Covid-19 : les difficiles conditions de vie d’un étudiant Tchadien à Conakry

Moumine Tahir Djibrine, étudiant tchadien à l'université Koffi Annan de Guinée
Moumine Tahir Djibrine, étudiant tchadien à l’université Koffi Annan de Guinée

La pandémie du Coronavirus a bouleversé les pratiques et conduit à la prise de mesures parfois radicales pour rompre la chaine de contamination. Parmi ces mesures, on peut citer notamment la fermeture des frontières aériennes et terrestres, la fermeture des lieux de culte et des écoles et universités. Des étrangers vivants à Conakry sont tout aussi affectés par ces mesures, à l’image de Moumine Tahir Djibrine, étudiant originaire du Tchad, rencontré en haute banlieue par un reporter de Guineematin.com le weekend dernier.

Originaire de la région de Chari Baguirmi, à l’Ouest de N’Djamena la capitale du Tchad, Moumine Tahir Djibrine est étudiant en Médecine à l’Université Koffi Annan de Guinée. Dans un entretien accordé à notre reporter, le jeune homme n’a pas caché ses difficultés tant morales que matérielles à cette période de ralentissement des activités et de fermeture de sa faculté. « Je vis ici avec d’autres amis ; mais, nous avons des difficultés d’ordre financier et moral. Sur le plan moral, c’est que nous sommes loin de nos parents et que chaque jour que Dieu fait, on a des soucis pour nous-mêmes, ensuite pour nos familles au Tchad. On se réveille avec la peur au ventre, en se demandant quand est-ce que cette maladie va nous prendre. Si nous, Dieu merci, on s’est bien réveillé, on se demande si nos parents aussi se sont bien réveillés. Il y a ce souci que nous avons tous les jours. Sur le plan financier, vu la gravité de cette pandémie, tout tourne au ralenti. Avec ce confinement ainsi que le couvre-feu, on a des difficultés parce qu’on ne perçoit rien. Nous vivons en location et nous étudions avec des bourses privées. Ce sont nos parents qui payent le tout et non l’Etat tchadien. Alors, si du côté de nos parents on n’arrive pas à recevoir quelque chose à la fin de la semaine ou bien à la fin du mois, c’est vraiment un problème », a laissé entendre le jeune étudiant.

Parlant du payement des frais de scolarité au compte de l’année universitaire en cours, Moumine Tahir Djibrine dit également éprouver des difficultés. « Dans notre université, on paye en tranche ou bien par mois. Personnellement, j’ai déjà payé les deux premières tranches. Ça me reste les deux dernières tranches. Comme je vous ai dit, j’ai des problèmes financiers et donc, je n’ai pas pu payer les deux dernières tranches », révèle-t-il.

En ce qui concerne la suite de ses études, le jeune homme déplore l’absence de cours en ligne comme c’est le cas dans d’autres pays de la sous-région. « Nous avons vu dans des pays comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire et même le Sénégal, actuellement les étudiants font leurs cours en ligne. En Guinée, rien n’a été fait encore dans ce sens. Nous sommes à la maison. Nous avons même peur qu’avec le temps, qu’on nous déclare une année blanche. Quand tu perds une année, ce n’est vraiment pas bien pour un étudiant. Je demande aux autorités guinéennes, dans la mesure du possible, d’instaurer les cours en ligne comme c’est le cas dans les autres pays où les étudiants sont à la maison mais ils suivent régulièrement leurs cours », demande-t-il.

Le Tchad n’ayant pas de représentation diplomatique en Guinée, notre interlocuteur dit être en rapport avec une association de la communauté tchadienne vivant dans notre pays.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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