La Guinée, château d’eau d’Afrique de l’Ouest, est souvent confrontée à des situations de manque d’eau, notamment en saison sèche. C’est le cas de la préfecture de Dubréka où les citoyens commencent à se plaindre du manque d’eau au robinet. Une grande première pour cette commune proche de Conakry où les populations connaissent un quotidien désormais compliqué, a constaté sur place Guineemtin.com à travers un de ses reporters.
Les citoyens des quartiers Orphelinat et Toumanya, dans la commune de Dubréka, sont confrontés à une pénurie d’eau sans précédent en ce mois de décembre 2019. Le manque d’eau potable au niveau des robinets complique la tache aux citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Selon François Millimouno, chauffeur de taxi domicilié à Toumanya, il est difficile de se procurer de l’eau en ce moment. « Depuis le lundi, 09 décembre 2019, on n’a pas d’eau dans les robinets. A chaque fois, mes enfants transportent les bidons sur la tête, et quand tu appelles ceux qui travaillent à la SEG, ils te disent qu’on a un problème technique. Il arrive même des moments quand vous les appelez, ils ne répondent pas. J’ai un château chez moi, mais les cuves sont vides. Le peu d’eau qu’on avait est fini. C’est pourquoi je transporte l’eau dans la voiture. Vraiment l’affaire de l’eau est devenue un problème pour nous. Vu la distance, j’ai décidé de venir avec la voiture pour chercher de l’eau. Tu ne peux pas avoir le courage de mettre un bidon sur la tête d’un enfant pour le transporter à plus d’un km de la maison. Au moins, avec ma voiture, je peux mettre dix bidons. Ce qui pourra nous arranger toute la journée. Ceux qui ont un peu d’eau dans leur château prennent de l’argent avec nous. Parfois, ils peuvent te dire deux bidons ou trois bidons à 500 GNF. Tu vas forcément accepter », a laissé entendre notre interlocuteur.
Devant les difficultés rencontrées, François Millimouno demande à la Société des Eaux de Guinée (SEG) de jouer pleinement son rôle. « Il faut que la SEG nous aide à trouver la solution à ce manque d’eau dans les robinets. Ce n’est pas tout le monde qui a les moyens de creuser un forage. Que tu sois femme, homme, l’eau ne doit pas manquer dans la vie. L’eau occupe une place de choix dans la vie de l’homme. Chaque fois, les gens souffrent ici à Dubréka pour ce problème d’eau ».
Même son de cloche chez madame Koumba Diallo, marchande affectée de plein fouet par le manque d’eau à Toumanya, obligée d’utiliser de l’eau du puits. « Je viens de quitter le marché pour venir préparer pour mes enfants. Si je prends les bidons pour aller chercher de l’eau dans le quartier, je ne finirai pas vite la cuisine et si les enfants quittent l’école sans trouver le repas, ils peuvent se fâcher. C’est pour cette raison que j’utilise l’eau du puits pour la cuisine, le linge etc. On ne peut pas compter sur la SEG. Depuis cette semaine, nous sommes en manque d’eau. Parfois, s’ils envoient l’eau, la pression n’est pas forte pour remplir un bidon. Tu peux attendre des minutes des minutes avant que le bidon ne soit rempli. Au moins, avec l’eau du puits, on peut mettre du chlore afin de désinfecter », a-t-elle confié.
En outre, madame Koumba Diallo précise que quelques fois, des disputes peuvent éclater au niveau des robinets. « Dès qu’on entend qu’il y a l’eau chez le voisin, c’est des bousculades et c’est ce qui amène parfois des bagarre entre les gens. Avant, mes enfants partaient chez notre voisin pour puiser de l’eau. De nos jours, quand ils vont, le voisin n’accepte pas, arguant qu’il n’a plus d’eau dans le château, que les cuves sont vides. Vraiment, nous les femmes de Dubréka, nous souffrons chaque année pour ce problème d’eau. Il faut que les autorités nous aident ».
Au quartier Orphelinat, certains citoyens rencontrés par notre reporter ont dénoncé les nombreuses promesses faites par les autorités pour l’approvisionnement en eau. Des promesses jamais réalisées.
Saa Foko Millimouno pour Guineematin.com
