Echec du PDC aux législatives : Mohamed Cissé charge Damaro Camara et flingue la CENI

Mohamed Cissé, président du parti démocrate conservateur

En conférence de presse hier, mardi 07 juillet 2020, le leader du PDC (parti démocrate conservateur) s’est de nouveau exprimé sur l’échec de son parti aux élections législatives du 22 mars dernier. Mohamed Cissé a ouvertement accusé Amadou Damaro Camara du RPG arc-en-ciel (actuel président de l’Assemblée nationale) d’avoir donné des instructions pour que « les voix du PDC » dans certaines préfectures du pays soient attribuées à d’autres « partis politiques qui étaient dans la dynamique du RPG arc-en-ciel (le parti au pouvoir en Guinée).

Le président du PDC s’en est pris aussi à la commission électorale nationale indépendante (CENI). Il accuse cet organe de gestion des élections d’avoir attribué à son parti, pour un même scrutin, deux résultats différents, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était à cette rencontre avec les professionnels de médias.

Le leader du Parti démocrate conservateur a commencé son allocution par expliquer les « motifs » qui ont poussé son parti à prendre part au très controversé double scrutin législatif et référendaire du 22 mars dernier.

Mohamed Cissé, président du parti démocrate conservateur

« Nous nous pensons que quand vous avez des idées, vous voulez mener un combat pour changer les choses dans votre pays, vous faites des projets de société. Et, ces projets de société que vous avez, vous les soumettez au peuple. Alors, qu’il y ait une élection et que vous boycottez cette élection, nous nous estimons que ça serait trahir le peuple pour lequel nous nous battons », a-t-il indiqué.

Droit dans ses bottes, le leader du PDC s’est ensuite versé dans l’art de la révélation. « On est allé à ces élections législatives ; mais, très malheureusement, on m’a contacté à 24 heures de la publication des résultats pour me dire : Oui, vous êtes éligibles, mais actuellement il se trouve qu’il y a une enquête de moralité sur vous. On veut savoir si vous serez quand même dans la dynamique de la mouvance. On m’a donc demandé de supprimer toutes les publications que j’ai eu à faire sur ma page (Facebook) et dans lesquelles je me suis attaqué à la nouvelle constitution. J’ai répondu à l’interlocuteur que tout ce que j’ai eu à publier sur ma page ce sont des convictions ; et, pour ne rien au monde, on (le PDC) ne peut monnayer notre conviction contre un siège à l’assemblée », a confié Mohamed Cissé.

Justement, au sortir des élections législatives, le PDC s’est retrouvé sans aucun député à l’assemblée nationale. Mais, pour le leader du PDC, son parti n’a pas démérité. Il a juste été victime des machinations de certains gros bonnets du RPG arc-en-ciel dont Amadou Damaro Camara et à la partialité de la CENI.

« Si nous prenons le dépouillement de ces élections là, à N’zérékoré que nous estimons comme étant notre fief, on a dit que le PDC n’a eu que 51 voix. Pourtant, pendant le dépouillement, il était clair qu’au moment où le PDC était à 8000 voix, il y a eu un appel de Damaro Camara (actuel président de l’Assemblée nationale) pour dire aux gens que le PDC ne peut pas avoir un siège. Il a dit que le PDC est de l’opposition. Donc, Damaro a demandé à ce que ces voix du PDC soient transcrites directement au compte de RRD de Abdoulaye Kourouma… A Kérouané où le PDC était à plus de 3000 voix, ayant eu écho du progrès du PDC dans cette préfecture, il a été demandé aussi une redistribution des voix. On avait ces informations ; et, chaque fois on saisissait la CENI pour ces dérapages. Mais, c’était une CENI aux ordres de l’exécutif… Au niveau de la centralisation ici (à Conakry), pendant que la CENI était à peu près à 15 circonscriptions, on a vu que le RPG était déjà à plus de 190 députés sur 114 possibles. Je pense que c’est ce jour là que Me Kébé Salif (le défunt président de la CENI) est réellement mort, même s’il marchait encore parmi nous. Parce que c’est ce jour là qu’on a décidé que le décomptage des voix ne pouvait plus se passer à la CENI. Donc, la CENI s’est transportée à Sékhoutouréyah où ils ont pris les partis pour distribuer les sièges à ceux-là qui étaient dans leur dynamique. Ainsi, le PDC s’est retrouvé avec zéro (0) siège à l’assemblée », a expliqué Mohamed Cissé.

Revenant à la charge contre la CENI, le président du PDC s’est interrogé sur la qualité du travail de cette institution électorale en Guinée. Car, selon lui, pour les mêmes élections législatives, la CENI a fourni deux résultats différents au PDC.

« Aujourd’hui, là où je suis comme ça, je ne suis pas en mesure de vous dire effectivement le nombre de voix que le PDC a obtenu lors de ces élections. Parce qu’il y a deux semaines, la CENI nous a fait parvenir les résultats nous permettant d’aller nous faire rembourser les cautions pour ceux-là qui ont plus de 5% ou qui ont au moins un député sur la liste nationale. Alors, quand on a obtenu ce document, on l’a fouillé. Et, il se trouve que le PDC est à plus de 1300 voix. Alors, je me demande aujourd’hui combien de CENI nous avons en Guinée. Parce que la CENI nous avait sorti un résultat où on avait 6162 voix. Et, ce résultat a été confirmé par la cour constitutionnelle. Mais, aujourd’hui, la même CENI nous sort un document où on est à plus de 1300 voix. Alors, où est le vrai résultat du PDC ? Voilà pourquoi nous nous demandons qu’il y ait une enquête sérieuse sur les élections du 22 mars 2020 », a indiqué Mohamed Cissé.

Selon le président du PDC, on s’est foutu du peuple lors des élections législatives. Et, les députés qui sont actuellement à l’assemblée nationale ne sont pas issus des urnes. Il demande d’ailleurs la déclassification des appels de certains cadres du RPG qui sont également dans les grâces du président Alpha Condé.

« Aujourd’hui, si on veut la clarté autour des législatives, je pense qu’il y a des personnes en Guinée, il suffit simplement de demander que leurs appels soient déclassifiés pour qu’on sache qu’il y a eu juste des répartitions de voix. Déclassifions seulement les appels de Kiridi Bangoura, Amadou Damaro Camara et Mohamed Diané (l’actuel ministre de la défense). Dès qu’on le fait, on comprendra tout de suite que oui, en réalité, ce n’est pas seulement ce qui s’est passé dans les urnes qu’on a reconduit. Les députés qui sont là ne sont pas des députés qui ont été choisis dans les urnes. C’est juste une répartition qui a été faite en fonction du positionnement des uns et des autres par rapport au RPG arc-en-ciel », a déclaré Mohamed Cissé.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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