Faranah : découverte à Bendou d’une « mine d’or », le détarium

Si ailleurs le coton est considéré comme l’or blanc et le pétrole l’or noir, à Faranah, particulièrement à Bendou, le détarium microcarpum ou senegalense doit être considéré comme de l’or « vert », à cause de l’intérêt qu’il suscite auprès des populations, notamment les femmes qui passent toute la saison sèche, à collecter et commercialiser la graine de cet arbre tropical.

C’est justement l’une des préoccupations que les sages de Faranah avaient exposées au Chef de l’Etat le 5 mars dernier qui, à son tour a dépêché une mission conduite par l’Honorable Abdourahmane Sinkoun Camara dans le Sankaran pour venir s’enquérir de toutes les réalités qui entourent l’activité du détarium dont le fruit est communément appelé boron en pays malinké et booto en pays peul.

Ce mercredi, 5 avril 2017, à la tête d’une forte délégation, le Président de la commission industrie, commerce, mines, hôtellerie, tourisme et artisanat, également président du comité d’appui aux élections communales en région forestière, est allé à la rencontre des populations de la commune rurale de Bendou, localité située à 35 km, à l’Est de la ville de Faranah.

Reçu en grande pompe, le député a été édifié de la nature de la plante et de son fruit avant de rencontrer les femmes impliquée dans la filière.

Sur place, Kamory Oularé, un des responsables locaux a expliqué « l’importance de cette plante sauvage dont les fruits font rivaliser les femmes et les animaux, une fois ils sont matures ». Depuis 7 ans, poursuit-il, ce sont des Nigériens, Nigérians et Ghanéens qui viennent payer avec ces femmes des centaines de tonnes de cotylédon de ce fruit. En plus d’ignorer de l’usage que les acheteurs en font du produit, M. Oularé plaint les femmes à cause « des risques qu’elles encourent dans cette activité allant d’attaques des animaux sauvages aux blessures et morsures de serpent en brousse ».

Mais, le plus révoltant est le prix dérisoire avec le quel ce produit est commercé. Seulement 1500 à 2000 Fg (cette année) au kilogramme contre 9000 fg (en 2004) dans les autres pays en zone Cfa comme le Sénégal et le Mali.

Une souffrance confirmée par dame Fanta Oularé. « En 6 mois, une femme produit entre 2 à 10 sacs de cotylédons et le prix d’un sac de 100 kg étant de 140 000 fg la moyenne. Conséquences, elles sont exposées à tous les dangers pour un revenu très faible », explique t-elle.

Pour bien mener leurs activités, les femmes de Bendou sont organisées en 20 groupements d’intérêts économiques. Mais jusque là, elles ne voient le bout du tunnel.

Pourtant, non loin de la maison des jeunes de Bendou, se trouve une marre poissonneuse mais qui sèche à peine la fin de la bonne saison. M. Oularé plaide pour que cette marre soit aménagée en vue de faire la pisciculture et aider les populations de la localité.

De son côté, le messager du Chef de l’Etat, après avoir déploré la souffrance endurée par les femmes dans la pratique de cette filière, a dit toute la compassion du Président de la république qui a décidé de le dépêcher auprès d’elles en vue de s’imprégner de leur situation et de lui rendre compte.

L’Honorable Sinkoun Camara, a dénoncé le prix d’achat dérisoire ainsi que le mécanisme mis en place pour soutenir cette activité. « Pour une bassine de 25 kg de graines, elles ne reçoivent que 45 000 à 50 000 fg alors que les acheteurs ne paient aucune taxe à l’Etat ». du moins officiellement. Il promet de prendre toutes les informations et de rendre compte à qui de droit, pour que des mesures « correctives » soient apportées, a t-il promis aux femmes, massivement mobilisées pour l’occasion. Même promesse pour l’aménagement de la marre. « Nous prenons acte et rendrons compte à qui de droit », a dit le député.

A rappeler que les fruits du détarium macrocarpum ou senegalense, selon qu’il soit sucré ou amer, sont ramassés dans plusieurs communes de Faranah. Mais celle qui en fait son activité principale est Bendou à travers ces sept districts, à savoir : Bendou centre, Niako, Sérékoro, Diana, Koumandikoro, Koumandikoura et Dalafilani.
Selon les informations, cet arbre appelé aussi petit détar ou arbre doux ou encore arbre à suif se trouve dans les régions arides d’Afrique de l’Ouest et du Centre notamment en Guinée, en Gambie, au Sénégal, au Mali et au Cameroun.

Il est prêté à cet arbre ligneux d’importantes propriétés thérapeutiques et médicinales. Il est utilisé dans le traitement de la diarrhée et de la dysenterie, et traite également les asthénies.

Selon les spécialistes le détarium soigne les hémorroïdes et les rhumatismes ainsi que les démangeaisons cutanées. Mais, sérieusement, il est rapporté qu’il pourrait détenir des vertus bénéfiques inhibitrices dans le virus du sida et serait efficace contre la tuberculose et la méningite.

A présent, il appartient aux autorités guinéennes d’œuvrer à la réglementation de la filière et pourquoi, monter des projets en faveur des populations impliquées.

Depuis le Sankaran, Abdallah Baldé envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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