Dénomination du stade de Nongo, tournoi de l’UFOA… Amadou Diouldé Diallo à Guineematin

Doyen Amadou Diouldé Diallo, journaliste et historien

La Guinée abrite depuis quelques jours la coupe de l’Union des Fédérations Ouest Africaines (UFOA) des moins de 20 ans. A l’occasion du match d’ouverture le 24 novembre 2019, le stade de Nongo a été baptisé stade Général Lansana Conté, du nom de l’ancien président de la Guinée. La Guinée a été éliminée au premier tour de cette compétition qui a regroupé 7 équipes sur les huit attendues, avec le retrait de la Guinée Bissau. Pour parler de tous ces sujets, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Amadou Diouldé Diallo, journaliste sportif et Historien.

Décryptage !

Guineematin.com : le stade de Nongo porte désormais le nom de feu Général Lansana Conté. Comment avez-vous accueilli cette appellation ?

Amadou Diouldé Diallo : j’ai accueilli cette appellation avec beaucoup de joie et de satisfaction dans la mesure où ça a été toujours mon combat personnel. Vous savez, on avait déjà baptisé ce stade, stade de l’Amitié, sous Naby Laye dit Papa Camara, le capitaine du Hafia, je crois qu’il était nommé pour en assurer la direction. Aujourd’hui, le gouvernement a eu le privilège de donner le nom de ce stade au Général Lansana Conté. Je pense franchement que c’est une bonne chose d’immortaliser le deuxième président guinéen. Mais, je suis resté sur ma faim par rapport à la couverture médiatique de l’évènement, d’abord pour le journaliste que je suis, ensuite Historien, il n’y a pas eu un travail de base. La famille de Lansana Conté et ses camarades sont là, le général Facinet Touré par exemple, ils ont été recrutés ensemble le même jour dans l’armée française en 1955. Il est de Bouramaya, on aurait pu faire un reportage pour présenter le Général Lansana Conté, celui dont désormais le stade porte son nom. Ça n’a pas été fait comme il fallait, ça a été fait de façon lapidaire. Quand le gouvernement pose des actes qui sont l’expression des symboles forts de notre histoire et de notre vie en commun. La presse doit pouvoir s’en servir avant, pendant et après pour en faire une restitution de l’acte. Moi, je pense qu’on aurait pu faire un reportage à Bouramaya, présenter le Général Lansana Conté chez lui parce qu’il a quand même dirigé ce pays pendant 24 ans. Il a posé des actes positifs comme négatifs comme le multipartisme et la libéralisation des ondes. Donc, on aurait pu faire un reportage de qualité pour cerner une vue générale sur Conté parce que pour une personne qui se trouve en Europe ou quelqu’un qui ne le connait pas, saura qu’il a été le président de la Guinée. Mais, si vous faites un reportage à un tel évènement qui est le baptême du stade, ça campe et cela a manqué malheureusement. C’est pourquoi, je dis que je suis resté sur ma faim, ceci dit que le Général Lansana Conté a eu le retour de l’ascenseur. Mais, je rappelle que j’avais été suspendu de toutes activités à la RTG parce que je m’étais élevé contre ceux qui voulaient que le président Lansana Conté, fraichement arrivé au pouvoir, débaptise l’équipe nationale pour ne pas dire le Syli national parce que vous savez que le Syli signifie Eléphant, qui est le symbole du PDG-RDA. Des démagogues s’étaient élevés pour dire non, il faut qu’on change le nom du syli à l’équipe nationale.

Guineematin.com : que pensez-vous de l’ouverture du stade au public après un long moment d’attente ?

Amadou Diouldé Diallo : écoutez, ce que je sais, un stade fait partie du patrimoine public dans le portefeuille de l’Etat à ma connaissance. Je ne peux pas comprendre que l’Etat se permette de bailler le stade de Nongo à un privé, en la personne d’Antonio Souaré. Je trouve que cela n’est pas normal. Quelqu’un me donne un exemple partout dans le monde, si un stade a été baillé à un privé, c’est du jamais vu. Même s’il est milliardaire, je n’en ai connais pas. Je peux comprendre qu’un stade pourrait appartenir à une communauté ou à un club. Mais, un stade construit par un pays à travers une coopération, ne peut pas être baillé à un privé. Je suis ravi à ce que ce stade de Nongo soit ouvert au public mais, il reste déplorable qu’il soit aussi baillé à un privé.

Guineematin.com : quel est votre avis sur le déroulement actuel du tournoi de l’UEFOA des U20 à Conakry ?

Amadou Diouldé Diallo : c’est très prématuré d’organiser un tournoi UFOA dans notre pays parce que cela demande certaines exigences de la CAF (Confédération Africaine de Football). C’est pourquoi, il faut se poser la question à savoir, est-ce qu’on était vraiment prêt pour organiser ce tournoi ? Pourquoi maintenant ? Or, on aurait pu attendre. Voyez-vous que le championnat a pris du retard. Deux ou trois journées, on arrête le championnat, on dit qu’on joue la coupe UFOA. Dis-moi quelle est l’importance, étant donné qu’on aurait pu attendre ? A moins que le tournoi UFOA en question a un agenda caché du président de la Fédération Guinéenne de Football à l’international. Sinon, je ne vois pas l’utilité et l’urgence d’organiser ce tournoi de l’UFOA dans notre pays au moment où notre championnat n’a que trois journées.

Guineematin.com : la Guinée s’est fait éliminer au premier tour de ce tournoi. Qu’en pensez-vous ?

Amadou Diouldé Diallo : j’ai appris que nous avions été éliminés de ce tournoi parce que la Sierra Léone nous a battus. Donc, on était à 2-2, on était qualifié. Et ça, pour monter une équipe avec un entraineur qui a passé toute sa vie à l’extérieur et qui a d’abord renoncé au premier salaire qu’on lui avait proposé. Et puis après, il se retrouve entraineur, ça il faut le dire qu’il n’a pas encore une équipe de football. Même le football est une famille. Pour cela, il faudrait qu’il ait une intimité et une complicité pour pouvoir jouer. Quel temps Dian Bobo a eu pour créer cette intimité, cette solidarité avec les joueurs qui étaient sous son contrôle ? Je ne doute pas de sa compétence technique. La technique se repose d’abord sur un fondamental qui est la relation humaine rapidement pour favoriser une harmonie, un équilibre pour composer la famille. Maintenant, de l’autre côté, je n’en veux pas à Dian Bobo, ni aux joueurs. Je crois qu’il y a une sorte de pathologie guinéenne que nous ne pouvons pas contenir ou maitriser, qui s’explique lorsque nous sommes en position de gagner, on perd toujours. On l’a vu plusieurs fois avec l’équipe Sénior qui a perdu des matchs où ils avaient toute l’aptitude de gagner sur leurs adversaires. Je pense qu’il faut vraiment médecin du football pour soigner cela. Si non, je vois mal les équipes guinéennes aller en avant.

Interview réalisée par Léon Kolié pour guineematin.com

Tél : 661 74 99 64

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