Damantang Camara contre Doussou Condé : la réaction de Diallo Souleymane « Lynx »

« C’est absolument interdit à un juge de juger un délit de presse par le Code Pénal ! Le Code Pénal lui-même prévoit que c’est la loi sur la liberté de la presse qui le juge. C’est absolument honteux d’entendre un juge et un avocat parler de Code Pénal au moment où la loi sur la liberté de la presse est en vigueur en Guinée… ».

Le dossier opposant Albert Damantang Camara, actuellement ministre conseiller à la présidence de la République, à madame Sanoh Doussou Condé, a connu son épilogue ce jeudi, 24 janvier 2019, au tribunal de correctionnel de Dixinn. Poursuivie pour dénonciation calomnieuse et diffamation par voie de presse, la militante de première heure du RPG a été reconnue coupable. Mais, cette condamnation considérée comme injuste et immédiatement été attaquée par Elhadj Diallo Souleymane, PDG du Groupe de Presse Lynx-lance, un des pionniers de la liberté de la presse et ancien membre du CNT.

La dame est poursuivie pour des propos tenus sur les ondes de la radio Lynx FM, dans l’émission Œil de Lynx en juillet 2017. Dans cette émission, Doussou Condé avait dit que le ministre Damantang Albert Camara « a une société de distribution de carburant à Boké. Il s’est accaparé de tous les contrats des sociétés sises dans cette localité. Il a remis une voiture VA à Mody Sory qui est la personne qui s’occupe de ladite société ».

Après plusieurs audiences, marquées par l’absence de la prévenue qui vit aux USA, la décision est tombée ce jeudi. Le tribunal a reconnu madame Sanoh Doussou Condé coupable des faits de diffamation par voie de presse au préjudice du ministre Damantang Camara. Elle a été condamnée au payement d’une amende de deux millions de francs guinéens. Sur l’action civile, le tribunal a également condamné Doussou Condé au payement d’un franc symbolique en faveur de la partie civile. Par contre, pour ce qui est de la dénonciation calomnieuse, le tribunal renvoie la prévenue des fins de la poursuite pour délit non constitué.

A la sortie de la salle d’audience, Albert Damantang Camara dira que cette décision du tribunal est symbolique. « Il est toujours très facile de détruire que de construire. Ce qui prend quelque seconde pour porter atteinte à la réputation de quelqu’un, prend des mois à être réparé. Donc, ceux qui écoutent les radios, qui aiment le sensationnel, pour ouvrir leurs micros quand ils veulent envers qui ils veulent, pour lancer des accusations gratuites sans apporter la moindre preuve, doivent être sensibilisés ».

De son côté, maître Michel Labila Sonomou, avocat de Damantan, estime que le droit a été dit dans cette affaire.

Par contre, du côté des responsables de la radio Lynx FM, c’est la déception. Elhadj Souleymane Diallo, fondateur du groupe de presse Lynx/Lance et Lynx FM, s’est dit choqué par cette décision et a promis d’interjeter appel.

« J’ai honte aujourd’hui pour la justice guinéenne. J’ai honte d’entendre un avocat parler comme ça. Ils ont traité le dossier avec le Code Pénal. C’est absolument interdit à un juge de juger un délit de presse par le Code Pénal. Le Code Pénal lui même prévoit que c’est la loi sur la liberté de la presse qui le juge. C’est absolument honteux d’entendre un juge et un avocat parler de Code Pénal au moment où la loi sur la liberté de la presse est en vigueur en Guinée. J’interjetterai appel et on va reprendre toute cette histoire », a martelé le doyen, très amer.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

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