Envahissement du lit du marigot de Démoudoula : préoccupés, les riverains interpellent les autorités

Tidiane Guèye, habitant de Nongo

Malgré la démolition des maisons qui y étaient construites et l’interdiction faite par les autorités d’occuper les lieux, le lit du cours d’eau de Démoudoula est de nouveau menacé. Des citoyens sont venus réoccuper les lieux, bloquant le passage de l’eau. Cette situation préoccupe certains riverains de ce marigot, qui commencent déjà à en subir les conséquences. Ils interpellent les autorités sur ce problème, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Autrefois connue pour être un endroit qui abrite beaucoup d’oiseaux et de poissons de toute espèce, le cours d’eau de Démoudoula est aujourd’hui menacé de disparition. Et cela, à cause des effets néfastes de l’action de l’homme sur l’environnement. Sur place, on constate la présence de plusieurs digues et de jardins à perte de vue. Ce qui entraîne une rareté de l’eau sur les lieux en saison sèche et des risques d’inondations en saison des pluies. Des risques qui inquiètent Tidiane Guèye, un entrepreneur qui habite non loin des lieux.

Tidiane Guèye

« Aujourd’hui, nous assistons à l’envahissement du cours d’eau par la famille de feu Samba Diallo (qui dit être propriétaire du domaine). Au début, nous avions fait appel au président de la République qui est venu constater les faits. Il a ordonné le nettoyage complet du lit du cours d’eau. Les travaux ont commencé mais depuis son départ, plus rien n’a été fait. Les gens ont repris l’occupation anarchique de la zone. L’agression quitte les hauteurs du cours d’eau pour descendre. Les remblais se font pour en faire des propriétés.

La famille de Samba Diallo est allée me voir pour soi-disant négocier ; mais, j’ai dit que cette rivière ne m’appartient pas. On continue à louer la zone à des personnes moyennant de l’argent, alors que c’est un patrimoine national qui n’appartient pas à une famille. C’est pourquoi je lance un nouvel appel au président Alpha Condé pour qu’il vienne voir les dégâts que les gens sont en train de causer sur ce lieu encore. Le marigot continue à subir les effets de cette famille et d’autres », explique ce citoyen.

En plus du président de la République, monsieur Guèye interpelle également les autorités locales sur la nécessité de faire arrêter les travaux qui s’effectuent sur le terrain.

Mouctar Bah

Abondant dans le même sens, Mouctar Bah, habitant de la zone, dit être victime de l’occupation anarchique du lit du marigot. « Depuis 1996 je suis là. Avant, l’eau ne venait pas jusque dans ma concession, parce qu’on était loin de son passage. Mais, au fil du temps, feu Samba Diallo a pris la terre pour remblayer du côté opposé. Et comme vous le voyez, l’eau a dévié pour envahir nos concessions. Pendant 8 ans, je subissais des inondations dues à cet état de fait.

J’étais obligé de quitter ma maison à chaque saison des pluies pour ne revenir que pendant la saison sèche. C’est quand l’eau a détruit d’autres concessions que nous avons cassé les digues faites par Samba Diallo. Des camions sont venus enlever la terre mais sans tout prendre. Aujourd’hui encore, les mêmes familles continuent à exploiter la partie, et nous sommes inquiets », a-t-il dit.

Thierno Mamadou Saliou Barry, chef adjoint du secteur Démoudoula

Parmi les personnes citées comme étant les responsables de l’occupation anarchique de cette zone, figure Thierno Mamadou Saliou Barry, le chef de secteur adjoint. Il dit avoir hérité une partie du domaine de son père. « La partie exploitée m’appartiens. La femme qui est là, est partie chez moi en 2003 pour dire qu’elle veut une partie où cultiver des feuilles de patates pour nourrir ses enfants. Je lui ai donné pour éviter que la zone ne reste vide sans être mis en valeur.

Ce bas-fond appartenait à mon père, feu Boubacar Sidy Barry, qui a été le premier occupant de cette zone de Démoudoula. Certes, la rivière ne nous appartient pas ; mais, le bas-fond nous appartient. Je ne pense pas que le travail que nous faisons ici menace le cours d’eau, parce que nous ne travaillons ici qu’entre décembre et mai. Le reste, c’est la période des grandes pluies. Donc, ça n’a pas un impact négatif sur la circulation de l’eau », s’est-il défendu, tout en niant le remblayage du lit du cours d’eau pour y construire des habitations.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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