Covid-19 : le calvaire des chauffeurs de taxis, interdits de sortir de Conakry

L’état d’urgence sanitaire décrété pour freiner la propagation du Covid-19 a paralysé les activités dans notre pays. Le secteur des transports n’est pas épargné par ce marasme avec l’interdiction de tout déplacement de Conakry vers l’intérieur du pays, même si la mesure n’est pas totalement respectée. Des chauffeurs de taxis rencontrés ce mercredi, 29 avril 2020, ont expliqué que certains parviennent à se faufiler pour sortir de Conakry, augmentant le risque de propagation de la maladie surtout que la capitale est l’épicentre du Covid-19, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Pour limiter la propagation du Coronavirus, le président Alpha Condé avait signé pris une batterie de mesures, dont l’interdiction de la sortie de Conakry. Depuis, plusieurs chauffeurs se plaignent d’un durcissement des contrôles. C’est le cas à la gare routière de Bambéto, dans la commun de Ratoma, où les conducteurs tirent le diable par la queue.

Boubacar Camara, chauffeur Conakry-Télimélé

Rentré de Télimélé il y a 48 heures, Boubacar Camara dénonce des tracasseries en cours de route. « Le problème au retour, c’est surtout le fait que même les bérets rouges demandent les cartes d’identité des passagers. C’est le cas à la rentrée de Kindia où les bérets rouges font payer 10 000 GNF à tout passager qui n’a pas sa pièce d’identité et 10 000 GNF au chauffeur pour la levée du barrage ».

Malgré la multiplication des postes de contrôle, ce chauffeur confirme que quelques uns d’entre eux parviennent à sortir de Conakry pour l’intérieur du pays avec beaucoup de difficultés. « Certains parviennent à sortir ; mais, ils dépensent assez d’argent pour franchir les barrages et à des heures tardives, généralement entre 3 heures et 4 heures du matin », a-t-il révélé.

Oumar Hadjarina Bah, père de 6 enfants et chauffeur entre Conakry et Télimélé

Pour sa part, Oumar Hadjarina Bah, père de 6 enfants qui évolue sur la ligne Conakry-Télimélé, plaide pour qu’on permette aux transporteurs interurbains de travailler à Conakry pur subvenir aux besoins de leurs familles. « Depuis la publication du décret instaurant la mesure d’urgence, nous n’avons pas pu sortir d’ici. Aujourd’hui, le peu de réserve qu’on avait est épuisé, alors que nous ne sommes pas autorisés à circuler à l’intérieur de la capitale. Nous faisons le transport interurbain. Nous demandons à l’Etat de nous permettre de circuler au moins à Conakry pour avoir notre dépense. Sinon, dès que tu sors d’ici pour faire le transport, les policiers t’immobilisent et ils te font payer jusqu’à 300.000 GNF. C’est vraiment un problème et on ne sait plus à quel saint se vouer. J’ai au moins 10 bouches à nourrir à la maison au moment où on nous interdit de sortir de Conakry. Au moins, on devrait nous autoriser à circuler à Conakry pour gagner notre dépense ».

Ousmane Camara, chef du parc de Madina

A la gare de routière de Madina, presque déserte, quelques rares taxis et minibus chargeaient des bagages. Malgré ce constat, Ousmane Camara, chef du parc de Madina, persiste et signe qu’aucun véhicule ne sort de sa zone. « Au niveau de notre parc, il n’y a aucun véhicule qui voyage. Depuis que notre secrétaire général, Elhadj Ousmane Horoya Sylla, a donné les instructions pour la fermeture de la gare, personne ne sort. Nous demandons d’ailleurs au gouvernement de renforcer les barrages pour empêcher tout véhicule de passer jusqu’à la fin de la maladie. Jusque là, aucune difficulté ne nous a été signifiée par les chauffeurs parce que si tu entends quelqu’un dire qu’il va chercher sa dépense, c’est s’il est en bonne santé. Donc actuellement, mieux vaut rester tranquille jusqu’à ce que la crise sanitaire passe ».

Aucun chauffeur de taxi de Madina n’a voulu se prêter aux questions de notre reporter.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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