Covid-19 en Guinée : le calvaire des laveurs de véhicules en saison sèche

La pandémie du Covid-19 se répand chaque jour un peu plus, affectant sérieusement les activités socioéconomiques. En Guinée, le secteur informel est mis à mal par la crise sanitaire avec une baisse systématique du revenu. Pour les acteurs évoluant dans le lavage de véhicules, le problème est double. En plus des difficultés causées par la maladie, le manque d’eau est l’autre casse-tête chinois qui les affecte. Interrogé à ce sujet par un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier, jeudi 23 avril 2020, Abdoulaye Traoré de Matoto n’a pas caché le calvaire qu’il endure actuellement dans l’exercice de cette activité.

Chez les gérants de lavage de véhicules, les effets du Covid-19 et du manque d’eau se font ressentir avec acuité. En plus de la méfiance et de la rareté de la clientèle, le manque d’eau les pousse à recourir à l’eau de la Société des Eaux de Guinée (SEG), qui connait des coupures régulières.

Abdoulaye Traoré

Abdoulaye Traoré exerce son activité de laveur de véhicule à Matoto, avec d’énormes soucis. « Actuellement, nous ne travaillons presque pas, il n’y a pas de clients. A cause de cette maladie, nos clients ne viennent pas et nous-mêmes nous avons parfois peur parce qu’on ne sait pas si une personne est contaminée ou non. Le virus peut être partout. Même la voiture qu’on entend laver, il peut être à l’intérieur. Le peu de voitures que nous recevons aussi, nous avons des problèmes à les laver par manque d’eau. Avec la saison sèche, nous nous tournons vers la SEG pour avoir de l’eau. Mais, l’eau de la SEG ne vient pas tous les jours. Et parfois aussi, tu peux rester en plein travail, on coupe l’eau. C’est extrêmement compliqué, car ça peut coïncider qu’il y a du savon un peu partout sur le véhicule du client ».

Pour pallier à cette difficulté liée au manque d’eau, Abdoulaye Traoré dit avoir cherché une alternative. Avec ses collaborateurs, ils ont construit un bassin servant de réservoir d’eau qu’ils remplissent à chaque fois que l’eau revient au robinet. « Puis que le manque d’eau nous fatigue beaucoup, nous avons pensé à construire un bassin d’eau ici. Chaque fois, nous le nettoyons. Comme ça, quand il y a l’eau à la pompe, nous le remplissons et quand l’eau part à la pompe, c’est ce que nous utilisons pour nos travaux. Généralement, il n y’a pas d’eau les lundis, jeudis et samedis. Pour ces jours, nous utilisons exclusivement l’eau du bassin. Et les autres jours aussi, il y a des heures où on ne trouve pas d’eau à la pompe. C’est cette eau qu’on utilise aussi. On a adopté un calendrier conforme au programme de la SEG », a-t-il fait savoir.

Pour se protéger du coronavirus et éviter le contact avec ses clients, Abdoulaye Traoré adopte une nouvelle stratégie dans son travail. « Pour éviter cette maladie, nous avons mis en place une nouvelle façon de travailler. Désormais, nous demandons à tous nos clients de venir garer leurs véhicules et de rentrer chez eux. On les laves et ils reviennent les chercher juste après. Avec ça, il y a moins de contact avec eux. Pour ceux qui sont pressés, nous leur demandons de se laver les mains, des rester loin sous le hangar là-bas. Et ils utilisent leurs masques comme nous-mêmes. On n’a pas de difficultés avec ça parce que les clients qui viennent ne sont pas nombreux. En général, tous nos clients acceptent cette condition. Parce que c’est une question de santé pour eux-mêmes d’abord… ».

Alsény KABA pour Guineematin.com

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