Emploi-jeunes : à la rencontre des marchands ambulants de la capitale guinéenne

En République de Guinée, le manque d’emploi se fait sentir un peu partout et pousse les jeunes à se tourner vers ce qu’ils peuvent avoir le plus facilement, notamment le petit commerce pour subvenir à leurs besoins, en attendant mieux. Parmi eux, certains « prennent la rue » pour écouler leurs marchandises. Pendant les embouteillages, ces jeunes se faufilent entre les voitures pour attirer l’attention des automobilistes sur leurs articles. Rencontrés par un reporter de Guineematin.com ces marchands disent être conscients des dangers auxquels ils sont exposés ; mais, expliquent cette pratique par la nécessité vitale de trouver de quoi se nourrir.

La vente des objets dans la circulation est devenue une pratique récurrente dans la capitale guinéenne. Ces marchands profitent des innombrables embouteillages de Conakry pour chercher à écouler leurs articles.

Comme un peu partout, aux carrefours de Bambéto et de Cosa, ces jeunes marchands (de tous les âges et sexes) sont visibles entre les véhicules. Ils tiennent en main divers produits comme des accessoires de véhicules, des cartes géographiques, des livres, romans et journaux, des bonbons, des biscuits, des cartes de recharges et autres.

Mohamed Barry, une trentenaire, exerce ce métier par manque de place dans le marché mais également le manque de moyens pour subvenir aux besoins de sa famille : « Je suis là dans la rue car y’a manque de place dans le marché. Même ci y’a n’en le prix est trop pour moi, raison pour laquelle je suis ici à bambéto. Vendre les objets entre les véhicules me permet de subvenir aux besoins de ma famille » affirme ce marchand d’accessoire de voiture.

Selon Mohamed Barry, les automobilistes n’ont pas le temps d’aller chercher certains objets au marché au moment où ils sont derrière le volant. C’est par besoin des chauffeurs qu’ils viennent s’arrêter entre les véhicules pendant les embouteillages.

Marié et père de deux enfants, Amadou Sara Diallo a fait un bon parcours scolaire et universitaire. Il a décroché son diplôme de philosophie il y a cinq ans à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia. Mais, après avoir chômé un moment, il a été obligé de sortir faire ce petit commerce, en attendant un vrai emploi. Cet après-midi, il avait en main des romans et des cartes géographiques à vendre pour ne pas rester à la merci des parents… « Depuis 2012, j’ai fini les études. Par manque d’emploi, j’ai préféré faire ce métier pour subvenir à mes besoins. Je suis marié et père de deux enfants. On court des risques à longueur de journée. Mais, on n’a pas le choix ».

Pourtant, les « clients » n’applaudissent pas cette pratique. Certains chauffeurs qui ont accepté de parler au reporter de Guineematin.com ont dénoncé ce commerce de rue. Pour eux, en cas d’accident, ceux qu’on accusera… « La rue n’est pas un lieu de vente. Nous rencontrons des difficultés avec ces marchands. Ils y a certains qui ne savent pas traverser la route. Or, en cas d’accident, nous sommes responsables », s’est plaint un chauffeur de taxi.

Même son de cloche du côté des agents de la police routière. Ils confirment que cette activité empêche les chauffeurs de circuler librement. A cause de ces marchands, les embouteillages durent longtemps. « Nous sommes confrontés à des sérieux problèmes avec ces marchands. Ils sont à la base des embouteillages qui durent longtemps. Ils créent des accidents et aussi font perdre du temps aux chauffeurs », a déploré un policier ayant requis l’anonymat.

La presque totalité des marchands interrogés par Guineematin.com ont la même réponse : « ce n’est pas par plaisir qu’on vend dans la circulation. C’est même très gênant quand une connaissance nous aperçoit en train de vendre ici. Mais, à cause du manque d’emploi, on est obligé en attendant de trouver mieux ».

A rappeler que le président Alpha Condé, au début de sa gouvernance, avait dédié son mandat aux jeunes et aux femmes….

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

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