Et si les policiers de l’aéroport étaient corrompus ? Ont-ils réclamé les 5 400 dollars ?

Passeport guinéenDepuis le jeudi passé (22 janvier 2015), une affaire dite de faux visas angolais fait débat en Guinée. 27 compatriotes qui devaient prendre la RAM pour Luanda ont été empêchés de voyager, avant d’être interpellés, puis écroués à la Maison centrale de Conakry. Il leur a été reproché d’avoir des « faux visas » puisque acquis en dehors du territoire guinéen…

Pendant que ces personnes étaient encore à l’aéroport international de Conakry Gbéssia, Guineematin.com y avait envoyé un reporter qui avait été reçu notamment par le premier responsable des lieux, le commissaire Abdourahmane Doumbouyah.

Après la publication de l’entretien que ce dernier a accordé au reporter de Guineematin.com, certains de nos lecteurs nous ont fait des remarques pertinentes. « Posez vous un peu de questions sur ce dossier au lieu de vous contentez de donner la parole à un responsable de la police qui accuse… », suggère-t-il, avant d’enchaîner : « Par exemple est-ce que vous êtes certains que les policiers ont totalement raison ? Et, si les voyageurs, eux, avaient raison et que les policiers soient des corrompus qui ont été déçus de n’avoir pas réussi à arnaquer les passagers ? « , disait un des lecteurs de Guineematin.com

Il est important de noter que, selon certaines informations, ces personnes peuvent bien avoir obtenu leurs visas d’une ambassade angolaise habilitée à les délivrer par les autorités de ce pays qui leur en a donné le pouvoir. Le seul problème étant que ces visas ne soient pas délivrés par l’ambassade d’Angola à Conakry. Mais, le fait que les frais de visas ne soient pas encaissés par la trésorerie du consulat de l’ambassade d’Angola à Conakry rend-il l’autorisation d’entrer à Luanda illégale ? Un tel « dysfonctionnement » dans la délivrance des visas par les représentations diplomatiques angolaises est-il prévu et puni par une loi guinéenne ? Et si par hasard ces voyageurs n’avaient pas tort ?

Il importe de rappeler que c’est seulement en 2013 que les Guinéens ont commencé à solliciter des visas de ce pays à Conakry. Avant cette date (2013), tous les voyageurs guinéens partaient justement dans les autres pays pour requérir ce précieux sésame ! Ils sont nombreux, nos compatriotes (y compris le rédacteur de ces lignes) à avoir voyagé en Angola avec le passeport guinéen et un visa accordé par la représentation diplomatique angolaise de Libreville, Praia, Bissau, Johannesburg, Abidjan, etc.

Par ailleurs, la question qui ne devrait plus rester sous silence est celle de savoir où sont passées les six autres personnes qui voyageaient avec les 21 qui ont emprisonnées ? Il est important de rappeler qu’on a toujours parlé de 27 voyageurs (et non 21 seulement), y compris le commissaire spécial de l’aéroport de Conakry, Abdourahmane Doumbouyah, dans son entretien avec Guineematin.com

Et si on tient compte des affirmations de ces personnes détenues depuis le vendredi 23 janvier à la Maison centrale de Conakry, accusant les policiers de l’aéroport d’être fâchés et ne les avoir arrêtés que pour n’avoir pas réussi à leur extorquer deux cent dollars par personnes (5 400 dollars pour les 27, soit un minimum de 37 800 000 GNF), on peut se demander si les six autres personnes ne s’étaient pas finalement soumises au payement de la somme exigée par la police à l’aéroport pour éviter de vivre ce que ces 21 subissent aujourd’hui…

Bref, l’emprisonnement de ces personnes qui s’imaginaient plutôt être dans les airs afin de rallier Luanda relance la question de la protection des Guinéens par rapport aux intérêts d’autres pays, soient-ils considérés comme amis ! En effet, comment peut-on convaincre nos compatriotes qu’on est en train d’aider les Guinéens en les mettant en prison pour avoir demandé le visa d’un pays dans un consulat de ce pays (à l’étranger) plutôt qu’un autre (à Conakry) ? Au même moment, ce pays pour les intérêts duquel on emprisonne nos propres enfants interpelle et emprisonne ceux qui y séjournent, sans qu’on puisse intercéder en leur faveur ! On se rappelle que le seul ministre qui avait osé élever la voix avait été intimé de se taire ! Et, depuis, c’est motus et bouche cousue…

N’est-ce pas la République d’Angola qui devait (et pourrait bien) si elle le souhaite, interdire à ses ambassades de poser le visa sur un passeport qui ne relèverait pas de sa zone de compétence, si ce pays trouvait cela nécessaire ?

Enfin, que le visa soit acquis à Conakry, Bissau, Praia, Abidjan, Johannesburg, Libreville, Pékin, Washington, Paris, Berlin, Lisbonne, Sâo Paulo ou ailleurs, le voyageur, lui, cherchait juste à quitter son mal vivre en Guinée pour l’espoir d’un meilleur être ! Qu’on ne puisse pas offrir aux Guinéens les moyens (ou même l’espoir) de bien vivre chez eux et qu’on les emprisonne quand ils veulent aller sous d’autres cieux est difficile à comprendre…

 Nouhou Baldé

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