Déclaration du Barreau sur les prisonniers politiques : Dr Faya s’interroge

Dr Faya Millimouno, président du parti Bloc Libéral
Dr Faya Millimouno, président du parti Bloc Libéral

Comme annoncé dans l’une de nos précédentes publications, le Barreau de Guinée a exprimé mardi, 17 août 2021, son indignation face à la révocation du régime de semi-liberté et le renvoi en prison de l’ancien président de la délégation spéciale de Kindia, Abdoulaye Bah. Dans sa déclaration, l’ordre des avocats de Guinée a dénoncé une violation flagrante de la loi et a exigé l’annulation de cette décision du directeur national de l’administration pénitentiaire. Mais, au sein du Bloc Libéral (BL), on s’interroge sur l’opportunité d’une telle sortie du Barreau.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, mercredi 18 août 2021, Dr Faya Millimouno, le leader dudit parti, a laissé entendre que cette déclaration du Barreau prouve à suffisance que les questions de Droit ne sont pas prises très au sérieux en Guinée.

« Cette déclaration du Barreau montre qu’on est très léger en République de Guinée sur les questions de Droit. A sa lecture, il faut ressortir que même la semi-liberté avait été illégalement accordée. Parce qu’il n’appartient pas au directeur de l’administration pénitentiaire de prendre une décision de condamner ou de mettre en liberté à la place du juge. Et, la semi-liberté, c’est souvent pour des personnes qui sont déjà condamnées. C’est seulement un juge, après avoir organisé un débat contradictoire permettant d’entendre une réquisition de la partie civile, un plaidoyer de l’avocat du détenu peut prendre la décision de mettre en liberté provisoire ou totale d’un détenu. Donc, ici, la violation de la loi est partie même de l’acte de liberté accordée. A cela vient s’ajouter la révocation de la première décision. Donc, toutes les deux décisions étaient illégales », a dit Dr Faya Millimouno.

Pour le leader du BL, il faut surtout s’interroger sur l’opportunité de cette déclaration du Barreau, d’autant plus qu’il n’avait rien dit lorsque la décision manifestement illégale de la libération de l’opposant Abdoulaye Bah et Cie avait été prise.

« La question que je me suis posée, c’est pourquoi le barreau n’a pas fait une déclaration dès la première décision qui avait été prise ? C’est vrai que ça nous a tous réjouis de voir nos compatriotes sortir de prison ; mais, la rigueur veut que nous tenions compte du fait que toute décision de justice doit être prise par un magistrat compétent en la matière et qui a ce pouvoir. Cela amène effectivement à perpétuer la confusion dans notre pays quand il s’agit de la justice. Très souvent, et nous-mêmes qui sommes des politiques, lorsqu’il y a arrestation par exemple de nos militants ou de nos cadres, nous indexons non pas la justice, mais le pouvoir exécutif. Et, si ce pouvoir exécutif se permet d’agir en lieu et place des magistrats, naturellement ça justifie les critiques qui sont formulées à son égard. Et, on dit souvent que ce sont des décisions politiques, c’est l’exécutif qui met les gens en prison », a indiqué Dr Faya Millimouno.

Selon le président du Bloc Libéral, il est important de bannir de nos pratiques notre attitude à pousser le pouvoir exécutif à prendre des décisions illégales juste pour nous sortir d’une impasse. Car, l’exécutif pourrait bien se plaire dans cette illégalité en posant aussi des actes qui l’arrange exclusivement et au détriment de la loi.

« Pour le bien de notre Etat de droit, je crois que la rigueur doit être mise en toute circonstance. Du point de vue de l’éducation de nos masses, je crois qu’il est important d’insister sur le fait que quand on parle de justice, il n’appartient qu’aux magistrats la décision. Même si cette décision va dans le sens souhaité par la population dans son ensemble, elle doit être prise en bonne et due forme. Il faut que seulement des gens qui sont compétents en la matière prennent la décision, sinon, aussi bonne qu’elle soit, elle doit être interprétée comme un acte illégal. Parce que si on permet aujourd’hui à l’exécutif de prendre une décision qui est illégale parce que ça nous arrange, demain il prendra une décision illégale même quand ça ne nous arrange pas. C’est pourquoi il faut commencer par ne pas permettre à l’exécutif de prendre une décision qui ne lui appartient pas », a conseillé Dr Faya Millimouno.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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