Coyah : une partie du marché de Kountia saccagée par des policiers, près de 100 millions emportés

Nakoumba Souaré, présidente des femmes du marché déguerpi et victime

Des agents de la police de la préfecture de Dubréka (accompagnés d’un huissier de justice et d’un groupe de civils), ont pris d’assaut le marché de Kountia, dans la sous-préfecture de Manéah, préfecture de Coyah. Avec rage, ils se sont attaqués hier, jeudi 27 mai 2021, aux environs de 5 heures aux nombreux conteneurs de commerce qui se trouvent sur les lieux. Ils ont saccagé la marchandise et emporté près de 100 millions de francs guinéens appartenant aux femmes vendeuses qui s’y trouvent.

Selon des informations confiées à Guineematin.com, cette partie du marché du district de Kountia est l’objet d’un conflit qui oppose un certain Salif Bangoura et chef secteur de Kountia Nord qui se trouve être également l’administrateur dudit marché. Et, ce jeudi, Salif Bangoura, fort d’une décision de justice qui aurait été rendue en sa faveur par le tribunal de première instance de Dubréka, a envoyé des policiers de Dubréka et un huissier de justice pour déguerpir les occupants de cette partie du marché qui fait frontière avec Keïtayah, un quartier de la préfecture Dubréka. Et, c’est aux environs de 5 heures que les agents, accompagnés d’un groupe de civils, sont allés s’attaquer aux conteneurs de commerce qui se trouvent dans ce marché. Et, les policiers ne sont pas allés de main morte dans cette opération digne d’un vandalisme.

Nakoumba Souaré, présidente des femmes du marché déguerpi et victime

« Nous sommes venus trouver ce matin que toute notre place est saccagée. Selon les voisins du marché, ce sont les huissiers du tribunal de Dubréka, accompagnés d’un pick-up de la police de la même préfecture, qui ont procédé à la destruction de nos marchandises ainsi que nos conteneurs et hangars dans le marché. Mais, avant aujourd’hui, c’est un certain Salif Bangoura qui venait nous menacer de quitter les lieux, qu’il a acheté le terrain et qu’il a le titre foncier du domaine. Pourtant nous, nous estimons que la partie que nous occupons est un domaine de l’État, parce que c’est l’ancienne voie du train Conakry-Niger et qui est situé entre les rails de la CBK et la route le prince. Donc, cette partie ne peut être l’objet d’une quelconque vente par l’habitat. Il nous parlé souvent d’un faux papier que nous n’avons jamais vu, fabriqué au tribunal de première instance de Dubréka et lui donnant l’autorisation de construire là bas. On est allé une fois porter plainte contre lui à la gendarmerie de la Datu à Coléyah. Ceux-ci étaient venus lui montrer sa limite à la frontière Kountia (dans la préfecture de Coyah) et Keitaya (dans la préfecture de de Dubréka). Mais, comme les deux parties sont très rapprochées, il (Salif Bangoura) veut à tout prix s’accaparer de tous les deux côtés. Pourtant lui, il a acheté la partie Keitaya et nous, nous sommes au marché de Kountia dans la préfecture de Coyah. On a vu nulle part quelqu’un qui possède un titre foncier sur les rails. Ici, c’est un domaine de l’État et nous y seront jusqu’à ce que l’État lui-même ait besoin pour faire autre chose. Mais Salif Bangoura veut user de ses moyens pour dégager toutes ces pauvres femmes qui comptent que sur leur petit commerce là pour faire vivre leurs familles respectives.

Donc, très tôt ce matin, sans aucun avertissement, il (Salif Bangoura) a fait venir les policiers pour saccager nos biens, détruire nos marchandises contenant dans les conteneurs. Il y avait au total 7 conteneurs qui étaient posés là. Il y a un conteneur qui servait de bureau du marché dans lequel nous avons perdu 50 millions. L’argent de tontine des femmes du marché, il y a un du service d’orange money et tous les autres c’était des ballons habits, poupées et jouets en friperie qu’on stockait dedans. Ces bandits (les policiers) là ont non seulement cassé les conteneurs, mais aussi ils ont emporté de l’argent et les ballons et sacs remplis de friperie. Moi-même qui vous parle comme ça j’avais 10 ballons dans mon conteneur. Il nous faut prendre la liste des femmes qui ont perdu leurs marchandises pour évaluer les pertes, sinon on peut estimer à près de 100 millions de nos francs pour le moment », a expliqué Nakoumba Souaré, la présidente des femmes du marché Kountia.

Les yeux larmoyant et la gorge nouée, Nakoumba Souaré n’exclut pas une plainte contre le mis en cause Salif Bangoura.

« Nous avons informé le chef de quartier de Kountia nord qui est d’ailleurs l’administrateur de ce marché, ainsi que le maire de la commune rurale de Manéah. Ils nous ont tous demandé de porter plainte contre Salif Bangoura. Donc nous, nous demandons au président de la république qui a dédié son mandat aux femmes et qui nous a invitées à se lever pour travailler, de nous aider à rétablir la vérité dans cette affaire. Il faut que Salif Bangoura sache que ce domaine du chemin de fer ne saurait être vendu et qu’il rembourse tous les dommages causés », a-t-elle martelé.

De son côté, Maciré Condé, l’une des victimes, évalue sa perte à cinq sacs remplis de jouets et de poupées.

Maciré Condé, vendeuse de friperie au marché de Kountia

« Moi, on m’appelé ce matin  à 6h que des gens ont arraché nos conteneurs. C’est ici que nous nous venons chercher de quoi entretenir la famille. Il y a un conteneur qui contenait 10 ballons de friperie, mais on a rien vu ce matin. Nous on ne connait pas le conflit domanial qui est entre les gens-là ici. On ne sait plus quoi faire. C’est pourquoi nous demandons aux autorités de nous aider à nous rembourser. La perte elle est immense. Moi, par exemple, je vais prendre à crédit les marchandises à Madina, les revendre avant de payer l’argent de mon fournisseur. J’avais personnellement cinq sacs remplis de jouets et de poupées dont le prix varie par ballon entre 500 à un million de francs guinéens », a-t-il indiqué.

Selon une source très proche de ce dossier, Salif Bangoura n’a aucun titre foncier, encore moins un plan de masse de ce domaine.

« Cette partie se trouve dans la préfecture de Coyah. C’est le chemin de fer du Niger qui délimite Kountia (Coyah) et Keita (Dubréka). La question que je me pose qui peut avoir un titre foncier au bord des rails ? C’est ce qu’on appelle l’emprise des rails elle est longue de 20m ça ne peut être l’objet de vente comme une parcelle. Aucun géomètre ne peut vous faire un plan de masse sur cet espace situé de 20m de part et d’autre entre la route le prince et les rails de la CBK. Il est allé s’arranger avec la justice de Dubréka pour faire papier du déguerpissement au nom duquel il agit comme ça. Il dit depuis 2005 qu’il a acquis ce domaine pendant que nous nous sommes là depuis 2002. Moi je suis parti à la gendarmerie de Coléyah qui dispose tous les plans de masse de la Guinée. Ceux-ci m’ont dit qu’aucun plan de masse n’est fait au nom de cette emprise. Alors si Salif a un plan de masse c’est un faux », a confié notre source qui a requis l’anonymat.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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