Des mineurs en détresse à Gaoual : « ils vont nous tuer ici… »

David Tolno

Comme annoncé précédemment, malgré la fermeture des mines d’or découvertes récemment à Gaoual, est toujours pleine de monde. Même si certains sont rentrés chez eux après cette décision du gouvernement, les chercheurs d’or, venus de toutes les régions de la Guinée, sont encore nombreux sur le terrain.

Certains exigent la restitution des montants qu’ils ont payés auprès des autorités locales pour avoir des permis d’exploitation, tandis que d’autres disent être restés parce qu’ils n’ont pas le choix. Ces derniers demandent au gouvernement de les laisser travailler afin d’avoir au moins leurs frais de transport pour rentrer. L’envoyé spécial de Guineematin.com a rencontré certains d’entre eux, qui expriment une grande détresse.

En quittant Siguiri pour venir à Gaoual, Ousmane Keïta était plein d’espoir. Il s’attendait à faire de bonnes affaires dans ce nouvel eldorado guinéen, qui a attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes en l’espace de quelques jours. Ce, après la découverte de trois vastes sites miniers dans cette préfecture : un dans la commune urbaine et deux dans la sous-préfecture de Kounsitel. Mais le jeune homme n’a pas tardé à déchanter, car les choses ne se sont pas passées sur le terrain comme il l’imaginait.

Alors qu’il venait juste d’obtenir un permis d’exploitation, le gouvernement guinéen a décidé de fermer les mines en questions, le temps de réglementer l’activité afin de limiter les risques de problèmes sociaux et environnementaux. Aujourd’hui, beaucoup de mineurs qui étaient venus comme lui à la recherche de l’or à Gaoual sont partis, le laissant sur place. Ousmane Keïta dit n’avoir pas de moyens pour retourner chez lui.

Ousmane Keïta

« J’ai payé 1.500.000 francs pour avoir un permis d’exploitation. J’ai un seul jour, puis on nous a dit d’arrêter et de rentrer chez nous. Mais moi, je n’ai pas d’argent pour rentrer à Siguiri, je n’ai même pas de quoi me trouver à manger. Aujourd’hui, je n’ai rien mangé depuis le matin, regardez mon ventre, j’ai très faim. Lorsque j’ai appelé ma mère au téléphone pour qu’elle m’amène de l’argent, elle a pleuré parce qu’elle n’a pas d’argent aussi. Le gouvernement n’a qu’à nous laisser travailler un peu pour avoir au moins les frais de transport ou alors nous envoyer des bus pour nous ramener », sollicite ce citoyen.

Nouman Doumbouya

Nouman Doumbouya est venu également de Siguiri. Il est partagé aussi entre déception et consternation. « Je suis à Gaoual depuis 5 jours, mais je mène une vie très difficile ici. Le plat de riz est vendu à 10.000 francs ici, nous avons payé un million comme frais de loyer de la maison où nous habitons. Et avec tout ça, je ne travaille pas. Certains orpailleurs qui sont là ont pris des crédits pour venir dans l’espoir qu’ils auront de l’or ici. Aujourd’hui, ils (les agents des forces de défense et de sécurité) ont arrêté certains de nos amis avec leurs machines et leurs motos, et ils ont pris tout l’or qu’ils avaient eu », a-t-il déploré.

David Tolno

David Tolno, lui, a quitté Guéckédou pour venir à Gaoual, à la recherche d’une vie meilleure. Mais c’est le contraire qui s’est produit. « Nous sommes venus à Gaoual pour travailler. Mais depuis qu’on est venu, on ne travaille pas, on n’a plus à manger. Je demande donc au gouvernement guinéen de nous laisser travailler. Si on ne travaille pas, comment on va retourner chez nous ? S’ils disent qu’on va obligatoirement partir, ils vont nous tuer ici, parce qu’on n’a pas les moyens pour rentrer », a dit ce mineur.

De Gaoual, Amadou Lama Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tel. 621686148         

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