Exactions des forces de l’ordre : terrorisée par des gendarmes, une femme enceinte meurt à Conakry

Les émeutes enregistrées dans la journée du samedi, 29 février 2020, ont été lourdes de conséquences. L’intervention musclée des forces de l’ordre dans le quartier a provoqué la mort d’une femme enceinte à Dar es-salam. Kadiatou Bah a eu un choc qui causé la perte de son bébé et qui a conduit à sa mort, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Durant une bonne partie de la journée du samedi, la situation était assez tendue sur le tronçon Bambéto-Hamdallaye. Des jeunes, opposés à un troisième mandat pour le président Alpha Condé, sont descendus dans la rue pour se faire entendre. Ils ont érigé des barricades et brûlés des pneus et d’autres objets sur la route le Prince. Comme d’habitude, des accrochages ont opposés les manifestants aux forces de l’ordre. C’est dans ce contexte que des gendarmes ont fait une incursion dans les quartiers notamment à Dar es-salam, jetant du gaz lacrymogène dans les concessions.

Terrorisée par cette situation, Kadiatou Bah, enceinte de 6 mois, a eu un choc après le passage des agents chez elle. Ce qui a conduit à sa mort, explique son mari, Mamadou Djouma Bah. « Hier, vers midi, ma femme m’a appelé pour me dire de ne pas rentrer maintenant à la maison, car les gendarmes étaient dans le quartier. Un peu plus tard, aux environs de 15 heures, des gendarmes sont venus en nombre pour lancer du gaz lacrymogène et proférer des injures dans notre concession. C’est là qu’elle a subi un choc et a commencé à saigner. Les voisins l’ont secourue et l’ont emmenée dans une clinique d’à côté, chez le médecin qui la suit. Celui-ci a réussi à stopper le sang et elle a regagné la maison.

Moi, c’est seulement vers 18 heures (quand le calme est revenu) que j’ai pu rentrer à la maison. Nous sommes restés jusqu’à 21 heures, ma femme m’a appelé pour me dire que le saignement a repris encore. Je l’ai emmenée encore chez son médecin. Celui-ci a dit de l’envoyer à Ignace Deen, car son état s’était compliqué. Puisqu’il n’y avait pas de taxis, le médecin lui-même nous a pris dans sa voiture pour Ignace Deen. Là-bas, elle a été admise aux urgences. On nous a dit qu’elle a besoin d’au-moins deux poches de sang. On a eu une poche la nuit. Mais quelques temps après, les médecins nous ont dit qu’elle a perdu son fœtus mais que ma femme va s’en sortir. Malheureusement, après l’opération, elle ne s’est plus réveillée », a-t-il expliqué.

Mamadou Djouma Bah se dit « très attristé » par la perte de son épouse dans de telles circonstances. Et il s’en remet à la justice divine. « J’aurais bien voulu porter plainte contre les agents qui sont venus commettre ces exactions ici, mais je ne vais pas le faire, parce que malheureusement je n’espère pas avoir justice sur cette terre. La justice guinéenne ne m’inspire pas confiance, car avant ma femme, beaucoup d’autres guinéens sont morts dans des conditions presque similaires. Et leurs familles n’ont jamais obtenu justice. Mais, je ne pardonne pas à ces agents, j’espère que justice me sera rendue à l’au-delà », a dit ce père de famille.

A noter que la défunte Kadiatou Bah, était mère de 6 enfants dont 4 quatre garçons. Elle a regagné sa dernière demeure dans l’après-midi de ce dimanche, 1er mars 2020.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com
Tél. : (00224) 621 09 08 18

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