Décès du maréchal Idriss Déby : « c’est regrettable qu’il en soit ainsi » (Bah Oury)

Bah Oury, président du parti UDRG
Bah Oury, président du parti UDRG

Le décès du président du Tchad, le maréchal Idriss Déby Itno, suscite des réactions au sein de la classe politique guinéenne. Bah Oury, président de l’UDRG (Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée), s’est prononcé sur le sujet dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce mercredi 21 avril 2021. Tout en regrettant les circonstances dans lesquelles le chef de l’Etat tchadien a trouvé la mort, l’opposant guinéen s’est dit inquiet des conséquences que cela peut engendrer sur le plan sécuritaire.

« D’abord, il faut regretter que la dévolution du pouvoir se fasse par la violence au Tchad. M. Deby est venu au pouvoir par les armes, il a été abattu par les armes d’autres forces rebelles qui menacent N’Djamena aujourd’hui. C’est regrettable qu’il en soit ainsi, 30 ans après qu’il soit venu au pouvoir. La première question que nous nous posons, c’est l’avenir de la stabilité de ce pays aussi vaste que le Mali. Un pays qui est aujourd’hui traversé par des forces asymétriques qui utilisent les armes soit pour la conquête du pouvoir, soit pour le maintien au pouvoir.

Dans le contexte de l’année 2021, avec le développement des tensions et de l’expansionnisme djihadiste, la situation du Tchad est préoccupante. La deuxième chose, le Tchad avec ses forces armées, était un pivot extrêmement important dans le dispositif sécuritaire pour contrer l’expansionnisme djihadiste. Et la disparition de son chef aujourd’hui met en cause la sécurité de l’ensemble des pays du G5 Sahel y compris la région du Lac Tchad jusqu’aux confins du Cameroun et de la République centrafricaine. Donc c’est une préoccupation extrêmement grande pour la stabilité et la paix au cours du continent africain », a-t-il déclaré.

Pour le président de l’UDRG, cet autre exemple tchadien (un président qui arrive au pouvoir par les armes et qui quitte par les armes) prouve encore une fois l’importance de l’alternance démocratique dans un pays. « Le Tchad est habitué à ce genre de choses. M. Goukouni Oueddei a été éliminé au pouvoir par son neveu Hissen Habré. Hissen Habré a été éliminé au pouvoir par son cousin ou son neveu Idriss Deby Itno. Et aujourd’hui, le fils d’Idriss Deby prend le relais.

Donc il y a une tradition qui reste maintenue dans ce pays où la dévolution du pouvoir se fait de manière clanique au sein d’une même entité. Et de ce point de vue, c’est une préoccupation encore plus grande par rapport à la stabilité et à l’unité du Tchad dans sa globalité. Nous avons toujours dit qu’il ne faudrait pas que les mêmes personnes restent trop longtemps au pouvoir. La limitation du nombre de mandats, ce n’est pas comme certains le pensent.

Enlever la cuillère de miel dans la bouche de quelqu’un, c’est pour permettre à la société et aux Etats d’avoir des respiration démocratiques, des respirations d’alternance qui leur permettent de se consolider dans leur pérennité pour ne pas être victimes de la descente aux enfers juste après la disparition d’un chef charismatique qui a duré pendant très longtemps… Un peu partout dans le monde, ceux qui persistent à rester très longtemps au pouvoir, exposent leur pays à de graves déconvenues après leur départ », a laissé entendre Bah Oury.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620589527/664413227

Facebook Comments Box