Développement local à Mandiana : les quartiers demandent des « actes pratiques » au maire de la ville

C’est un nouveau cap qui vient d’être tracé pour le maire de la commune urbaine de Mandiana. Les chefs des différents quartiers de la ville (qui a tout l’air d’une bourgade) demandent à l’autorité communale de Mandiana de faire du reprofilage des routes de la commune une priorité dans son plan de développement local. Avec un ton teinté de reproche, ces élus qui sont en contact direct avec les populations ont invité le maire, Ibrahima Sira Diakté, de sortir des discours plaisants et de « poser des actes pratiques » que tout le monde peut voir sur le terrain. Ils se sont fait entendre lors de la première session du conseil communal, tenu le 07 janvier dernier. Mais, cette sortie des responsables à la base a mis le maire dans tous ses états, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Mandiana.

Située à plus de 725 kilomètres de Conakry, dans la région Est de la Guinée, la préfecture de Mandiana ressemble aujourd’hui à un gros village. Le manque d’infrastructures crève les yeux dans cette zone aurifère. Les quelques routes de la commune urbaine sont quasiment des pistes très mal entretenues et difficiles à pratiquer. En saison sèche, les nuages de poussières font le quotidien des populations. Car, chaque passage de véhicule suffit sa peine. Avec plus d’un demi-siècle d’indépendance de la Guinée, la préfecture de Mandiana n’a bénéficié que de cinq (5) kilomètres de routes bitumées. Et, aujourd’hui, le vieux tapis de goudron est en piteux état. Des trous béants sont visibles partout et font la misère des conducteurs des véhicules.

C’est pourquoi, très conscient que leur localité a toujours été le parent pauvre des différents gouvernements qui se succédé à la tête de la Guinée, les chefs des quartiers de la commune urbaine de Mandiana ont demandé cette année à l’autorité communale de faire du « reprofilage des routes (plutôt des pistes) » la pierre angulaire de son plan de développement local. Ils ont aussi demandé au maire, Ibrahima Sira Diakité, et à son équipe d’ouvrir d’autres pistes dans la commune pour désenclaver les différents quartiers de la ville.

« Nous avons dit, en 2020, de réparer nos voiries, de clôture les cimetières et les terrains de football. Malheureusement, rien de tout ça n’a été fait. Aujourd’hui encore, nous demandons au maire de faire la question des routes sa priorité, même s’il va investir là-bas toutes les recettes de la commune. Il faut arrêter de parler, on en a beaucoup entendu. Maintenant, il faut poser des actes pratiques. Car, c’est nous (les chefs des quartiers) qui sommes avec la population ; et, on a une population analphabète qui ne comprend que la pratique (le concret) », a dit Silo Diakité, le porte-parole des chefs des quartiers de Mandiana.

Cette intervention des chefs des quartiers est intervenue peu après l’exposé du maire Ibrahima Sira Diakité sur le bilan 2020 de la commune. Un bilan reluisant sur le papier mais, qui ne reflète en rien la réalité sur le terrain. Et, cette intervention a provoqué une colère inattendue chez la première autorité communale de Mandiana.

« Construire un collège n’est pas pratiques ? », a alors rétorqué le maire Ibrahima Sira Diakité avec un ton et un regard menaçants.

Seulement, le collège dont la première autorité communale de Mandiana fait allusion a été construit par l’ANAFIC (agence nationale de financement des collectivités locales). Et, les chefs de quartier le savent déjà.

Cependant, toujours décidé à convaincre les chefs de quartier, le maire Ibrahima Sira Diakité a laissé entendre qu’aucune commune de Guinée ne fait de route.

« Je crois que ce sont les chefs de quartier qui doivent nous soutenir et nous aider à faire comprendre à la population. Aucune commune en Guinée n’a pu faire un kilométrage de route, parce que ça coûte cher. Mais, nous avons des initiatives à l’horizon national et international pour refaire les voiries urbaines. Donc, on a besoin de votre bénédiction pour que des personne de bonne volonté nous accompagnent », s’est-il défendu sans convaincre.

De Mandiana, Mamady Konoma Keita pour Guineematin.com

Tél. : 625 81 03 26

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