Déguerpissement à Dar-Es-Salam : le calvaire des victimes, livrées à elles-mêmes

Lancée le jeudi dernier, l’opération de déguerpissement des abords de la décharge de Dar-Es-Salam, dans la commune de Ratoma, s’est poursuivie hier, lundi 27 mai 2019. Les bâtiments, marqués au rouge deux jours après, ont été démolis sous l’œil impuissant des victimes qui ne savent plus où aller, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La démolition des bâtiments par le Gouvernement Kassory Fofana se poursuit au quartier Dar-Es-Salam. Hier, lundi, ce sont plusieurs autres bâtiments qui ont été cassés par le bulldozer du Ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, entouré d’un nombre important de pickups de la gendarmerie.

Dans un premier temps, une dizaine de pickups et le bulldozer étaient positionnés au carrefour « Boston », sur la route Transversale entre 9h et 10h. Repartis après 1 heure d’attente, les gendarmes sont revenus aux environs de 14 heures à bord de plusieurs pick-up pour la poursuite de l’opération.

Au bout de 2 heures de manœuvre, le reste des bâtiments cochés sont démolis impitoyablement par le bulldozer devant une foule importante, très énervée ; mais impuissante. La situation finira par dégénérer entre gendarmes et habitants sous une pluie de cailloux et de gaz lacrymogène.

Rencontrés sur les lieux par un reporter de Guineematin.com, de nombreux citoyens ont exprimé leur calvaire. C’est le cas d’Elhadj Alpha Oumar Bah, de Mâci Ndantari, dans la préfecture de Pita. Ce vieil homme de 70 ans, chauffeur de profession, a dit toute sa douleur devant cette tragédie.

Elhadj Alpha Oumar Bah

« J’ai trois femmes et 15 fils. J’étais chauffeur, maintenant je suis vieux et malade. Au moment où je travaillais, je me suis débrouillé pour avoir cette portion de terre, puis j’ai construit. Actuellement, j’ai une grande famille. Moi, je ne travaille pas. Ce sont les femmes et les enfants qui nous cherchent de quoi manger. C’est dans cette situation que le gouvernement est venu me mettre dehors avec ma famille et démolir ma concession. Si celui qui a la justice vient te causer de l’injustice, tu n’auras à t’en remettre qu’à Dieu qui vous a créé tous. Aujourd’hui, on a mis à terre ce bâtiment avec les annexes. Je n’ai ni force, ni bâtiments et nulle part où aller. Si vous voyez que beaucoup d’autres sont partis et nous, nous sommes là encore, c’est parce que nous ne disposons pas de moyens. Si non, on n’allait pas rester sous ce soleil ardent et les fortes pluies ici. Vraiment, c’est une situation très difficile pour moi à l’heure là. Je ne sais quoi faire maintenant, parce que même si j’ai un véhicule aujourd’hui, je ne peux plus travailler. Avant, on ne cherchait que de quoi manger, pas de frais de location. Maintenant que mes bâtiments sont cassés, je demande aux bonnes volontés de nous assister », plaide le vieil homme.

Parmi ses voisins, il y a Fatoumata Binta Bah, originaire de la sous-préfecture de Saramoussayah, dans la préfecture de Mamou, épouse du feu Mamadou Saidou Bah, ancien garde du corps de Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG.

Fatoumata Binta Bah

La veuve dira que « les machines sont venues casser tous nos bâtiments ici, sans rien nous laisser. Depuis que nos bâtiments sont démolis, nous passons la nuit et la journée dehors ici, puisqu’on n’a pas encore trouvé où aller. Quand la pluie tombe, elle nous trouve ici. Nous souffrons beaucoup. C’est un bâtiment de 6 chambres, un salon, une terrasse et une cuisine que mon époux m’avait laissé. Aujourd’hui, on est sans abri. Nous demandons l’aide des bonnes volontés. La nuit, on obligé de d’allumer le feu pour chasser les moustiques », a-t-elle expliqué.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel : (00224) 622919225 / 666919225

Facebook Comments Box