Dansa Kourouma : « j’ai trouvé un manque de cohérence dans le discours du Premier ministre »

Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National de la Transition (CNT)

Les réactions continuent de se faire entendre, suite à la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement par le Premier ministre. Au lendemain du passage de Kassory Fofana devant l’Assemblé nationale pour se prêter à cet exercice constitutionnel, Dr Dansa Kourouma a analysé son discours dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce jeudi 8 avril 2021. Le président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSC-G) a relevé plusieurs insuffisances dans ce discours.

« D’abord, j’apprécie l’exercice parce que ça permet de confronter l’exécutif au législatif sur les questions d’intérêt national. Et ça permet de donner la chance au législatif de poser des questions au Premier ministre. Je pense qu’en termes de symbolisme démocratique, c’est important et c’est une avancée. Mais hier, quand j’ai vu l’acclamation par laquelle le Premier ministre était accueilli dans la salle, j’ai pensé que c’était une mise en scène. C’est comme si tout était acquis avant même son discours. C’était ma première remarque.

En plus, j’ai trouvé un Premier ministre très évasif sur toutes les questions. Sur le contenu de son discours, j’ai fait quatre remarques. D’abord, j’ai trouvé un Premier ministre auto-satisfait de son bilan économique, où il nous présente un taux de croissance de 5% malgré la COVID-19, avec toutes les facilités de crédits accordé par la Banque mondiale, dont les revues se sont révélées concluantes. Ensuite, son bilan sécuritaire.

Aujourd’hui, il pense qu’avec l’épreuve de force qu’il a engagée avec l’opposition, il est parvenu à créer un climat de sécurité dans la cité en empêchant toutes les manifestations. Il s’est auto-satisfait par rapport à son bilan social du fait de l’ANAFIC, de l’ANIES et autres formes d’assistance sociale que le gouvernement a mises en place. Par rapport à ce contenu, moi, je dirais d’abord qu’il a tenu un discours qui n’est pas différent de celui qu’il a tenu en 2018.

À l’époque, les mêmes mécanismes étaient déjà en place. Mais combien de Guinéens par exemple ont été sortis de la pauvreté par l’ANIES ? Je n’ai pas vu ces statistiques dans sa déclaration. Quel est l’impact de cette politique sociale sur la population ? Il a par contre présenté les résultats de la mise en place d’instruments d’assistance sociale, mais l’impact de ces instruments sur la population, je n’ai pas entendu de chiffres sur ça.

Pourtant, c’est ça qui nous intéresse nous. Je n’ai pas aussi été convaincu sur l’évaluation du discours de politique qu’il a tenue en 2018. Normalement, son discours devrait commencer par une évaluation objective de ce qui a été fait entre 2018 et 2021. Donc cette évolution, en dehors de la croissance économique, n’était pas visible. J’ai réalisé que les prévisions du Premier ministre étaient sur cinq ans ou six.

Pourtant, lui il n’a que deux ans de deal avec le président. Mais quand on connait la situation du Guinéen aujourd’hui, les députés devraient être plutôt agressifs et critiques envers ce gouvernement. Quand on dit politique générale du gouvernement, ça dépendra du contrat qu’a le gouvernement en place avec le président. Donc j’ai trouvé un manque de cohérence dans ce discours », a indiqué l’activiste de la société civile.

Par ailleurs, le président du CNOSC-G s’est prononcé sur la polémique suscitée par les propos de Kassory Fofana au sujet du déguerpissement effectué récemment par le gouvernement à Conakry et ses environs. Propos dans lesquels le Premier ministre a laissé entendre que « personne ne sait d’où est venu l’ordre de casser les maisons des gens ». Pour ce leader de la société civile guinéenne, le gouvernement ne veut tout simplement pas s’assumer.

« Pour nous, ces propos sont à la fois inquiétants et une opportunité. Inquiétants, parce qu’à ce niveau, quand on tombe sur la population et que le chef du gouvernement dise ne pas être au courant de ce qui s’est passé, c’est une trahison vis-à-vis de la population. Opportunité, parce que nous, nous avons commencé déjà à recenser les victimes pour qu’il y ait dédommagement.

Si le gouvernement recule face à ce qui s’est passé, ça nous donne de l’espace pour revendiquer le dédommagement de toutes les victimes. Et le moment venu, un rapport portant sur ce recensement sera déposé chez le président de la République », annonce Dr Dansa Kourouma.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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