Décès de Kadé Diawara : Isto Kéira parle de « la perte d’une grande icône pour la Guinée »

Hadja Kadé Diawara
Hadja Kadé Diawara

Comme annoncé précédemment sur Guineematin.com, la grande chanteuse de la musique Mandingue, Hadja Kadé Diawara, a tiré sa révérence hier, vendredi 24 avril 2020, au CHU Ignace Deen des suites de maladie à l’âge de 80 ans. Ce samedi matin, parents, amis et collaborateurs ont rendu hommage à celle qu’on appelait l’archange du Mandingue.

Fodéba Isto Keira

Joint au téléphone par un de nos reporters, Fodéba Isto Kéira, secrétaire général du ministère des Sports, de la Culture et du Patrimoine Historique, a dit toute sa tristesse avant de rappeler le parcours de la défunte. « C’est avec beaucoup de surprise et une énorme tristesse que nous avons appris hier le décès de la grande chanteuse, l’archange du Mandingue Hadja Kadé Diawara. Elle a été incorporée dans l’ensemble instrumental et choral de la voix de la révolution en 1961 par Elhadj Sidiba Diabaté, alors directeur général de cet ensemble. C’est au cours d’un casting organisé en Haute Guinée dans le cadre de la revalorisation de la culture africaine au lendemain de notre indépendance que Kadé Diawara a été retenue. Et depuis, elle est chanteuse vedette de l’ensemble instrumental et choral national. C’est une énorme perte pour notre pays. C’est vrai qu’elle part à l’âge de 80 ans, mais elle aura laissé des titres qui ont marqué l’histoire de notre musique et de notre folklore. Parce qu’elle a eu plusieurs distinctions, dont la meilleure distinction fut la médaille d’or de travail décernée en 1965 par feu, le président Ahmed Sékou Touré. Plusieurs autres distinctions venues de l’extérieur comme de l’intérieur et la dernière c’est celle qui lui a été décernée par le président Alpha Condé en décorant tous les artistes de l’ensemble instrumental et choral comme médaillés de l’ordre national de mérite.»

Par ailleurs, Isto Kéira a rappelé que Hadja Kadé Diawara avait évolué en solo, représentant la culture guinéenne à travers le monde. « Malgré le désengagement de l’Etat dans la promotion des œuvres artistiques et musicales, Kadé Diawara est partie faire un premier album solo à Abidjan. Depuis, elle n’a plus cessé de progresser avec l’accompagnement de quelques structures privées locales. C’est une icône qui s’en va et il faut retenir qu’elle était humaniste, elle était une bonne mère. Elle a contribué au grand rayonnement de la musique guinéenne partout dans le monde. Kadé Diawara, c’est une source d’inspiration pour la nouvelle génération et elle continuera toujours à éclairer le pas des artistes pour la revalorisation de la musique Mandingue », a-t-il laissé entendre.

Sur les difficultés rencontrées par la défunte ces derniers temps, Isto Kéira a rappelé bénéficiait de sa pension de retraitée de la fonction publique et d’autres appuis plus importants. « C’est vrai qu’après le désengagement de l’Etat en 1984, la culture a traversé une période de misère. Et tous les acteurs culturels en ont subi. Kadé Diawara n’en fait pas exception. Mais, il faut dire que Kadé Diawara était d’abord fonctionnaire sous la première République, ensuite elle vivait de ses pensions. En plus de tout cela, le président actuel, depuis le 1er Janvier 2020, a mis dans le budget du ministère de la culture, une bagatelle de 400 millions pour 80 icônes de la culture et du sport. Mais, c’est seulement pour des artistes qui sont en vie et Kadé Diawara faisait partie de ces 80 icônes. Chaque icône a bénéficié de ces mesures qui s’élèvent à un montant de 5 millions chacun chaque fin de mois », a-t-il expliqué.

Les obsèques de Hadja Kadé Diawara sont prévues demain dimanche, 26 avril 2020, au cimetière de Cameroun. « Actuellement, nous sommes en train de finaliser les formalités à la morgue de l’hôpital Ignace Deen. Toutes les dépenses liées aux obsèques de Kadé Diawara sont entièrement prises en charge par le ministère de la culture. Vous savez, il y a des exigences sanitaires liées aux mesures préventives au coronavirus, donc nous allons nous plier aux recommandations du corps médical. Il est aussi décidé que demain Kadé Diawara soit enterrée au cimetière de Cameroun. Elle mérite des funérailles nationales, elle va être enterrée dans la dignité et ses ayants-droits vont bénéficier de toute l’attention du Bureau Guinéen des Droits d’Auteur, pour que pendant 80 ans, comme la nouvelle loi le prévoit, ses ayants puissent bénéficier des droits d’auteur de l’artiste », a révélé Isto Kéira.

Selon nos informations, Kadé Diawara a eu à son actif 4 albums, dont les 3 premiers ont été publiés de son vivant. Le dernier, produit par le PDG du groupe HADAFO Médias, sera publié à titre posthume.

Alsény KABA pour Guineematin.com

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