Dubréka : la police accusée de profiter du couvre-feu pour commettre des exactions

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Plusieurs plaintes se font entendre ces derniers jours à Ansoumanyah Plateau 2, dans la préfecture de Dubréka. Des habitants de cette localité, collée à la capitale, Conakry, accusent des agents de la police de profiter du couvre-feu nocturne décrété par le président de la République pour y commettre des exactions. Un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre de quelques victimes de ces abus des forces de l’ordre.

Un couvre-feu de 21h à 5h du matin dans tout le pays, c’est l’une des décisions prises récemment par le président Alpha Condé, dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie du Coronavirus en Guinée. Mais, cette mesure prise par le chef de l’Etat entraîne des conséquences négatives sur les habitants du quartier Ansoumanyah Plateau 2, dans la préfecture de Dubréka. Ces derniers accusent les forces de l’ordre de profiter de cette situation pour s’en prendre à eux et les dépouiller de leurs biens.

Ibrahima Diallo, conducteur de taxi moto

C’est le cas d’Ibrahima Diallo, conducteur de taxi moto : « Hier, jeudi, aux environs de 20 heures, j’ai quitté Ansoumanyah Plateau 2 avec un client. Arrivé au carrefour de la Cimenterie, je m’apprêtais à débarquer mon client pour rentrer chez moi avant l’heure du couvre-feu, lorsque j’ai été interpellé par des agents de la police. Ils ont dit que j’étais en état d’arrestation parce que je n’ai pas respecté le couvre-feu, alors qu’il était juste 20h 30 et le couvre-feu commence en principe à 21h.

J’ai tout fait pour leur expliquer que je n’étais pas en marge du principe, mais ils m’ont pris de force pour m’emmener vers leur pick-up. Ils m’ont dépouillé de tous mes biens, notamment mon téléphone portable et une somme de 200.000 francs, qui représentait ma recette de deux jours. Et, ils ont tenté même d’emporter ma moto. C’est lorsque j’ai crié très fort que mon engin roulant a été épargné. Vraiment, je suis déçu de ce gouvernement qui n’apporte rien pour sécuriser les citoyens et leurs biens », témoigne le jeune homme, qui se dit « choqué par ces comportements ignobles de ces bandits de forces de l’ordre ».

Alpha Oumar Kouyaté, commerçant à Madina

Alpha Oumar Kouyaté, commerçant à Madina, également habitant du quartier Ansoumanyah Plateau 2 : « Hier soir, aux environs de 20 h, je descendais à peine du taxi quand j’ai été arrêté par des agents de force de l’ordre au carrefour de la T8. Ils m’ont demandé qu’est-ce que je fais dehors pendant qu’il y a un couvre-feu qui est instauré, je leur ai répondu que c’est à 21 h que le couvre-feu commence et non à 20 h et que je suis sur le point de rentrer chez moi. C’est ainsi que pendant nos échanges, les agents m’ont brutalisé. Ils ont pris tout ce qui était sur moi : mon téléphone et une somme de 400.000 francs.

Ils m’ont jeté par terre et sont montés précipitamment dans leur pick-up pour partir. Voyant toute cette insécurité à laquelle nous les citoyens du quartier Ansoumanyah Plateau 2 sommes confrontés, je me dis que ce gouvernement est absent ici. C’est comme si nous sommes dans la jungle où le plus fort piétine le faible. Je suis inquiet parce que je reste convaincu que ce sont des bandits de grand chemin qui sont envoyés pour nous sécuriser en cette période de crise sanitaire », soutient cet autre citoyen.

A noter que les habitants d’Ansoumanyah Plateau 2 ne sont pas les seuls à se plaindre des agissements des forces de l’ordre. Des citoyens ont manifesté dans la matinée de ce vendredi, 03 avril 2020 au Km5, toujours dans la préfecture de Dubréka, pour dénoncer aussi les agents de la police. Ils les accusent de profiter du couvre-feu pour dévaliser et piller des boutiques. Les accrochages entre les manifestants et les forces de l’ordre ont fait des blessés, selon des témoins.

Léon Kolié pour Guineematin.com

Tel : 661 74 99 64

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