COVID-19 en Guinée : quand photographes et cameramen tirent le diable par la queue

La propagation du Covid-19 a conduit les autorités guinéennes à prendre de nombreuses restrictions, notamment les regroupements de plus de 20 personnes. Cette mesure a réduit à sa plus petite expression la célébration des cérémonies de mariage et de baptême, surtout à Conakry.

Les photographes et autres cameramen de profession sont sérieusement affectés par cette restriction, généralement très sollicités surtout à l’approche du mois de Ramadan. Interrogés par un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier, mardi 14 avril 2020, certains d’entre eux ont expliqué leur calvaire.

Depuis la prise des mesures restrictives pour freiner la propagation du coronavirus, les plaintes ne manquent pas dans de très nombreux secteurs. Les cameramen et photographes, qui connaissent une crue à l’approche du Ramadan cause de la multiplicité des mariages, tirent aujourd’hui le diable par la queue. Leur chiffre d’affaire chuté considérablement dans une conjoncture marquée par la flambée des prix sur le marché.

Ousmane Sylla, photographe-caméraman au km 36

Ousmane Sylla, photographe-caméraman au km 36, relevant de la préfecture de Coyah, se plaint de la rareté des clients à cette période du COVID-19. « L’arrêt de ces cérémonies a eu beaucoup de conséquences sur notre activité. D’ailleurs, bien avant la déclaration de cette maladie du COVID-19, il y avait la rareté des clients parce que c’est l’argent qui permet aux gens de faire une cérémonie grandiose. Mais en ce moment, il n’y a pas d’argent. À l’heure-là, les clients viennent vous voir pour vous dire qu’ils ont besoin de vous en une seule journée pour seulement 4 à 5 photos lors de leur mariage. Sinon avant, on pouvait finir 3 à 4 bobines dans l’appareil photographique avec filmage à l’appui. Et ce, pour 3 à 4 jours d’activités. Donc, depuis l’annonce de cette maladie en Guinée et la prise des mesures restrictives, moi je n’entends même pas parler de mariage dans mon quartier. Même s’il y en a eu, normalement on devrait nous faire appel pour faire quelques séances de photos. Mais rien de tout ça ne marche actuellement. Comme c’est un studio, il y a quelques uns qui viennent faire la photo pour les cartes d’identité et les prêts à la banque. Ça aussi, c’est rare parce qu’on a que 1 à 3 clients de ce genre par jour. En plus, avant le COVID-19 quand l’administration tournait normalement, on pouvait tirer jusqu’à 15 à 20 photos d’identité. Mais maintenant, tout est à l’arrêt et on n’a plus de clients. Économiquement, cette situation nous affecte vraiment. Moi, je suis marié à deux femmes et père de 7 enfants. Il faut payer le loyer, la nourriture et autres besoins. Trois à quatre photos ne peuvent pas couvrir tout cela ».

Aboubacar Touré, diplômé d’université et caméraman de profession

Même son de cloche chez Aboubacar Touré, diplômé d’université, caméraman de profession, qui explique les difficultés auxquelles il est confronté. « Actuellement nous sommes un peu dans les difficultés. Parce que c’est interdit de se regrouper et nous ne gagnons plus de marchés. Pourtant, c’est dans ce petit métier là que nous gagnons notre vie. Mais, avec l’arrivée de cette maladie liée au coronavirus, nous photographes et caméramans n’avons plus rien n’à faire comme activité. Nous faisons les filmages, les cartes de cérémonie, les photos etc. Mais, comme chacun s’abstient actuellement de tout regroupement, tout cela est à l’arrêt », se plaint-il.

Moussa Mansaré, père de 7 enfants, rencontré au quartier Cité de l’aire, traverse la même galère. « On ne peut pas raconter tout ce que nous traversons actuellement comme difficultés. J’ai 7 âmes à nourrir à la maison. Mais, avec cette pénible situation, je peine même à nourriture ma famille. Même si les clients t’appellent pour leur événement, tu vas photographier combien de personnes là-bas avec cette restriction ? Moi, je ne peux que prier pour la fin de cette pandémie, pour que nos activités puissent redémarrer dans un bref délai ».

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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