Diagnostic du système de santé de la Guinée : Voici le constat du Département

La pandémie de COVID-19 a un impact majeur sur la continuité des soins de santé primaire, particulièrement la vaccination. C’est dans ce cadre du suivi de la mise en œuvre des interventions prioritaires du  ministère de la santé, qu’une mission de supervision du ministère de la santé et de l’hygiène publique a été organisée du 8 au 20 juin 2021, afin d’impulser les activités de vaccination dans les préfectures à faible couverture sanitaire et procéder au lancement de la santé communautaire tout en identifiant les défis sur le terrain. Au terme de cette tournée qui a conduit le ministre de la santé et sa suite, accompagnés des partenaires techniques et financiers dans sept préfectures du pays, le médecin Colonnel  Rémy Lamah a fait le point sa mission ce vendredi, 02 juillet 2021, au département, en présence des hommes de médias.

Après cette mission de deux semaines qui a conduit les acteurs du système de santé de la Guinée dans les sept districts sanitaires à faible couverture vaccinale du pays à savoir : Boké qui a constitué la première étape, Boffa, Dabola, Dinguiraye, Labé, Kissidougou et Macenta, il était question pour la mission ce vendredi, à travers un point de presse animé à cet effet, d’informer la population guinéenne et les partenaires au développement de la situation actuelle du système de santé du pays en général et de la vaccination de routine en particulier, tout en faisant la promotion de la santé communautaire, une approche lancée au cours de la tournée afin d’améliorer la santé communautaire en Guinée. Et, à cette occasion, le ministre de la santé, le médecin général Rémy Lamah, a dressé le tableau de l’état actuel du système de santé guinéen à la base.

« Au cours de la mission, nous avons constaté des acquis tels que : les acteurs locaux se sont fortement impliqués dans l’organisation et le déroulé de la mission de supervision sur le terrain ; le personnel de Santé était en place ; la disponibilité des vaccins et autres outils de gestion dans la plupart des sites visités ; la disponibilité de l’échéancier pour le suivi des enfants vaccinés dans la plupart des sites visités ; la propreté des locaux de la plupart des structures visitées.

En ce qui concerne les points faibles, la mission a constaté la supervision interne des CS/PS, des DPS et DRS ont un caractère essentiellement administratif sans une analyse approfondie des informations recueillies au niveau des centres de santé. Exemple : les stratégies avancées, la recherche des perdus de vus pour la vaccination ; la complétude des rapports est bonne, mais la qualité de certaines données n’est pas fiable ; le taux de fidélisation du personnel est faible, ce qui impacte la disponibilité, la motivation et la redevabilité ; les stratégies actuelles de vaccination de routine ne permettent pas d’améliorer la couverture (vaccination hebdomadaire dans la plupart des structures visitées) ; la pérennisation de la mise en œuvre de la stratégie de la santé communautaire n’est pas encore assurée dans les premières communes à cause du retard de la prise en charges des RECO et ASC par les communautés et l’État ; le personnel de santé évoluant dans les structures sanitaires périphériques est essentiellement constitué de bénévoles et de stagiaires » a indiqué le ministre Rémy Lamah.

Au regard  de tous ces maux, le ministère de la santé et de l’hygiène publique a fait une série de recommandations sur le terrain pour améliorer la qualité de la prestation des soins de santé et de la vaccination en cours, avant de promettre que ces recommandations feront l’objet d’un suivi rigoureux par les cadres du département.

– Améliorer la qualité des supervisions des centres de santé en mettant un accent sur la revue des supports de données ;

– La programmation des activités comme les stratégies avancées, 

– Les enquêtes par sondage de la disponibilité des vaccins, des médicaments, du taux de recouvrement des recettes ;

– Afficher les tarifs des prestations dans les hôpitaux en veillant à la gratuité de la vaccination, de la césarienne et l’humanisation des salles d’hospitalisation ;

– Renforcer la collaboration avec les autorités communales. 

– Engager la responsabilité des DPS pour la transmission de données dont la non-conformité sera désormais sanctionnée ;

– Envoyer au ministère la liste de tous les agents absents à leurs postes de travail respectifs pour une durée de plus de 30 jours par type de structure (centre de santé, hôpital, PS, DRS) ;

– Effectuer les supervisions formatives et renforcer les capacités et la redevabilité des ressources humaines.

– Intégrer l’approche de recrutement régional du personnel de Santé etc.

Ces recommandations formulées feront l’objet d’un suivi rigoureux par l’équipe du ministère de la santé. Des actions correctives immédiates instruites sont déjà réalisées sur le terrain.

Ainsi, les différentes évaluations faites par les partenaires techniques et financiers ont prouvées qu’en Afrique, la Guinée fait partie des pays à faible couverture vaccinale. Ce constat a entraîné une analyse qui a identifiée sept districts sanitaires dont les indicateurs sont les plus mauvais avec plus d’un enfant sur deux qui ne sont pas vaccinés. Ce sont les préfectures de : Boké, Boffa, Dabola, Dinguiraye, Labé, Kissidougou et Macenta.

Au terme des échanges entre la presse et les cadres du département, le responsable pays alliance mondiale pour la vaccination, Dr Magdy Mibrahim Alli est intervenu par visioconférence. Après avoir suivi l’exposé du ministre guinéen de la santé, cet expert en santé international a tout d’abord félicité les cadres du ministre avant de dénoncer le manque de vaccins dans certaines zones de vaccination. 

« Il y a plus de 35 millions de dollars qui sont mises à disposition dans ce cadre. On ne peut pas comprendre avec cette disponibilité des moyens à votre disposition que la disponibilité des vaccins n’a pas été effective. Il y a eu de nombreux moment la rupture des vaccins. En plus qu’est-ce que les superviseurs font sur le terrain en termes de surveillance pour s’assurer de l’effectivité de la vaccination ? Il faut un mécanisme de redevabilité pour atteindre des objectifs surtout quand vous avez les moyens pour améliorer les choses », a-t-il dit.

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