Covid-19 en Guinée : l’état d’urgence sanitaire, une source de racket

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Après quelques mois pendant lesquels les autorités ont allégé l’état d’urgence sanitaire, celui-ci refait surface. Sévissant à nouveau avec férocité contre les citoyens. Plus particulièrement les voyageurs. Rien qu’entre Kagblen et Kouria vous avez trois barrages chargés dédiés au Covid-19. Tous exigent au voyageur un papier attestant sa séronégativité. A défaut, il faut mettre la main à la poche. Beaucoup préfèrent cela au fameux test Covid. 

Le premier barrage se trouve à Kagbelen, juste en face de la Société générale de banques en Guinée. La police est stationnée en permanence à cet endroit. Elle veille au grain. Tout véhicule quittant Conakry doit exhiber le fameux test. Mais la méthode de notre police frise le ridicule. Et pour cause, exiger un test au seul chauffeur pendant que celui-ci transporte une dizaine de personnes qui, elles, ne savent même c’est quoi un test Covid est une mesure contreproductive. 

Le deuxième barrage est à la sortie de la ville de Coyah. Là aussi même dispositif sécuritaire. Même contrôle. Même si on avait fait l’objet d’un contrôle loin derrière. Et même méthode. Le test ou le billet de banque. Et d’ailleurs beaucoup ont compris que le premier sans le second ne fait que compliquer leur situation. Du coup ils préfèrent mettre la main au porte-monnaie. 

Le troisième barrage se trouve à Kouria. Juste après le grand barrage héritier de celui du KM 36. A cet autre, le procédé est simple, tout voyageur doit se munir de son test. Ou son remplaçant. Ils réclament les papiers du véhicule ou le permis de conduire. Une fois ces papiers entre leurs mains, ils demandent à l’intéressé s’il sait qu’à cette période il ne doit pas voyager. Et s’il doit le faire il devra prouver qu’’il a fait le test et qu’il est saint. Et puisque faire ce test n’est une simple promenade de santé, les gens préfèrent un arrangement. 

S’engagent alors des négociations. Lesquelles doivent aboutir à la restitution de papiers moyennant les dessous de tables. D’ailleurs le mot dessous ne sied pas ici. Car les choses se font au vu et au su de tous. Cette épidémie est une aubaine pour les agents. Mais aussi un calvaire pour les citoyens lambda. A noter que le contrôle se fait dans un seul sens : ce sont ceux qui quittent le « Grand Conakry » qui font l’objet de contrôle. Les entrants, eux, sont exemptés de ce contrôle. 

Or, c’est tout le pays qui est touché maintenant. L’année dernière c’était la capitale qui était touchée. Il fallait donc restreindre les déplacements de la capitale vers l’intérieur du pays pour éviter la propagation de la maladie. Cette année, certaines préfectures sont plus touchées que Conakry. Mais comme la Guinée amie amuser la galerie, les citoyens sont libres de se déplacer de ces régions vers d’autres régions ou vers la capitale. Mais pas de la capitale vers ces zones. 

Et pourtant, selon les informations recueillies auprès de l’agence chargée de la gestion de la pandémie, sur 33 préfectures, seules deux n’ont pas enregistré de cas de maladies. Cela veut clairement dire que ce n’est plus le déplacement qu’il faut restreindre mais d’autres mesures de prévention. Du moins si l’objectif de ce contrôle n’était pas de se remplir les poches. 

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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