Détournements de plus de 4 milliards à la SOGEAC : difficile début d’année à l’aéroport de Conakry

Kabassan Oulaba Kéita
Kabassan Oulaba Kéita

Les nouvelles en provenance de l’aéroport de Conakry ne sont pas bonnes. La pilule du présumé détournements de quatre (4) milliards de francs guinéens à la Société de Gestion de l’Aéroport de Conakry (SOGEAC) ne passe toujours pas chez les partenaires français. Ces derniers, qui détiennent 49% de participation dans le chiffre d’affaires de la SOGAEC, ne décaissent plus un sou depuis le début de l’année 2019, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le nouvel an commence plutôt mal à l’aéroport international de Conakry Gbessia. Selon nos informations, suite au litige né de la découverte d’un gouffre financier de quatre (4) milliards de francs guinéens à la SOGEAC, les partenaires français ne seraient plus prêts à décaisser un seul sou. Ils exigeraient le remboursement dudit montant par le DG de la SOGEAC, Kabassan Oulaba Kéita, incriminé dans cette affaire.

Selon une source généralement bien informée, cette mesure est consécutive à d’autres restrictions déjà en cours il y a quelques mois par les partenaires français : l’Agence Française de Développement, l’Aéroport de Paris et la Chambre de Commerce de Bordeaux. Ces mesures sont, entre-autres : l’interdiction d’engager la SOGEAC pour toute somme dépassant 50 millions de FG ; la restriction des décaissements des dons et libéralités ; la suspension de la fameuse Carte Visa de l’entreprise, utilisée à volonté pendant un moment par le DG sans justificatifs,….

« Depuis le début de l’année 2019, le financier, qui est de la partie française, ne vient plus à son bureau. Or, pour décaisser de l’argent, il faut une double signature. Ce qui veut dire que l’on fonce vers le mur. Si ça continue comme ça, l’on se demande si les salaires seront payés en fin janvier avec près de 500 employés à la SOGEAC, sous-traitants et autres. Nous craignons même que les partenaires français se retirent. Ça entraînerait une liquidation de la SOGEAC », fulmine notre source, sous le sceau de l’anonymat.

Aujourd’hui, les français conditionneraient leur collaboration « par le remboursement des montants et une sanction contre le présumé responsable du détournement. Une mesure qui tarde à être prise par les autorités compétentes », se désole notre interlocuteur.

Pour rappel, un gouffre financier de plus de quatre milliards de francs guinéens avait été mis à jour à la SOGEAC. Le Directeur Général de cette société mixte était pointé du doigt dans ce qui s’apparente à « une non-conformité entre certaines dépenses effectuées et les autorisations budgétaires validées par le Conseil d’Administration de la SOGEAC : fausses factures, surfacturation, faux contrats, location de limousines pour des randonnées à Paris aux frais de la SOGEAC », a-t-on appris.

Devant cet état de fait, le CA avait saisi les cabinets d’audit FFA-Ernest & Young et Lombonna, le 27 novembre 2017. La démarche visait à « diligenter une revue de conformité de certaines dépenses des exercices allant du 1er janvier 2016 au 31 octobre 2017. Les dépenses visées sont notamment : entretien, réparations et maintenance ; missions et réceptions, avantages en nature, dons et libéralité, investissement mobilier, mobilier et travaux ».

Le travail effectué, le rapport d’audit est déposé au CA de la SOGEAC. Aussitôt, une correspondance en date du 02 février 2018, signée du président du CA, est adressée au DG, Kabassan Oulaba Kéita. Il lui est transmis le rapport d’audit « pour commentaires et justificatifs ».

Une réunion du CA avait été programmée à Paris le vendredi, 20 avril 2018. Parmi les points à l’ordre du jour, devraient figurer les résultats de ce fameux rapport d’audit.

Mais, le président du CA, Boubacar Sow, est limogé « pour faute lourde » par un décret présidentiel signé le 19 avril. Soit la veille de la tenue du CA à Paris. Une mesure qui avait surpris plus d’un à l’époque. « On a fait du chasseur le gibier », s’était étonné Boubacar Sow.

En attendant que la lumière jaillisse dans ce dossier, les yeux sont tournés vers l’aéroport de Conakry où des bouleversements pourraient se produire.

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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