Entretien avec Younoussa Baldé de la jeunesse UFDG à Labé (avec vidéo)

 Younoussa Baldé, secrétaire général du Comité Fédéral de la Jeunesse UFDG à Labé,
Younoussa Baldé, secrétaire général du Comité Fédéral de la Jeunesse UFDG à Labé

Guineematin.com reçoit aujourd’hui le secrétaire général du Comité Fédéral de la Jeunesse UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée) à Labé, Younoussa Baldé. Ingénieur agroéconomiste de formation, notre invité de la semaine est membre de la nouvelle équipe du conseil communal de Labé.

Dans cet entretien vidéo exclusif, Younoussa Baldé nous présente le Comité Fédéral de la Jeunesse UFDG de Labé, explique ce qui a motivé l’organisation d’une conférence débat sur le projet de société de son parti, ouvre une parenthèse sur la participation du gouverneur de Labé, Elhadj Madifing Diané, à cet évènement politique, premier du genre dans la préfecture, aborde la question des relations conflictuelles entre l’opposition et les autorités locales, surtout autour de l’organisation des manifestations de rue, les difficultés dans le fonctionnement du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC)…Intégralité !

Guineematin.com : je vais commencer par vous remercier d’avoir accepté l’invitation de Guineematin ! Monsieur Baldé, vous êtes le secrétaire général du comité fédéral des jeunes de l’UFDG de Labé. Présentez-nous cette structure, brièvement ?

Le comité fédéral des jeunes de l’UFDG fait partie des organismes du parti, au niveau de la préfecture. Comme vous devez le savoir, il y a le bureau des jeunes, le bureau des femmes et le bureau tronc commun. Le comité fédéral des jeunes est donc un organe de la fédération de l’UFDG au niveau de la préfecture.

Quelles sont les activités principales du comité fédéral des jeunes de l’UFDG ?

Le comité fédéral des jeunes de l’UFDG intervient dans beaucoup d’activités culturelles, sportives, éducatives, politiques, à tous les niveaux en fait. Chaque année, le comité fédéral des jeunes de l’UFDG se fixe comme objectif d’élaborer un plan d’action qu’il déroulera au cours de l’année. Toutes ces activités seront prises en compte au niveau de ce plan d’action.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans vos activités dans la préfecture de Labé ?

Comme toute activité, des fois, la collaboration est difficile avec les autorités de tutelle. Comme vous devez le savoir, nous sommes des politiciens. Souvent, on a besoin d’organiser des manifestations pour dénoncer certaines dérives de l’Etat. Malheureusement, les autorités de tutelle ne se montrent pas trop démocrates, trop républicains pour autoriser ces manifestations. Comme vous devez le savoir, depuis que le premier ministre, monsieur Kassory Fofana est là, il y a une interdiction de toute manifestation politique sur toute l’étendue du territoire national. C’est quelque chose que nous déplorons. C’est une façon de confisquer les libertés des citoyens dans le pays. Dans ce cadre-là, la collaboration est vraiment difficile.

De l’autre côté, c’est toujours un problème de moyens. Vous le savez, un parti politique n’a pas assez de moyens. Ses activités dépendent de l’effort fourni par les militants. Les militants et sympathisants sont donc les premiers bailleurs du parti. Et il se trouve que la Guinée traverse une situation économique très difficile, très délicate. Des fois, nous n’avons donc pas les moyens de notre politique, en quelque sorte. Ça aussi, c’est une autre difficulté.

A part ça, la détermination est là, l’engagement est là pour faire de la Guinée un véritable Etat démocratique, un véritable Etat de droit. Les militants, de façon générale, et particulièrement les jeunes du parti s’engagent physiquement, moralement et humainement pour exécuter leurs activités pour aider le parti.

En dehors des activités ordinaires de l’UFDG, votre parti est engagé au sein du Front National pour la Défense de la Constitution. Qu’est-ce que le comité fédéral de l’UFDG apporte justement à l’antenne préfectorale de ce front ?

Le comité fédéral des jeunes est membre de ce front national pour la défense de la constitution au niveau de Labé. Nous appartenons à toutes les commissions du FNDC: la commission administrative, la commission information et communication, la commission mobilisation, la commission implantation et finances. Nous sommes membres au niveau de toutes les commissions, à part entière. Du coup, on participe donc à toutes les activités du FNDC au niveau de Labé. De l’implantation à la planification et le suivi. Tout. On n’est donc absent à aucune étape du processus d’évolution du FNDC.

Vous avez organisé une conférence débat sur le projet de société de votre parti. Qu’est-ce qui a motivé cette initiative du comité fédéral des jeunes de l’UFDG de Labé ?

Cette manifestation s’inscrivait dans le cadre de l’exécution du plan d’actions du comité fédéral des jeunes de l’UFDG d’une part, et d’autre part dans notre ambition à vulgariser le projet de société de l’UFDG. A un moment donné, on s’est dit qu’il est important de faire comprendre à l’opinion les principes, valeurs, stratégies et actions sur lesquelles l’UFDG fonde son projet de société pour bâtir une Guinée unie, démocratique et prospère et pour sortir la Guinée de la profonde crise qu’elle traverse. C’est ce qui nous a motivé vraiment à organiser cette conférence débat et expliquer tout cela à l’opinion.

Justement, comment les participants ont-ils apprécié l’initiative ?

Franchement, tout le monde était heureux, tout le monde était content. Ils n’ont pas manqué de nous dire que c’est la toute première fois qu’un parti politique organise une conférence débat autour du projet de société. Les médias ont apprécié, la société civile a apprécié, les autres partis politiques ont apprécié, le gouverneur et le maire qui étaient tous là ont apprécié et ils nous ont encouragés vraiment à démultiplier des initiatives comme ça. On s’est engagé du coup à en faire une édition. L’année prochaine, à pareille moment, s’il plait à Dieu, on organisera la 2ème édition de cette conférence débat autour du projet de société de l’UFDG.

Vous avez tout à l’heure parlé de la participation du gouverneur de région à cette manifestation de l’opposition. Vous connaissez le contexte guinéen. Sa présence a marqué les esprits. Quelle lecture faites-vous de cette démarche de Madifing Diané ?

Younoussa Baldé, secrétaire général du Comité Fédéral de la Jeunesse UFDG à Labé,
Younoussa Baldé, secrétaire général du Comité Fédéral de la Jeunesse UFDG à Labé

Nous avons vraiment apprécié son attitude, nous avons apprécié vraiment son geste. Le fait de venir nous accompagner dans cet évènement, on ne pouvait pas l’imaginer, puisqu’on a constaté depuis longtemps dans ce pays, il y a une autorité pour les opposants, une autorité pour les partisans de la mouvance. Une justice pour les opposants, une justice pour la mouvance. Un traitement pour les opposants, un traitement pour les gens de la mouvance. Si nous constatons aujourd’hui le gouverneur de Labé, monsieur Madifing Diané se démarquer à travers sa présence à un évènement organisé par l’UFDG et l’opposition, c’est quelque chose de salutaire. Nous invitons toutes les autres autorités et à tous les niveaux à emboiter le pas. Comprendre que si on est responsable, on est responsable de tout le monde, on n’est pas responsable d’une partie de la population. C’est vraiment salutaire.

Le préfet de Labé, Elhadj Safioulahi Bah, qui a reçu la même invitation n’a pas effectué le déplacement et n’a envoyé non plus personne pour le représenter…

Franchement parlant, on a regretté ce geste, on a regretté cette attitude de la préfecture. On aurait souhaité que toutes les autorités soient présentent ici, c’est-à-dire, la commune, la préfecture et le gouvernorat. Nous ne savons pas encore qu’est-ce qui a motivé le préfet pour ne pas être là, pour ne pas envoyer quelqu’un au nom de la préfecture. Nous le déplorons et nous le regrettons.

Aujourd’hui, le débat sur la constitution fait couler beaucoup d’encre et de salive. Quelles sont les chances de réussite du FNDC dans son combat ?

Nous estimons que les chances sont élevées. A partir du moment où au niveau du FNDC, on a des partis politiques, on a des organisations de la société civile, on a des activistes, donc on estime aujourd’hui la majorité de la population guinéenne se reconnait dans le combat du FNDC, se retrouve au sein du FNDC. On estime aujourd’hui que c’est le clan du pouvoir seulement qui est entrain de se mettre de côté pour mettre son intérêt devant au détriment de plus de 10 millions d’autres guinéens. On estime que la force restera au peuple, la force restera à la majorité qui regroupe aujourd’hui le FNDC.

Si les forces et les faiblesses sont les deux aspects d’une même réalité, quelles sont les faiblesses du FNDC dans ce combat ?

Les faiblesses du FNDC, peut-être, c’est le manque de moyens. Comme vous le savez, pour mener toute activité il faut avoir des moyens à sa disposition. Ces moyens-là manquent. Contrairement au gouvernement qui est entrain de prendre de l’argent dans les caisses, qui est entrain d’utiliser l’armée, qui est entrain d’utiliser la justice, pour utiliser trois armes : l’intimidation, la répression et la corruption. Des moyens comme ça ne sont donc pas à la portée du FNDC. D’ailleurs, le FNDC ne souhaite pas avoir des moyens comme ça. Le FNDC compte sur la prise de conscience, sur la sensibilisation, sur les conseils pour faire adhérer tout le monde derrière cette cause, pour rallier tout le monde derrière le combat du FNDC.

Avez-vous un autre message à nous confier ?

Le message qu’on a à vous confier, c’est de remercier d’abord les gens qui ont participé à notre évènement, puisqu’on a parlé de ça au cours de cette interview, vous inviter, vous aussi médias, à sensibiliser la population guinéenne à se lever comme un seul homme, d’unir leurs forces, leurs moyens, leurs matériels pour empêcher la modification de la constitution en Guinée, pour empêcher un 3ème mandat en Guinée. Nous venons de loin. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de sacrifier tous les acquis démocratiques en République de Guinée. Il y a eu beaucoup de gens qui ont perdu la vie, qui ont perdu de l’argent, qui ont perdu du matériel, qui ont perdu des fois même leur liberté. Puisque beaucoup sont dans les prisons, certains sont hors du pays. Tout çà-là, ce sont des sacrifices pour maintenir, pour préserver les acquis démocratiques, donc en aucun cas on peut se permettre de trahir la mémoire de tous ceux qui ont perdu tout çà-là pour que la Guinée soit effectivement un pays démocratique, un pays de droit. Nous invitons donc tout le monde à se battre pour donner cette victoire au peuple de Guinée.

Entretien réalisé à Labé par Idrissa Sampiring DIALLO
Tél. : (00224) 622 269 551 & 657 269 551 & 660 901 334

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