Covid-19 en Guinée : arrêt du dépistage en masse et vers des conduites à tenir moins onéreuses

Dr. Kaba Kourouma, responsable du Laboratoire National de la Santé Publique
Dr. Kaba Kourouma, responsable du Laboratoire National de la Santé Publique

« Il est recommandé aux malades de se reposer et dormir, de rester au chaud et de boire énormément d’eau et du kinkéliba, la citronnelle ou une boisson d’Eucalyptus (Eucalyptus viminalis). Il est aussi conseillé d’utiliser un humidificateur d’air ambiant ou une douche à l’eau chaude pour diminuer le mal de gorge et la toux. Certains même, avec le simple repos et le respect des mesures d’hygiène, ils peuvent guérir. Mais, il faut éviter le contact avec les malades »

Face à la propagation vertigineuse du Covid-19 en Guinée, avec une courbe ascendante qui a atteint les 250 cas positifs à la date du 11 avril, 2020, le gouvernement guinéen, à travers l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire (ANSS) a décidé d’adopter une nouvelle stratégie pour contrer la pandémie. Interrogé par un reporter de Guineematin.com, le responsable du Laboratoire National de la Santé Publique, Dr Kaba Kourouma, l’un des universitaires impliqués dans la mise en place de la stratégie de lutte contre le Covid-19, a expliqué les raisons de l’arrêt du dépistage en masse de la maladie, entamé au début du mois d’avril.

« Vu que le stock de tests disponible est limité, la décision a été prise d’arrêter le dépistage en masse. Désormais, les tests seront faits pour les malades confirmés, les contacts, et les missionnaires au départ de Conakry pour l’intérieur du pays ».

Le Coronavirus, un virus connu avant 2019

Selon ce scientifique, les coronavirus ne sont pas nouveaux. Généralement, ils sont connus à travers le groupe des virus grippaux (Coronavidae, stras, influenzae, etc.). Et ils n’étaient pas pathogènes. Le passage de l’animal (Pangolin, Chauve souris, etc.) à l’homme les a rendus pathogènes. Mais, la nouveauté, c’est le Covid-19 (nouveau coronavirus) dont la dangerosité a démenti les pronostics des spécialistes et mis en cause les procédés de traitement connus jusque-là. Ce type de coronavirus est devenu pathogène chez l’homme. « Le Covid-19 est diagnostiqué par une méthode appelée RT-PCR (reverse-transcriptage-protéine-chaîne-réaction). Sa spécificité c’est d’amplifier l’ARN (Acide Rubo Nucléique) du virus pour sa détection, l’un des deux principaux constituants des gênes. Sa zone de prédilection, c’est les poumons. Une fois dans les poumons, il s’intègre aux cellules pulmonaires qui se chargent de sa multiplication envahissant ainsi plus facilement et plus rapidement l’organisme », a expliqué Dr Kaba Kourouma, qui est maître de conférences à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry.

Comment traiter les malades du Covid-19 ?

Actuellement, il n’y a aucun protocole de traitement standard approuvé par les scientifiques contre le Covid-19. Cependant, les médecins multiplient les efforts pour sauver les patients porteurs du virus. « D’abord, pour diagnostiquer les malades du Covid-19, plusieurs protocoles sont utilisés. Il s’agit du protocole chinois, allemand (Berlin), Institut Pasteur (Paris), Hong Kong et le protocole américain (USA). La Guinée utilise actuellement le 1er de ces protocoles, à savoir le protocole chinois qui consiste à faire des prélèvements dans le nez et dans la gorge (ou les prélèvements oro-naso-pharyngaux) et cibler deux gènes du virus. De même, pour le traitement, en attendant de trouver un produit reconnu par les différents laboratoires, nous utilisons en Guinée un protocole variant d’un patient à l’autre, incluant médicalement le plaquenyl 200 mg associé à un macrolide et un antirétroviral. Et, c’est l’effet anti-inflammatoire du plaquenyl, comme dans les polyarthrites, qui est mis en jeu pour contrer l’inflammation dans les poumons », a souligné Dr KABA Kourouma. Sans oublier l’oxygénothérapie.

Le Covid-19 est dangereux pour les fumeurs chroniques

Le Covid-19 est une maladie virale. Il s’attaque principalement aux voies respiratoires avant de détruire les cellules pulmonaires. « Le Covid-19 est surtout dangereux pour les fumeurs chroniques, les diabétiques ou ceux qui ont des problèmes de reins ou d’hypertension. La co-morbidité est un facteur d’aggravation de l’infection. Sinon, pour le reste, il est facile à guérir avec une immunité initiale normale. Il est recommandé donc aux malades de se reposer et dormir, de rester au chaud et de boire énormément d’eau et du kinkéliba, la citronnelle ou une boisson d’Eucalyptus (Eucalyptus viminalis). Il est aussi conseillé d’utiliser un humidificateur d’air ambiant ou une douche à l’eau chaude pour diminuer le mal de gorge et la toux. Certains même, avec le simple repos et le respect des mesures d’hygiène, ils peuvent guérir. Mais, il faut éviter le contact avec les malades », a-t-il indiqué.

Pour endiguer la maladie, la Guinée envisage d’utiliser les gros moyens

Selon nos informations, il est envisagé très prochainement de lancer des campagnes de dépistage en masse dans tout le pays. Les préparatifs seraient en cours. Pour ce faire, l’ANSS pourrait évaluer des tests rapides sensibles à plus de 95% avant leur utilisation pour négliger le nombre de taux positifs ; des tests à lecture rapide de 4 à 6 mn contre actuellement 4 à 6 heures et à partir d’un prélèvement sanguin par des équipes mobiles.

En attendant la mise au point de ce dispositif, il n’est pas exclu, si la situation l’exige, que des mesures plus draconiennes de confinement soient envisagées par les autorités. Le taux de confirmation est actuellement élevé malgré des efforts de guérison et l’absence de décès. Des villes pourraient être confinées, ne serait-ce que de façon alternative pour disloquer les chaînes de transmission du virus. « Mais pour l’heure, le confinement doit être renforcé à Conakry tout en encourageant l’observation stricte des mesures de barrière, le lavage régulier des mains avec de l’eau et du savon et la distanciation sociale », a conseillé le responsable du Laboratoire National de la Santé Publique qui s’est gardé de parler d’atteinte ou non du pic de la maladie à 250 cas positifs.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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