Crise politique en Guinée : ce que le FNDC a dit à la CEDEAO, à l’UA et à l’ONU

Comme indiqué dans une de nos précédentes dépêches, une mission mixte de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations Unies est à Conakry pour rencontrer les acteurs du processus électoral. Dans la soirée de ce jeudi, 1er octobre 2020, elle a reçu les leaders du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), entre 18 heures à 19 heures, dans un complexe hôtelier de Conakry.

À en croire les opposants au 3ème mandat du président Alpha Condé, cette rencontre leur a permis de dire les quatre vérités à la mission internationale. Le FNDC a dit avoir dénoncé le silence coupable de la CEDEAO face à toutes les exactions commises par le régime d’Alpha Condé sur son peuple et surtout le refus de cette organisation sous-régionale de donner suite aux nombreux courriers qui lui ont été adressés.

Faya Millimouno, président du parti Bloc Libéral, membre du FNDC

Selon Dr. Faya Millomouno, le président du parti Bloc Libéral (BL), les membres de la coordination nationale du FNDC ont mis cette rencontre à profit pour dénoncer le laxisme des institutions internationales, notamment la CEDEAO sur la crise guinéenne. « Il a été question d’une heure de vérité entre les délégations qui sont venues et le FNDC. Nous avons compris que la CEDEAO est désormais la CEDEAO du syndicat des Chefs d’Etat, surtout la CEDEAO du côté de la francophonie. La Côte d’Ivoire est aujourd’hui dans une tournante, la Guinée la même chose ; et, la CEDEAO donne carte blanche à ces coups d’Etats civils de se réaliser. Nous leur avons dit que s’il y a un coup d’Etat ici militaire, c’est eux qui auront été complices et qu’on les empêcherait de venir nous dire ici ce qu’ils sont allés dire aux maliens lorsque le peuple malien a été libéré par l’armée malienne. Ce n’était pas le peuple malien qui avait violé le protocole de la CEDEAO, c’est le président malien qui l’avait fait comme le président guinéen est en train de le faire, comme le président ivoirien est en train de le faire. Ça a été l’heure de la vérité. Nous leur avons dit clairement que tous les mémos que nous leur avons envoyés ont été ignorés. Parce que la seule chose qui intéressait la CEDEAO, c’était de couvrir la forfaiture qui se faisait ici. Et, c’est la raison pour laquelle ils ont réduit le problème guinéen en un problème d’élection présidentielle. Nous sommes loin d’un problème d’élection présidentielle. Et, le FNDC a promis que le combat va continuer », a expliqué Dr Faya Millimono.

Abondant dans le même sens, Abdourahmane Sano, le coordinateur national du FNDC, a dit que cette rencontre a permis aux membres de son organisation de dire aux représentants de ces institutions internationales ce qu’ils avaient dans le cœur, notamment des maux dont souffrent les Guinéens.

Abdourahmane Sano, coordinateur national du FNDC

« Nous nous sommes réjouis de la présence de la communauté internationale ici, de la mission conjointe CEDEAO, Union africaine, Nations Unies, puisque c’est une première. Et, surtout, nous nous sommes réjouis du fait qu’il y ait eu des ministres ; donc, une commission inter-ministerielle constituée par la CEDEAO sur la situation en Guinée. Ça aussi, c’était une avancée pour nous ; et, on a exprimé notre regret que la CEDEAO ramène la crise guinéenne à un simple problème d’élection. Parce qu’ils sont venus voir comment les élections peuvent éventuellement être organisées dans la paix. Le FNDC a clairement exprimé qu’il n’est pas dans le processus électoral ; donc, qu’il n’est pas concerné par ces élections, même s’il ne conteste pas la légalité de ces élections. Pour le FNDC, ces élections constituent un moyen pour le blanchiment d’un coup d’Etat constitutionnel. Si la CEDEAO consent à contribuer au blanchiment d’un coup d’Etat, alors qu’elle nous dise tout simplement qu’elle est la différence entre un coup d’Etat militaire et un coup d’Etat civil. En tout état de cause, on leur a dit qu’on ne collaborera pas à ces élections et que le FNDC continue le combat du peuple jusqu’à la victoire finale », a indiqué Abdourahmane Sano.

Également interrogé par Guineematin com, les membres de la mission conjointe (ONU, CEDEAO et l’Union Africaine) ont dit ne pas pouvoir s’exprimer pour le moment, tout en indiquant qu’un communiqué sera rédigé à la fin de leur mission en Guinée.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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