Descente musclée des forces de l’ordre à Wanindara : vandalisme, pillages et interpellations (témoignage)

Les forces de l’ordre ont fait une descente musclée dans l’après-midi du jeudi, 17 juin 2021, au marché de Wanindara, un quartier de la commune de Ratoma (en haute banlieue de Conakry). Les agents ont commis des actes de vandalisme, des pillages et plusieurs interpellations, a appris un journaliste de Guineematin.com qui s’est rendu sur place.

Selon les témoignages, c’est aux environs de 17 heures que plusieurs policiers et gendarmes ont débarqué au marché de Wanindara, provoquant la panique sur les lieux. Les hommes en uniforme auraient vandalisé et pillé plusieurs boutiques, emportant de l’argent et des biens. « Quand je suis arrivé au marché ce matin, j’ai trouvé plusieurs personnes regroupées en disant qu’ils ont des croix sur leurs boutiques ou leurs habitations (les croix sont des signes que les bâtiments cochés doivent être déguerpis, ndlr). J’ai demandé à l’administration du marché, ils m’ont dit qu’ils ne connaissent absolument rien. L’administrateur du marché a dit qu’il n’en est pour rien.

Les gens ont dit alors de rester silencieux, on saura ce qui ne va pas. Maintenant, ce soir, aux environs de 17 heures, alors que j’étais assis devant ma boutique, j’ai vu une foule qui se dirigeait vers moi. Là où il y avait la foule, j’ai vu une dizaine de pick-up de policiers et de gendarmes. C’est là que j’ai compris que quelque chose ne va pas. Comme j’ai une fois été victime d’actes de vandalisme, j’ai eu le réflexe de fermer ma boutique et je suis resté devant ma boutique. Quand ils (les agents) sont venus, ils m’ont demandé qu’est-ce que je fais ici, je leur ai répondu que je suis devant ma boutique. Ils sont passés, ils ne m’ont pas agressé.

Mais partout où il y avait les croix, ils ont défoncé les portes. Ils étaient munis de marteaux et de plusieurs autres objets. Ils ont cassé les cadenas et les murs et ont pillé plusieurs boutiques. Lorsqu’ils revenaient de là où ils étaient allés pour vandaliser, ils avaient beaucoup d’objets : des téléphones, des motos et d’autres choses. Ils ont interpellé aussi plusieurs jeunes, au moins une dizaine. Parmi ces jeunes, certains étaient dans leurs maisons. Quand ils ont vu les gendarmes et les policiers, certains se sont enfermés dans leurs maisons. Mais avec tout ça, les gens ont défoncé les portes pour arrêter les jeunes », a témoigné un citoyen.

Notre interlocuteur, qui a voulu garder l’anonymat pour éviter des représailles, se dit choqué par l’attitude des forces de l’ordre. « Je suis très frustré, très remonté. Ceux qui sont censés nous protéger, ce sont les premiers à venir s’attaquer aux citoyens et faire des désordres. Ils pouvaient avertir les citoyens. Si c’était pour un déguerpissement, ils pouvaient nous avertir. Mais on ne connaît pas la raison pour laquelle nous avons été attaqués. Aucune information ne nous a été donnée. Je me sens très touché, parce qu’ils viennent chaque fois déranger les citoyens. Tout ça parce qu’il y a l’impunité. Ce sont des citoyens innocents qui sont victimes, qui sont arrêtés », a-t-il déploré.

Ce jeudi soir, plusieurs habitants de la zone cherchaient à quitter chez eux pour aller passer la nuit ailleurs. Ils disent avoir peur d’être « attaqués » nuitamment les forces de l’ordre, souvent accusées de commettre des exactions dans ce quartier favorable au principal parti d’opposition du pays.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com 

Tel : +224 622 07 93 59

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