où je suis passé dans les deux centres de santé, on m’a dit de boire beaucoup. Et puis quelques fois, je toussais. C’est d’ailleurs quand j’ai été dans un centre de santé à Nongo, le médecin ayant remarqué ces symptômes, m’a conseillé d’aller faire mon test à Donka. C’est à la suite de ça que je suis allé faire mon test le mardi et entre-temps je me suis retourné pour voir le même médecin pour dire que ça ne va pas et que j’ai toujours la fièvre, je ne mange pas. Il m’a dit d’attendre que mon résultat sorte et après qu’il pourrait bien s’occuper de moi. Ça, c’était le vendredi que je devais me retourner le voir et le jeudi soir on m’a appelé pour m’annoncer que j’ai le Covid 19. Et ça, je n’étais pas trop surpris. Ça a été pour moi comme un soulagement et quand je suis parti, très sincèrement, les choses se sont améliorées trois jours après.

Guineematin.com : comment votre prise en charge s’est passée ?

Lamine Mognouma Cissé : vous savez que quand nous nous partions, on n’était pas nombreux. Surtout le nouvel immeuble qu’occupent actuellement les malades, on a été les tous premiers locataires. Imaginez un peu ce que ça pouvait faire. Les choses n’étaient pas bien préparées parce que ça a été décidé tardivement de mettre à la disposition de l’ANSS cet immeuble parce que le centre des maladies infectieuses où nous nous trouvions était presque plein. Donc, nous on a déménagés au nouveau centre. Il y avait beaucoup de choses à faire. Il fallait par exemple mettre le courant et donc les deux premiers jours n’ont pas été faciles. Il faut le comprendre et faire avec. Mais ce qu’il faut noter, c’est le côté hygiène. Il faut l’améliorer. Les gens font ce qu’ils peuvent et je vous assure que les choses sont en train de s’améliorer. Si non, quand on arrivait, l’hygiène n’existait presque pas. On pouvait rester pendant 4 à 5 jours dans un seul drap sans qu’il ne soit changé. Maintenant, ils font l’effort de changer. Pas tous les jours ; mais, chaque 2 à 3 jours ils peuvent changer. Les toilettes sont nettoyées ainsi que les couloirs ; mais, ce n’est pas tous les jours qu’on change les draps. L’autre préoccupation, c’est le mangé. On fait des efforts ; mais, jusqu’à présent ce n’est pas encore atteint. Le petit déjeuner, c’est jusqu’à 9 heures. Donc, pour quelqu’un qui doit prendre les produits à 8 heures, c’est compliqué. Et même ça, c’est des efforts qu’ils ont fournis parce qu’avant, on pouvait attendre jusqu’à 11 heures voir 12 heures pour le petit déjeuner. C’est pour dire que les choses sont entrain de s’améliorer petit-à-petit.

Guineematin.com : est-ce qu’on vous a expliqué si une personne déclarée guérie du coronavirus peut de nouveau contracter le virus ?

Lamine Mognouma Cissé : on nous a dit qu’on ne peut pas être malade du Covid mais qu’on peut bien contracter le virus. On peut également contaminer ; mais nous, on ne peut pas être malade. Donc, ce qui fait que nous sommes obligés de respecter les gestes barrières même à la maison. Nous, nous ne pouvons plus tomber parce qu’on est immunisé contre la maladie ; mais, on peut être un porteur saint et on peut contaminer notre environnement. Et notre environnement qui n’est pas immunisé pourrait évidemment subir les affres de la maladie. Ce qui fait qu’on est obligé, par conscience humaine, de nous protéger pour ne pas contaminer les autres.

Guineematin.com : quel est le mot de la fin ?

Lamine Mognouma Cissé : le message, c’est de remercier les confrères journalistes et ça je mets un accent particulier là-dessus. Je vous dis que tous les journalistes des différents médias (presse en ligne, radio, télévision) tous m’ont témoigné leur soutien et leur compassion. Et c’est quelque chose qui m’a beaucoup marqué et qui m’a permis de tenir. Il y a également des proches, des amis et même de l’administration publique et privée, au sommet de l’Etat, des acteurs politiques, tous m’ont appelé. Ça, je tiens à le préciser et je pense que c’est une très bonne chose. Merci à vous et je souhaite prompt rétablissement aux autres malades.

Entretien réalisé par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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