Dialoguer ou reprendre les manifestations ? Cellou Dalein face à un dilemme

Cellou Dalein Diallo, président de l'UFDG
Cellou Dalein Diallo

Depuis quelques temps, le dialogue est sur toutes les lèvres. C’est un mot qui est en vogue. On y use et abuse. Certains estiment que le dialogue, qui est une façon de tordre le coup à la loi, a montré ses limites. D’autres rétorquent que le pays a et aura toujours besoin de dialogue. Arguant que toutes les constituions de ces dernières années y ont consacré au moins un article.

Par le passé, ce dialogue a eu comme résultant de permettre aux parties protagonistes d’accorder leur violon. Que ce soit sur un calendrier électoral, le maintien ou le départ d’une institution ou un homme qui est à sa tête. Ainsi, grâce à ce fameux dialogue, on a pu décrisper une situation des plus tendues. Sauvant des vies humaines dans un pays où la mort d’hommes lors des manifestations politiques est devenue la réglé et le zéro mort l’exception.

Et pourtant, le dialogue qui a actuellement le vent en poupe, est différent des autres. Cette fois il n’a que deux objectifs : d’un côté obtenir la libération de tous les détenus politiques et de l’autre la reconnaissance du troisième mandat par le principal parti de l’opposition. Voilà l’objectif de ce dialogue.

Sachant que la vraie opposition ne veut pas lâcher du lest, le pouvoir a réussi à obtenir plusieurs cartes à jouer. Si le dialogue n’aboutit pas, il compte sur ce que l’opposition qualifie de « chantage » pour obtenir la reconnaissance des résultats de la présidentielle d’octobre 2020. Entre autres la libération des opposants moyennant cette reconnaissance.

Déjà plusieurs d’entre eux ont recouvré la liberté après avoir demandé pardon au chef de l’Etat. Ce qui met la justice dans une position peu confortable. Laquelle justice clame et proclame son indépendance. Mais jusqu’ici ce sont les petits poissons qui ont été libérés. Les gros restent en prison. Ces derniers n’entendent pas baisser l’échine, jusqu’à demander pardon. Sans doute se rappelant de l’adage selon lequel « qui s’excuse s’accuse ».

C’est dans ce contexte que les militants de l’UFDG font monter les enchères. Ils exigent de leur Direction la reprise des manifestations de rue. Parce qu’ils savent que la meilleure façon de se défendre c’est d’attaquer.

Entre d’un côté cette prise de position des militants et la pression des partenaires de la Guinée, Cellou Dalein Diallo est au pied du mur. Le dialogue devient un cercle vicieux. Le pouvoir veut que les responsables politiques en prison emboitent le pas à leurs anciens codétenus pour bénéficier d’une liberté. L’opposition exige leur libération sans conditions. Entre les deux Fodé Bangoura, bombardé d’un décret de chef du dialogue politique, doit ménager la chèvre et le chou.

Si l’aile dure de l’opposition parvient à prendre le dessus pour reprendre les manifestations, le pouvoir aura un grain supplémentaire à moudre. Au lieu d’exiger la reconnaissance de sa victoire à la présidentielle, il va demander l’arrêt des manifestations.

Ceci dit, le même pouvoir passe à l’attaque pour se défendre. Sans même attendre la moindre enquête encore moins une décision de justice, il porte de très graves accusations contre le parti qui donne de l’insomnie à Sékoutouréya. Le ministères de l’Administration du territoire et celui de la Sécurité ont pondu un rapport accablant contre la bête noire du régime.

Un rapport jugé du déjà vu et entendu par le passé. En effet, le régime Condé ne fait que marcher sur les traces de celui de Conté. Par le passé, un certain Alpha Condé avait été accablé des mêmes accusations. Or depuis, la seule chose qui a changé c’est la tête. Tout le reste demeure le même.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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