« Donner l’exemple et Sauvegarder le bien commun en Afrique » : 9 personnalités africaines signent une tribune sur la situation au Tchad

Décembre 2017. De gauche à droite : S.E.M Mohamed Ould Abdoul Aziz, Président de la République Islamique de Mauritanie, S.E.M Idriss Deby Itno, Président de la République du Tchad, S.E.M Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger, Chef de l’Etat, M. André Parant Secrétaire Général Adjoint du Quay d’Orsay, Mme Soukayna Kane, Directrice des Opérations de la Banque Mondiale pour le Mali, la Guinée, le Niger et le Tchad, M. Abdoulaye MAR DIEYE, Directeur du Bureau Régional du PNUD pour l’Afrique
Décembre 2017. De gauche à droite : S.E.M Mohamed Ould Abdoul Aziz, Président de la République Islamique de Mauritanie, S.E.M Idriss Deby Itno, Président de la République du Tchad, S.E.M Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger, Chef de l’Etat, M. André Parant Secrétaire Général Adjoint du Quay d’Orsay, Mme Soukayna Kane, Directrice des Opérations de la Banque Mondiale pour le Mali, la Guinée, le Niger et le Tchad, M. Abdoulaye MAR DIEYE, Directeur du Bureau Régional du PNUD pour l’Afrique

Nous publions ci-dessous une tribune de 9 personnalités* sur la situation préoccupante au Tchad. « Les évènements du Tchad appellent au « réveil » du peuple, au rapide sursaut des Africains et des institutions africaines pour un renouveau des pratiques politiques et pour la sauvegarde du bien commun, par excellence, que constitue l’exercice démocratique », écrivent ces acteurs engagés en signant à visage découvert, ce qui est plutôt rare sur de tels thèmes. In extenso.

Depuis bientôt un an, l’Afrique vit au rythme des élections présidentielles caractérisées par de multiples tensions. Comment croire à la pratique «démocratique» et au droit des populations à choisir leurs dirigeants lorsque les élections sont devenues des exercices usuels de violation de l’esprit des institutions et une trahison de la promesse de lendemains meilleurs pour la jeunesse ? L’habillage démocratique auquel nous assistons à travers les simulacres d’élections a fini par lasser les populations qui ne croient plus aux vertus de la politique et aux bienfaits de l’exercice électoral qui devrait favoriser l’alternance et refléter la volonté populaire.

Ce recul démocratique dans de nombreux pays, sur fond d’emprisonnement ou d’envoi en exil forcé des opposants politiques, de violences, de « tripatouillages » de résultats, est le signe, en réalité, d’une fragilité des pouvoirs en place, prétendus « forts », qui s’adonnent à un «coup d’Etat électoral permanent», avec une certaine complaisance coupable des institutions africaines et des partenaires internationaux.

Le dernier coup de force des militaires au Tchad, après la mort du Maréchal Président, ainsi privé de son 6ème mandat, est une nouvelle illustration de la faillite institutionnelle du pays ; un scénario qui en rappelle d’autres sur le continent.  La mise en place d’un Conseil Militaire de Transition, dirigé par le fils du Président décédé, en violation totale de la Constitution, le silence assourdissant de certaines institutions et dirigeants africains, le quasi-adoubement de la « junte » par certains pays occidentaux, au mépris de la volonté des populations, pourrait engendrer une nouvelle crise dans ce pays fragile sur plusieurs plans, et notamment sécuritaire. Le discours laudateur du Président Français lors des funérailles du Maréchal n’apaisera sans doute pas le sentiment «anti Français» exprimé de plus en plus dans les rues Africaines par la jeunesse.

Comment imaginer que les citoyens, les partis politiques, les militaires, les religieux, … l’ensemble des forces vives de la Nation, ne puissent dénoncer ce coup d’Etat ? Cette imposture, à peine relevée par l’Union Africaine, pourtant garante théorique des règles démocratiques est une provocation de plus. Le peuple Tchadien sera en droit de revendiquer sa souveraineté, et le respect de la loi fondamentale, à moins que la dernière constitution remaniée, «votée massivement», n’ait été qu’une duperie.

Les chancelleries étrangères se trouvent dans l’embarras, prises au piège, confondues entre admettre, avec une certaine complaisance, un état de fait ne correspondant à aucune réalité constitutionnelle, ou le dénoncer ; ce qui peut apparaître comme une ingérence dans la souveraineté d’un pays, dont le rôle de gardien contre la percée des mouvements rebelles dans la région, permettait toutes les violations des droits humains.

Les évènements du Tchad appellent au « réveil » du peuple, au rapide sursaut des Africains et des institutions africaines pour un renouveau des pratiques politiques et pour la sauvegarde du bien commun, par excellence, que constitue l’exercice démocratique. Le rassemblement des mouvements de jeunesse, des partis politiques, des différents corps sociaux, dans un dialogue honnête, pour reconstruire les bases « d’Etat-Nation », est nécessaire pour éviter le grand « printemps » africain qui pourrait entraîner un embrasement général d’une bonne partie du continent, avec des populations à bout de patience.

Toute atteinte à la Démocratie risque de n’entraîner que … la révolte ! »

Les signataires*

  • Didier ACOUETEY : Action Citoyenne Africaine
  • Foulo BASSE : Ancien Directeur Services Université Evry
  • Mamadou Aliou BARRY : Géopolitologue/ Droits de l’Homme Guinée / Président Centre Analyses Etudes Stratégiques CAES.
  • Alain DUPOUY : Président d’un Think Tank , Consultant International
  • Charles Zacharie BOWAO : Professeur d’Université / Ancien Ministre de la Défense du Congo
  • Christophe KAISER : Chef d’Entreprise en Côte d’Ivoire
  • Nadia NAHMAN : Universitaire Guinée
  • Mamadou Tall MBAYE : Président de Kamunity
  • Adrien N’Koghe MBA : Directeur Fondation Léon MBA
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